Résultat d’un projet de deux ans, le rapport « Travailler plus en sécurité avec les machines de construction – Une approche multipartite », réalisé avec l’aide financière de la Commission européenne, concrétise un important protocole d’accord entre le Comité européen des équipements de construction (CECE), la Fédération européenne des travailleurs du bâtiment et du bois (EFBWW) et la Fédération de l’industrie européenne de la construction (FIEC). Issus des travaux de cinq ateliers, le protocole porte sur l’ergonomie, l’organisation des chantiers et la formation des opérateurs/travailleurs, l’évitement des collisions et la normalisation. On s’en doute, le protocole présente aussi des considérations communes concernant la relation et l’interaction entre les fabricants et les utilisateurs d’engins de construction afin de concevoir des équipements plus sûrs.
Promouvoir la coopération en faveur de la SST
Convaincus que la sécurité et la santé au travail (SST) ne doit pas écarter la productivité, la durabilité du secteur ou la qualité du travail, les partenaires estiment que les engins de chantier réclament d’être facilement entretenus, inspectés, certifiés, testés, utilisés et évalués par les fabricants, les employeurs et les travailleurs en fonction des responsabilités et obligations respectives de chacun. Reste qu’il apparaît indispensable de développer un dialogue entre fabricants et utilisateurs pour clarifier auprès des utilisateurs les justifications, les contraintes et les limites associées à la conception des engins. Ainsi que pour déterminer auprès des concepteurs la cause de l’inconfort et les problèmes liés à l’utilisation de certains équipements spécifiques ou à certaines caractéristiques de conception. Les partenaires conviennent que le principe d’une coopération accrue entre fabricants et utilisateurs, bien qu’accepté en principe, n’est pas encore suffisamment mis en pratique.
Ergonomie des engins de chantier
La complexité des chantiers exige un niveau élevé de sécurité, de fiabilité et de confort dans l’interaction entre les travailleurs, leurs outils et l’environnement de travail. Cet objectif peut être atteint en intégrant des principes ergonomiques dans le processus de conception des machines. Les fabricants sont alors invités à considérer cet élément-clé lorsqu’ils réalisent l’évaluation des risques de leurs produits. Et, en cas de besoin, à mettre en œuvre des mesures de réduction des risques.
Sur ce terrain, les engins de chantier utilisés sur le marché de l’Union européenne doivent satisfaire les principes ergonomiques établis dans la directive « Machines » 2006/42/CE. Laquelle exige des fabricants de toutes les catégories de machines qu’ils prennent en considération un certain nombre de facteurs ergonomiques généraux tels que la variabilité des opérateurs, l’espace de mouvements, le rythme de travail, la concentration, l’interface humain/machine. Ainsi que certains aspects ergonomiques supplémentaires comme l’éclairage, la manipulation de la machine ou de certaines parties de la machine, le siège, les positions d’opération et les dispositifs de contrôle, les températures extrêmes, le bruit, les vibrations, le risque de trébuchement, le glissement et les chutes, l’accès aux positions d’opération et aux points d’entretien, l’information, la signalisation, les signaux et avertissements.
Objectif : réduire au minimum le stress physique et psychologique, l’inconfort et la fatigue. « La recherche et l’expérience prouvent qu’une bonne conception réduit les effets négatifs de ces facteurs sur les personnes, alors qu’une conception inadéquate est susceptible de provoquer inconfort, fatigue ou stress physique ou psychologique, indique le protocole. Ces effets peuvent eux-mêmes déclencher des troubles musculosquelettiques (TMS). Ils tendent également à augmenter le risque d’accident. »
Des préconisations de bon sens
Parmi les points à améliorer d’urgence, il faudra faire en sorte que le montant du pare-brise cesse d’empêcher l’opérateur de voir ses collègues. Outre les angles morts dangereux pour la sécurité des collègues évoluant autour de l’engin, le manque de visibilité peut exposer l’opérateur à des TMS, notamment des troubles du dos ou des lombaires car il va adopter des postures inconfortables pour compenser les défauts de visibilité. Les fabricants devraient aussi faciliter l’accès aux ouvertures, plates-formes, garde-corps, mains courantes, poignées/prises, escaliers et échelles. En effet, les opérateurs plus âgés ou mesurant moins de 1,60 m de hauteur peuvent encore trouver inconfortable l’accès aux positions d’opération et aux points d’entretien. Un défi spécifique est lié à la difficulté de fournir des accès avec des dénivelés inférieurs à 400 millimètres, sachant que les caractéristiques des sols et surfaces sur les chantiers sont susceptibles d’endommager les systèmes d’accès et que des matières glissantes peuvent s’accumuler sur les moyens d’accès.
Erick Haehnsen
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