Pour mieux protéger les salariés contre les brûlures, coupures et autres risques thermiques et mécaniques, les employeurs optent pour des solutions de gant polyvalentes et confortables.
Écrasement ou amputation des doigts, coupure béante de la paume des mains, brûlure au 3ème degré… autant d’exemples de blessures qui conduisent chaque année plus d’une centaine de milliers de salariés à franchir le seuil des urgences de la main. En cause, l’insuffisance ou l’absence de gant pour se protéger des risques qu’ils soient thermiques, chimiques, mécaniques ou électriques. La responsabilité des employeurs n’est pas forcément engagée. Selon David Guiho, dirigeant de Delta Plus, une entreprise qui conçoit et fabrique des EPI, la tendance dans les entreprises est justement de généraliser le niveau de protection le plus élevé en augmentant par exemple le niveau de protection à la coupure.
Le multirisques pour une meilleure protection
« En outre, plutôt que de se focaliser sur un seul risque, beaucoup d’employeurs optent pour des gants multirisques de sorte que leurs salariés soient protégés contre les risques secondaires ou tertiaires », rapporte David Guiho, directeur marketing de Delta Plus qui a lancé en 2022 Eos Flex, un gant multi-risques protégeant le porteur contre des niveaux de coupure élevés, contre les chocs, très résistant à l’abrasion tout en étant utilisable dans des environnements humides. Du côté des utilisateurs, la demande porte sur l’amélioration du confort. Pour répondre à ce besoin, le fabricant travaille sur plusieurs points comme l’amélioration de la gestion thermique à l’intérieur du gant, sa respirabilité et sa dextérité. L’enjeu étant de s’assurer du port systématique de l’EPI par les utilisateurs.
Quête de confort et de polyvalence
Concilier protection et confort des utilisateurs constitue un des grands enjeux du secteur. « La tendance de fond, c’est que le porteur oublie qu’il porte un gant et que cet EPI fasse office de seconde peau », rapporte Olivier Poisson, chef de produit gants chez Uvex, un fabricant d’équipement de protection individuelle (gants, vêtements, lunettes, etc.). Pour être confortable, le gant doit aussi répondre aux besoins de respirabilité, dextérité, et souplesse de sorte à faciliter la prise en main des outils ou de tout autre objet. Par ailleurs, les utilisateurs recherchent des gants polyvalents qui leur évite d’avoir à changer d’EPI à chaque fois qu’ils effectuent des travaux successifs. Uvex compte d’ailleurs aller plus loin dans sa réponse aux besoins de productivité de ses utilisateurs avec des EPI connectés sur lesquels il travaille actuellement. Par ailleurs, le fabricant tient compte des préoccupations de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) de ses clients avec des produits fabriqués à 80 % dans ses usines basées en Allemagne et certifiées neutres en carbone depuis 2017 . « De plus, nous recourons à des matières premières bio-sourcées, recyclables ou d’origine non-pétrolière », fait valoir Olivier Poisson en citant la gamme de gants en cours de commercialisation, Bamboo TwinFlex D XG. Constitués de fibres végétales, ces gants sont plus légers et leur durée de vie est trois fois supérieure à celle d’autres gants produits par le fabricant.
La protection mécanique rime avec écran tactile
Répondre aux préoccupations environnementales des entreprises utilisatrices et des distributeurs constitue un enjeu bien compris par les fabricants de gants. En témoigne Ansell qui recoure aux énergies renouvelables en limitant sa consommation d’eau. « En 2023, nous prévoyons de supprimer les déchets partant en décharge », fait valoir Denis Leblond, directeur marketing des solutions industrielles et à usage unique. Parmi les nouveautés, citons notamment les premiers gants jetables MicroFlex biodégradables et compostables produits en Europe. Par ailleurs, Ansell complète sa gamme de gants de protection mécanique par les gants HyFlex 11-842, tricotés en nylon recyclé à 90 %. Ce qui réduit leur empreinte carbone de 75 g de CO2 par paire. Ces gants ont une résistance à l’abrasion supérieur de 20 % par rapport aux gammes concurrentes, estime le fabricant. « D’autre part, ces gants sont compatibles avec les écrans tactiles », souligne le directeur marketing d’Ansell qui développe par ailleurs un capteur, baptisé « Inteliforz » afin d’aider les entreprises à prévenir les risques liés aux troubles musculo-squelettiques (TMS). En pratique, ce dispositif se place sur le gant et enregistre les mouvements de l’utilisateur. Les données sont ensuite analysées et expertisées pour former les personnes à risque.
Gant bactéricide recyclable à 90 %
L’intérêt grandissant des clients pour l’impact environnemental de leurs EPI est aussi souligné par Marine Elek, responsable communication du français Rostaing. « Cette préoccupation s’explique notamment par l’entrée en vigueur de la loi anti-gaspillage et économie circulaire (AGEC) en 2021 et 2022 qui vise, entre autres, à inciter les entreprises à mieux produire et mieux informer les consommateurs », explique cette dernière. Dans cette perspective, l’entreprise labellisée ISO 14001 privilégie une démarche d’éco-conception de ses produits depuis deux ans. Rostaing trace et mesure l’impact écologique de ses produits, des matières premières à la fin de vie. A l’exemple du gant Jean, fabriqué en France à partir de chutes de cuir et de jeans, destiné à la réalisation de travaux. Citons aussi Ainfini, un gant tricoté dans l’Ain aux propriétés virucides et bactériostatiques. Autre avantage, sa capacité à réguler la température du corps car il est chaud quand il fait froid et inversement. Autre point notable: l’extrémité des doigts est compatible avec les écrans. Une fois en fin de vie, cet EPI dont le traitement anti-virus résiste à 100 lavages pourra être recyclé à hauteur de 90% du produit.
Yenge Odjinkem et Eliane Kan
FOCUS
Nouveau fil tout-en-un pour Dupont Personal Protection
Au terme de trois années de recherche, l’entreprise Dupont Personal Protection lance les nouveaux Engineered Yarns (en français fils ingénieux), des fils multirisques à base de fibres synthétiques, du Kevlar en l’occurrence. Ces développements ont été menés dans son centre de recherche basé en Suisse. Ces nouveaux fils multi-composants offre un haut niveau de protection contre différents risques comme la chaleur et les coupures, tout en gardant du confort à l’intérieur du gant. Et ce, grâce à un mode de construction breveté. Quant aux fabricants d’EPI, ils devraient être intéressés puisque la production est simplifiée. En effet, un seul fil suffit à répondre à différentes caractéristiques. « Notre gamme Engineered Yarn comprend une dizaine de fils afin de couvrir différents niveaux de coupures et différentes jauges allant de 7 à 18 pour les plus fins, ce qui donne au gant une grande légèreté et un effet seconde peau », indique Olivier Noth, en charge des développements des applications à base de Kevlar destinées à la protection des mains.
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