Selon le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), le gouvernement a supprimé des lits en réanimation durant la crise de la Covid-19. Conséquence : 10 % des infirmiers seraient en dépression. Pis, la profession subit une désertion avec 7 500 postes infirmiers vacants en juin et 34 000 en septembre.
En première ligne face à la crise de la Covid-19, les infirmiers assistent pourtant à la lente dégradation de leurs conditions de travail. TMS, risque de contamination, travail de nuit… Outre ces nombreux facteurs de pénibilité, les infirmiers subissent des situations à haut risque psychologique. Citons notamment le stress post-traumatique dû à la mort des patients. Et surtout l’inévitable tri des patients en réanimation depuis la première vague du virus. Et c’est sans compter la baisse du nombre de lits, les postes vacants et les salaires au rabais. Une situation intenable pour le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). Dans une tribune récente, le syndicat majoritaire de la profession tire la sonnette d’alarme.
10 % des infirmiers en dépression
Face à la crise sanitaire, il y a tout d’abord les risques psychosociaux (RPS) qui explosent. « 10 % des infirmiers sont en dépression, burn out, certains en stress post traumatique suite aux milliers de morts évitables, lié au tri des patients faute de lits de réanimation lors de la première vague COVID19 », rappelle le SNPI.
34 000 postes vacants
De fait, la profession subit une désertion massive. « La France est le seul pays du monde qui continue à fermer des lits en période épidémique. Ce qui a entraîné une vague de départs d’infirmiers hospitaliers », dénonce le syndicat. En témoignent les chiffres de désertion en constante augmentation : en juin dernier, le SNPI comptabilisait 7 500 postes infirmiers vacants. Ce nombre explose à 34 000 en septembre.
Pas de maladie professionnelle en cas de contamination
Autre sujet préoccupant, « le gouvernement refuse la reconnaissance en maladie professionnelle à 99 % des soignants victimes de la Covid-19, faute de matériel de protection », dévoile le syndicat qui précise que seuls les soignants décédés ou sous assistance respiratoire bénéficient d’une prise en charge. En raison à cela, le décret de compétences des infirmiers n’aurait pas fait l’objet d’une réactualisation depuis 2004.
Des salaires au rabais
Pour enfoncer le clou, le syndicat montre que les infirmiers français sont rémunérés 10 % de moins que le salaire moyen des autres pays de l’UE. Malgré les accords du Ségur de la santé, « la France passera de la 26ème place (sur 29 pays de l’OCDE) à la 18ème sur les rémunérations des infirmières ». Plus précisément, le syndicat estime que la revalorisation de 183 euros promise par le gouvernement reste insuffisante. « Les 300 euros demandés pour tous les infirmiers salariés (publics ou privés) correspondent au différentiel calculé par l’OCDE entre le salaire infirmier en France et le salaire moyen infirmier des autres pays. Nous demandons donc un rattrapage salarial qui n’est même pas la fourchette haute », indique à BFMTV Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI.
1,4 milliard d’euros ôté aux hôpitaux
Enfin, le syndicat souhaite également dénoncer les coupes budgétaires du gouvernement qui impactent la profession. « Le projet de loi de financement de la sécurité sociale, le PLFSS 2021, qui vient d’être voté prévoit 4 milliards de mesures d’économies, dont 1,4 milliard spécifiques à l’hôpital », précise le syndicat qui cite une coupe de 830 millions pour « améliorer la performance interne ». Et de 215 millions pour « structurer des parcours de soins efficients ».
Ségolène Kahn
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