Les secteurs sur lesquels vous intervenez, informatique et numérique, sont épargnés par la crise économique… Pourquoi militez-vous en faveur du confort au travail ?
En effet, ces marchés connaissent une forte pénurie de main d’œuvre. Du coup, les entreprises qui veulent se donner une image »Web », mettent en œuvre des codes hérités de Google : une entreprise »cool », avec des couleurs agréables, des bureaux confortables, des baby-foots… Derrière cette image de la réussite californienne, une certaine pénibilité demeure : de longues journées de travail, du bruit sur les plateaux paysagers, la position assise devant l’écran… Même si les conditions de travail actuelles sont moins dures physiquement qu’à la fin du 19ème siècle, elles n’en restent pas moins un sujet de préoccupation pour les entreprises et de revendications pour les salariés. Pression, stress, harcèlement, burn-out : autant de maux que les dirigeants doivent éradiquer s’ils veulent motiver leurs troupes et fidéliser leurs meilleurs talents.
Il y a aussi la »laisse électronique »…
Oui, c’est-à-dire l’attente, de la part de l’employeur, que le salarié soit connecté et joignable en permanence. En effet il est assez facilement accepté que le collaborateur s’habille au bureau de la même façon qu’en week-end chez lui, qu’il consulte Facebook durant son temps de travail pour organiser sa soirée. En revanche, il continuera de lire ses mails à la maison. Il n’y a plus de limite entre la vie au travail et la vie privée. Cela commence avec les comptes sur les réseaux sociaux dont la gestion n’est pas claire : ils servent à la fois à la sphère privée, pour être »chassé » et pour trouver des clients. Parfois l’employeur recommande aussi à ses collaborateurs d’être des ambassadeurs de l’entreprise sur les réseau sociaux… Bref, les choses ne sont pas claires et les attentes des uns et des autres ne sont pas dites.
En fait, les accords tacites porteraient-ils atteinte à la santé ?
Ce qui est sûr, c’est que les attentes dont on n’a jamais discuté contribuent à générer des frustrations, des malentendus de part et d’autres. Par exemple, chacun sait qu’il peut y avoir besoin de travailler le soir exceptionnellement. Mais que signifie »exceptionnellement » ? Dans les environnements Web, sans formalisme, où chacun tutoie tout le monde, où l’on porte des jeans, on va boire un pot après le travail… Est-ce vraiment attendu ? On ne sait pas. De même, faut-il déjeuner ou pas avec les collègues ? Certes, le contrat de travail et le règlement intérieur ne peuvent pas tout régimenter. Mais il est utile de mettre à plat les attentes des uns et des autres, voire de les négocier. Car le danger, c’est le stress dû à l’attente d’une disponibilité disproportionnée. Voire le burn-out.
Comment clarifier les choses ?
Il faut éviter les accords tacites contenant trop de non-dits. A l’image du contrat de travail signé à chaque embauche, on pourrait dès lors imaginer un »contrat de bien-être au bureau, reliant formellement les attentes et les engagements de chacune des parties.
Propos recueillis pas Erick Haehnsen
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