La 27e édition d'Expoprotection a été marquée du sceau des technologies numériques sur les équipements de protection individuelle (EPI). L'intérêt de l'Internet des objets (IoT) et de la robotique collaborative constitue d'ailleurs l'un des thèmes phares abordés lors des conférences du salon.
La numérisation des processus pour améliorer la productivité et la compétitivité des entreprises se traduit souvent par l’intensification du travail, le contrôle accru de l’activité des salariés, la rupture entre vie privée et professionnelle, etc. Autant de vecteurs pour l’apparition de troubles musculosquelettiques (TMS) ou de risques psycho-sociaux (RPS). Un phénomène d’ailleurs bien cerné par les organismes de prévention et de formation, ainsi que par les autres acteurs du secteur. Fabricants, éditeurs et autres fournisseurs de solutions sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à intégrer des capteurs, des algorithmes d’intelligence artificielle (IA), des technologies sans fil ou de réalité virtuelle ou augmentée, pour faire évoluer leur offre. A l’instar d’Univet, qui innove avec des lunettes de sécurité sur lesquelles l’employé peut lire directement des informations pertinentes, grâce à une technologie holographique de Sony. Ce produit a d’ailleurs fait l’objet d’une mention spéciale lors des Trophées de l’Innovation.
Une vague d’EPI connectés
Touchée par la révolution digitale, la 27e édition du salon Expoprotection s’est tenue du mardi 6 au jeudi 8 novembre 2018 à Paris. Plus de 20 000 visiteurs y ont arpenté les allées pour découvrir les nouveautés de quelque 785 exposants, dont 460 rien que pour l’univers de la prévention des risques professionnels et industriels. Parmi lesquels des dizaines de startups spécialisées dans la prévention et la gestion des risques. Citons, par exemple, Wercup qui aide les industriels et entreprises du BTP à prévenir les TMS et détecter les chutes à l’aide de ses semelles orthopédiques connectées. Baptisées Rcup, ces dernières embarquent des algorithmes d’intelligence afin de mieux prendre en compte les poids portés, la posture et les situations à risque.
Village IoT et protection connectée
Lunettes de sécurité, parkas, rubans et chaussures connectés ont déferlé sur le salon. A l’instar de Parade, qui s’est illustré avec ses chaussures connectées et équipées d’un DATI (dispositif d’alarme pour travailleur isolé) autonome. Idem pour la startup Zhor Tech, qui analyse les activités et la posture des travailleurs afin de détecter et limiter la pénibilité du poste de travail. Cette TPE, élue meilleure startup européenne en 2017, était présente au sein du village « IoT et protection connectée » avec sept autres fournisseurs de technologies dédiées à la surveillance des salariés isolés (Beepiz, Cad.42, Cipam, Fall Alarm, Ela Innovation, Magneta et Olythe). Toujours dans ce même village, se trouvait l’expert en technologies ConnectWave (anciennement Centre National de Référence RFID), qui soutient le développement des solutions IoT. Partenaire de l’événement, ce dernier a également animé des Keynotes sur le thème de l’apport de l’IoT dans une démarche de protection des salariés et de fiabilisation des processus industriels.
Remise des trophées TMS Pros
En plus des animations et ateliers proposés par les exposants, les visiteurs ont pu assister à une trentaine de conférences animées par les principaux organismes français de prévention. A commencer par l’INRS qui s’est appliqué notamment à répondre aux interrogations des entreprises sur les enjeux des exosquelettes et de la robotique collaborative pour la santé et la sécurité des salariés. Des sujets d’actualité pour toutes les entreprises industrielles et logistiques qui accomplissent leur transition numérique. De son côté, l’Assurance Maladie-Risques Professionnels a procédé le 7 novembre à la remise des prix de la deuxième édition des Trophées TMS Pros, dans le cadre du salon Expoprotection. Cette compétition est réservée aux 7 000 entreprises ayant adhéré au programme éponyme. Lancé il y a cinq ans, celui-ci vise à prévenir et agir contre les TMS, une pathologie qui a coûté près d’un milliard d’euros aux entreprises en 2016.
Deux ans après la première édition, les Trophées TMS Pros 2018 ont récompensé : Knauf Industries (basé à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, Isère) dans la catégorie des moins de 50 salariés, Pigeon TP (Cherré, Sarthe) dans la catégorie 50 à 199 salariés, et enfin Brioche Pasquier (Charancieu, Isère) pour les plus de 200 salariés.
Des ateliers contre le mal de dos et les chutes de hauteur
La remise de ces trophées a été l’occasion pour l’Assurance Maladie-Risques Professionnels d’annoncer le lancement en 2019 d’une nouvelle phase dans le programme TMS Pros. Objectif : prendre également en compte les lombalgies. Quatre actifs sur cinq déclarent avoir déjà eu mal au dos pendant ou après le travail. Cette pathologie a d’ailleurs fait l’objet d’une des cinq conférences tenues par l’Assurance Maladie sur le salon. Hervé Laubertie, responsable du département prévention des risques professionnels à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (Cnam) en a profité pour rappeler que le port et le transport de charges constitue le principal facteur de risques déclenchant la lombalgie (40%) devant la manutention manuelle d’objets (23%), les postures contraignantes et mouvements divers (11%) ainsi que les chutes de plain-pied ou de hauteur (11%).
Des EPI selon la nature du travail
La prévention de ce type de chutes constitue l’une des principales préoccupations de l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP) qui, à l’occasion d’une des deux conférences qu’il a animées sur le salon, a rappelé la nécessité de s’organiser, évaluer les risques et s’équiper en choisissant les équipements selon la nature du travail et la hauteur de l’intervention. L’OPPBTP a également insisté sur l’importance de la formation, afin de transmettre l’information à ceux qui interviennent sur les chantiers, et de vérifier que les opérateurs soient formés à l’utilisation des EPI. Enfin, l’organisme a montré aux visiteurs comment le pilotage de la prévention peut contribuer à la performance des entreprises. Une conférence qui a d’ailleurs fait salle comble !
Eliane Kan
Commentez