Le métier d’aide-soignant en maison de retraite figure parmi les professions les plus éprouvantes. Surcharge de travail, horaires de nuit, sous effectif, TMS, exposition au risque biologique et chimique… la liste des facteurs de pénibilité n’en finit pas pour ces employés qui côtoient au quotidien la maladie et accompagnent les patients jusqu’à leur mort. A cet égard, le syndicat suisse Unia vient de dévoiler des chiffres alarmants sur la réalité de ces aides-soignants derrière les murs des maisons de retraite.
Des professionnels à bout
Face à une population vieillissante, les établissement d’hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont confrontés à un nombre de résidents toujours plus nombreux. Or, au lieu d’augmenter leur dotation en personnel qualifié pour absorber la masse de travail supplémentaire, les maisons de retraite réduisent, faute de moyens, leurs effectifs. Conséquence : les soignants tombent sous le coup d’une surcharge de travail et de responsabilités énormes vis-à-vis des patients qui les épuisent littéralement. Devant cette pression constante, 47% des 2 935 aides-soignants interrogés par le syndicat entre octobre 2018 et janvier 2019 confient ne pas se sentir capables de persévérer dans cette voie jusqu’à la retraite.
Un management qui manque de bienveillance
En raison à cela, le syndicat accuse l’attitude des employeurs qui imposent à la fois flexibilité des horaires, augmentation de la charge de travail et surqualification du personnel. « Au nom de la rentabilité, on rationalise, on comprime les coûts, on coupe dans les budgets, tout en fermant les yeux sur les effets désastreux concernant les conditions de travail et la qualité des soins et de l’accompagnement », souligne Yvonne Peist-Gaillet, membre du syndicat Unia.
Epuisement physique et psychologique
C’est avant tout la fatigue et l’épuisement qui sévissent sur 86% des soignants. Mais aussi les troubles physiques – dus au soins promulgués aux patients qu’il faut laver et porter – pour 72% des employés. Éreintés, les aides-soignants rentrent chez eux le “dos cassé”. Ce qui, pour les deux-tiers des personnes interrogées, ne laisse pas beaucoup d’espace ni d’énergie pour s’adonner à ses loisirs et se détendre.
Des salaires trop bas
Si le niveau des soins médicaux a augmenté, la valorisation de la profession continue à stagner. Notamment en termes financiers : 79% des sondés estiment que face à la pénibilité de leur profession, le salaire ne suit pas. « On ne peut pas en vivre », confient les assistants et les auxiliaires. Pour expliquer ces bas salaires, l’Unia pointe du doigt la misogynie ambiante : dans l’inconscient collectif, ce métier est associé à la femme et à son devoir familial de prodiguer les soins aux personnes âgées. Sans contrepartie financière.
Ségolène Kahn
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