Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) * de l’Institut de veille sanitaire et de la Direction générale de la santé vient de publier une étude originale et intéressante sur la mortalité au sein des forces armées françaises. Les décès survenant chez des militaires en activité sont déclarés par les médecins militaires à la surveillance épidémiologique dans les armées. Les décès sont également colligés par le Service des pensions, organisme administratif extérieur au service de santé des armées, dans le cadre de demandes de pensions des ayants droit d’un militaire décédé. L’objectif de cette étude était de décrire les principales causes de mortalité retrouvées en population militaire active et de les comparer à la population générale. Au total, entre 2002 et 2007, ces deux sources ont permis d’identifier 2 115 décès. Le taux brut de mortalité était de 103 pour 100 000 personnes-années (PA). Les taux de mortalité étaient significativement différents selon l’âge et l’arme (p<0,001). Pour les 17-24 ans et 25-44 ans, les accidents de la circulation (61 p. 100 000 et 21 p. 100 000) et les suicides (20 p. 100 000 et 24 p. 100 000) constituaient les causes de décès les plus fréquentes. Pour les 45-59 ans, les tumeurs (104 p. 100 000) et les maladies cardiovasculaires (41 p. 100 000) constituaient la cause de plus de la moitié des décès. La mortalité dans les armées était 30 % plus faible qu’en population générale, résultat consécutif à plusieurs mécanismes de sélection (donc « effet travailleur sain »). Cette étude qui fait également apparaître une surmortalité (en particulier par accident de la circulation chez les moins de 25 ans, notamment dans l’armée de terre) insiste sur le renforcement des actions de prévention des accidents de la circulation et des suicides dans les armées afin de diminuer la mortalité évitable, notamment chez les jeunes.
* « Mortalité dans la population militaire française en activité, 2002-2007 » BEH 44-45 / 24 novembre 2009. Ce travail a été mené en collaboration par des chercheurs de l’Ecole du Val-de-Grâce, du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès et de l’Institut de médecine tropicale du Service de santé des armées.
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