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Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

Forces de l’ordre : des formations à l’utilisation des pistolets à impulsion électrique

Avec des contenus à la fois théoriques et pratiques, les instructeurs d’Axon dévoilent les coulisses de leurs formations à l’usage des pistolets à impulsion électrique. Tout en privilégiant la désescalade et la dissuasion.

Pour Axon, fournisseur international de solutions de sécurité, les choses sont claires : les agents instructeurs des forces de l’ordre doivent être formés non seulement à la manipulation des Pistolets à impulsion électrique (PIE) Taser – dont le Taser 7- mais aussi aux techniques de dissuasion et de gestion de la désescalade des situations délicates. Aujourd’hui, le fabricant dévoile les coulisses d’une formation de trois jours avec Jean-Luc Jaeger, son instructeur en chef. En ligne de mire : des instructeurs de la gendarmerie et de la police nationales, des instructeurs de l’École nationale d’administration pénitentiaire (Enap), des chefs de service police municipale, des moniteurs en maniement des armes des polices municipales (MMA)…

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Les formations s’adressent aux instructeurs de la police et de la gendarmerie nationale ainsi que des polices municipales. © Axon

Une formation à la fois théorique et pratique

Les instructeurs du fabricant abordent en premier lieu l’apprentissage technique, en proposant notamment des tests écrits à la fin de la formation sur les capacités du PIE Taser mais aussi sur les précautions d’usage de l’outil. Puis, place à la pratique : « Nous formons essentiellement les instructeurs à la dissuasion », explique Jean-Luc Jaeger. Les agents-instructeurs participent à des mises en scène. Ils débriefent et analysent ensemble comment la situation peut être améliorée. Ensuite, ils la reproduisent avec les bons gestes. » Bien sûr, les agents instructeurs apprennent en détail le fonctionnement des PIE Taser – modèles X26P, X2 et Taser 7 – et doivent réaliser au moins deux tirs réels et deux tirs d’entraînements avec chaque PIE. En effet, pour être bien utilisé, chaque modèle requiert différents enchainements et manipulations, bien différents de ceux réalisés avec une arme de poing. Par exemple, les PIE Taser peuvent être tenus de la main droite comme de la main gauche. Ils n’ont pas de recul et possèdent une visée en point laser qui indique où le tir sera effectué.

Connaître l’effet de la REM

De même, les instructeurs formés peuvent, uniquement s’ils le veulent, se porter volontaire pour une exposition au tir de PIE. En général, 40 % à 50 % des formés souhaitent connaître l’effet de la rupture électro-musculaire (REM). « Nous proposons de tester l’effet du dispositif pour que les agents comprennent l’effet encouru avant de tirer sur quelqu’un afin de faire tout leur possible de sorte que l’interpellé obtempère par la dissuasion, précise Jean-Luc Jaeger. Le but de cette formation n’est pas de s’immiscer dans la doctrine de travail de nos stagiaires mais bien de leur donner toutes les informations dont ils ont besoin concernant les PIE Taser. C’est aux formés de s’approprier l’information. » Parce que 9 tirs sur 10 effectués par les agents des forces de l’ordre peuvent être évités grâce à la dissuasion, les instructeurs sont formés pour gérer les situations délicates.

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Certaines mesures sont enseignées pour apaiser la situation mais aussi pour éviter toute forme de violence. © Axon

Privilégier la dissuasion et la prévention

En effet, chaque altercation est stressante pour les deux parties. « La personne en face rentre souvent dans un effet de stress, l’effet tunnel. Elle ne voit peut-être pas ce que l’agent a dans la main. C’est pour cela qu’il est important de lui proposer des réflexes et tactiques de dissuasion simple », poursuit Jean-Luc Jaeger. Certaines mesures sont enseignées pour apaiser la situation mais aussi pour éviter toute forme de violence. Par exemple, le PIE Taser utilisé en mode contact, c’est-à-dire comme un shocker où l’arc électrique touche directement la personne est fortement déconseillé. A ce titre, il n’est plus du tout enseigné au cours des formations d’Axon. « Cette pratique est une soumission à la douleur comparée à la REM et peut être très facilement mal utilisée », enchaîne Jean-Luc Jaeger. Aujourd’hui, l’arc électrique n’est d’ailleurs utilisé que pour le test de bon fonctionnement, l’effet de dissuasion lors de l’activation de l’arc électrique ou la fermeture du circuit électrique, si par exemple, une seule sonde au lieu de deux s’est accrochée à la personne interpelée.

Former aussi les pompiers

Reste que l’objectif de la formation est bien d’arrêter l’interpelé sans recours à la violence, le cas contraire pouvant occasionner des chocs post-traumatiques au policier ainsi qu’à l’interpellé. En France, 70 à 80 instructeurs ont bénéficié des formations d’Axon en 2022. Si la formation est destinée avant tout aux futurs habilités des PIE Taser, elle pourrait s’ouvrir également aux premiers secours comme les sapeurs-pompiers « A titre d’exemple, un SAMU régional belge a assisté à une telle formation pour apprendre comment extraire les sondes des PIE Taser avant une éventuelle prise en charge médicale », indique Jean-Luc Jaeger.

Erick Haehnsen

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