Biométrie, sécurisation des données, cybersécurité appliquée à l’aéronautique, aux objets connectés, à l’espace, aux transports terrestres, à la défense et à la sécurité… Tel est l’ambitieux projet que nourrit le groupe Thales, qui vient de racheter le spécialiste des cartes à puce Gemalto pour la somme de 4,8 milliards d’euros. Après quinze mois de négociations serrées, le groupe d’électronique et de défense a annoncé cette belle acquisition mardi 2 avril, lors d’une conférence de presse organisée à Paris dans sa Digital Factory.
Un géant de l’identité numérique
« Ensemble, nous créons aujourd’hui un géant dans l’identité et la sécurité numériques, capable de peser face aux meilleurs acteurs mondiaux », fait valoir dans un communiqué Patrice Caine, le PDG de Thales. Par la même occasion, le groupe a créé une activité qui englobe Guavus, à savoir l’ensemble des technologies qui permettent de contrôler les chaînes de décision critique des entreprises et des États. Gestion du trafic aérien des drones, protection des données et réseaux, sécurisation des aéroports, sécurité des transactions financières… pour accompagner les grands changements technologiques contemporains, le nouveau Thales va pouvoir compter sur sa nouvelle force de frappe avec des solutions de biométrie, de cybersécurité, d’objets connectés, de données de masse (Big Data) ou encore d’intelligence artificielle (IA).
Des sommes titanesques injectées dans la R&D
La montée en puissance du groupe est impressionnante. Le chiffre d’affaires est passé de 15,8 milliards d’euros en 2018 à 19 milliards d’euros cette année ! Quant aux effectifs, ils augmentent eux aussi, à raison de 16 000 nouveaux salariés pour 80 000 collaborateurs dans le monde. Au niveau de la R&D, le nouveau “super groupe” gonfle son budget, le faisant passer de 879 millions d’euros à un milliard en un an, et emploie 3 000 chercheurs ainsi que 28 000 ingénieurs.
Sécuriser l’internet des objets
Premier théâtre d’action, l’internet des objets (IoT), considéré comme le nouveau cheval de Troie des cyberpirates, figure parmi les principaux segments auxquel le groupe veut s’attaquer. Principale raison : à mesure que les objets connectés inondent le marché (8 milliards d’objets connectés en 2017, contre 21 milliards en 2021 d’après Thales), les enjeux en termes de cybersécurité sont cruciaux. « Le préalable, avant de connecter un objet, c’est de lui donner une identité numérique, comme dans le monde réel, on a une carte d’identité ou un passeport », indique Patrice Caine. Par ailleurs, le groupe veut s’imposer dans les transports terrestres dont les applications technologiques sont nombreuses, allant de la maintenance prédictive à la gestion des actifs, en passant par la géolocalisation des wagons.
Contrôler les survols de drones
Autre secteur stratégique pour Thales, la sécurisation de l’espace aérien, de plus en plus souvent victime de survols illégaux de drones. Membre du pôle d’innovation de la filière française des drones professionnels, Thales s’est engagé dans la protection des sites les plus sensibles : sites nucléaires, installations industrielles ou militaires critiques et aéroports. Pour contrôler les potentiels carambolages d’aéronefs, le groupe va associer son savoir-faire en gestion de trafic aux compétences de Gemalto en matière de connectivité et d’identification des drones, pour inventer de nouvelles solutions.
Contrôler les flux dans les lieux à forte affluence
Thales cherche aussi à anticiper l’afflux de voyageurs dans les aéroports, qui devrait grimper de 4 à 16 milliards en 2025 ! Pour désengorger les terminaux, réduire les temps d’attente et, surtout, assurer la sécurité globale, les tâches seront réparties et se coordonnées : Thales, fort de ses compétences d’intégrateur de systèmes, pilotera l’ensemble des systèmes de vidéosurveillance, tandis que Gemalto, avec son expérience dans le contrôle d’accès, se chargera de la partie biométrie. De fait, cette complémentarité technologique trouvera des applications dans d’autres domaines, comme la sécurisation des grandes enseignes commerciales ou de certains sites sensibles.
Ségolène Kahn
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