Sous la pression des chargeurs et des assureurs, sécuriser son entrepôt à l'aide de caméras vidéo, de détection anti-intrusion et de contrôle d'accès va devenir incontournable pour les opérateurs de transport et de logistique.
Selon l’agence Europol, le montant annuel des préjudices liés au vol de fret s’élève à 8,2 milliards d’euros. Les experts en sécurité estiment que le vol de fret dans les camions ou dans les entrepôts va encore progresser. La sécurisation des établissements financiers et des transporteurs de fonds poussent le banditisme à s’attaquer aux véhicules routiers mais aussi aux plateformes logistiques. « En dehors des heures de travail, la plupart des entrepôts ne sont pas gardés la nuit et les week-ends par des agents de sécurité pour des raisons budgétaires », soulève Christophe Chambelin, directeur des marchés chez Siemens Infrastructures & Cities division Building Technologies .
Pression des chargeurs
Assurer la protection des plateformes logistiques est d’autant plus indispensable que les transporteurs ont des obligations vis-à-vis de leurs clients, comme le fait remarquer Olivier Landel, responsable du développement commercial d’Axis Communications pour le marché du transport sur l’Europe du Sud. « Les chargeurs sont de plus en plus nombreux à demander à leurs fournisseurs de respecter TAPA (Transported Asset Protection Association). » Cette association internationale regroupe des transporteurs logisticiens, chargeurs et fournisseurs de services de sécurité.
« Son objectif est d’établir des directives de sécurisation des entrepôts et du transport pour les marchandises de valeur telles que l’électronique, les chaussures, les vêtements ou le parfum. »
Assurer la sûreté d’un entrepôt est d’autant plus complexe qu’à la différence d’un incendie, rien n’est prévisible. D’où la nécessité de mener une étude d’analyse de risque pour bien prendre en compte la situation du site. L’entrepôt est-il situé dans une zone urbanisée ou plutôt isolée, quel est le temps d’accès nécessaire aux équipes d’intervention ou forces de l’ordre pour se rendre sur place, quel est le niveau du risque financier encouru en cas de cambriolages ou d’actes de malveillance, etc.
Plusieurs acteurs sont positionnés sur ce type de prestations comme Aerosureté, le Centre national de prévention et de protection (CNPP), Securitas, Société française d’évaluation des risques et des études stratégiques (Sferes), sans oublier, bien sûr, Siemens FSS. Cette étude va permettre de définir les niveaux d’équipement et de service requis, sachant qu’en sûreté il existe trois piliers fondamentaux : le contrôle d’accès, la vidéosurveillance et la détection intrusion.
Secteur du transport et de la logistique | Quelques repères
> 34 000 entreprises de transport routier de marchandises
> 1 700 000 personnes (transport, douanes, overseas),
dont 650 000 en Ile-de-France
> Près de 40 millions de m2 de plateformes logistiques de plus de 5 000 m2
> 80 milliards d’euros de CA global
> 2,3 % du PIB de la France
> Près de 4 milliards d’investissements depuis 2007
> L’un des premiers gisements d’emplois : un besoin de recrutement
de 50 000 jeunes chaque année
Sources : Fédération des entreprises de transport et logistique de France et Afilog.
Barrières infrarouges
La sûreté impose de détecter toute intrusion ou présence anormale de manière précoce. Cela passe par l’installation d’une surveillance périphérique, à l’extérieur du bâtiment. Il existe pour cela plusieurs moyens. A commencer par les barrières infrarouges qui permettent de détecter, à l’aide de faisceaux, la présence d’un individu avant qu’il n’atteigne les locaux ou stocks. A l’instar des colonnes de détection infrarouge hautes de Sorhéa. Points forts, elles ne nécessitent plus, lors de leur installation, de tirer des câbles et sont alimentées en énergie par des panneaux solaires. En cas d’intrusion détectée par ses faisceaux infrarouges, elles envoient les données par transmission radio sécurisée.
De son côté, Hymatom, une autre PME française, se distingue avec son Moviwall, un mur de détection périmétrique qui détecte, mesure, localise et filtre les intrusions. L’entreprise vient de compléter son offre avec le Pluribeam. Il s’agit cette fois d’un boîtier périvolumétrique, qui émet des flashes infrarouges pulsés. Lesquels sont reçus, puis renvoyés, par des réflecteurs placés dans les endroits à surveiller. En cas de problème, sa caméra intégrée prend l’image de l’intrus et l’envoie sur le réseau IP au télésurveilleur qui pourra faire une levée de doute, mais également visualiser les images en temps réel. « Notre système peut surveiller une façade ou tout autre bâtiment sur une longueur de 70 mètres », indique Agnès Guilhot, la responsable marketing de l’entreprise qui sera présente lors de Semaine internationale du transport et de la logistique (salon SITL) sur le pavillon Sûreté. Lequel regroupera notamment un intégrateur comme Eryma, un fabricant de caméras comme Axis Communications, mais aussi Eos Innovation, qui conçoit et développe « e-vigilante », un robot autonome de surveillance et de prévention destiné aux entrepôts, plateformes logistiques et sites industriels.
L’immobilier logistique | Une filière en plein essor
> Avec plus de 2,2 millions de m2 construits en 2011, le marché français de l’immobilier logistique affiche un nouveau dynamisme après deux années douloureuses. Le contexte économique a contribué à la réorganisation et à la rationalisation des actifs immobiliers et a favorisé les réalisations clés en main.
> L’Ile-de-France, moteur du marché français
C’est l’Ile-de-France, avec près de 900 000 m2 traités en 2011, qui tire le mieux son épingle du jeu avec près de 40 % du marché. Celui-ci reste encore plus focalisé sur l’axe nord/sud au détriment du reste de l’Hexagone.
Source : Afilog
Robotique en marche
En matière de robotique, d’autres systèmes existent pour effectuer des rondes. Parmi lesquels, le robot Arthron-R de la société M.Tecks EAC, une ingénierie spécialisée en mécanique et mécatronique basée à Saint-Pantaléon-de-Larch (19). Montés sur des roues, ses robots polyarticulés et mesurant 500 à 600 mm de long se déplacent comme des insectes. « Ils peuvent se braquer à droite ou à gauche, s’arquer afin de monter, par exemple, sur des trottoirs de 250 mm de haut, ou encore se redresser tout seul en cas de chute », décrit Fabrice Marsaleix le gérant. En cas de besoin, il peut être pris en main par un opérateur distant.
A défaut de pouvoir investir dans de tels systèmes, les entreprises de logistiques devront équiper les ouvrants, portes, et skydômes présents sur le haut des hangars par des détecteurs d’ouverture ou des détecteurs volumétriques en configuration dite «rideau».
Si la valeur des marchandises entreposées est élevée, il devient intéressant de mettre en œuvre des caméras de vidéosurveillance placées à l’extérieur du bâtiment. « Les plus performantes sont pourvues d’un système de détection de mouvements », explique Christophe Chambelin, « Grâce à des algorithmes puissants, le système de vidéosurveillance va alors analyser la forme et la taille de l’individu, le sens de passage, la distance de franchissement. »
Caméra thermique
Pour la surveillance périmétrique, Olivier Landel, responsable du développement commercial d’Axis Communications, préconise d’adopter des caméras thermiques qui fonctionnent quelles que soient les conditions climatiques (brouillard, forte pluie). « En outre, nous pouvons installer dans ces caméras des algorithmes servant à gérer des barrières virtuelles qui se déclenchent au passage d’un individu. » Ces caméras savent ainsi détecter des mouvements erratiques d’individus sur un parking. « Nous savons même suivre une personne sur une zone grâce à des caméras dômes qui vont “ filer” l’individu en se relayant les unes aux autres. Idem pour des véhicules », poursuit le manager d’Axis Communication qui lance sur le marché une nouvelle technologie, le Light Finder, qui permet d’identifier de nuit des individus et même d’afficher des informations colorimétriques, même avec très peu de luminosité. « Le coût de nos caméras embarquant des algorithmes de traitement vidéo vont de moins de 300 euros à quelques milliers d’euros », indique Olivier Landel, qui fournit également des caméras de surveillance opérant à l’intérieur des entrepôts. Idem d’ailleurs pour D-Link, Logitech, Panasonic, Sony, etc.
Outre l’emploi de caméras, la surveillance des locaux repose aussi sur la présence de détecteurs volumétriques (communément nommés radars). « Les plus fiables cumulent deux technologies : l’infrarouge et l’hyperfréquence avec un traitement évolué embarqué de sorte à limiter les fausses alarmes », reprend le directeur de Siemens qui fournit des détecteurs bivolumétriques. De même que Bosch, Guardwell, Honeywell, etc.
Détecteurs bivolumétriques
Avant l’émission d’une alarme, certains détecteurs volumétriques prendront en compte de multiples critères (milieu ambiant, forme de l’objet, amplitude du mouvement, vitesse et sens de déplacement, etc.). En cas d’alarme puis de télétransmission, le télésurveilleur devra effectuer une confirmation d’alarme avant de faire intervenir les forces de l’ordre. Parmi les principaux télésurveilleurs du marché, citons EPS, G4S, Securitas, Seris Security.
En cas d’alarme, les opérateurs pourront effectuer une levée de doute par image, à l’aide de caméras placées, cette fois, à l’intérieur du bâtiment, et qui seront capables de visualiser automatiquement l’endroit où se trouve le détecteur en alerte ou par un système d’écoute audio. De quoi limiter le temps d’intervention des agents de sécurité qui est rarement inférieur à vingt minutes.
Commentez