L'Union européenne veut diviser par deux le nombre de morts sur les routes. Ainsi pourrait-elle s'appuyer sur les mesures préconisées par l'ETSC, une association spécialisée en prévention routière présente dans une vingtaine de pays.
Avec 20 600 morts sur les routes en 2022, le nombre d’accidents mortels a augmenté de 3 % en Europe par rapport à 2021. Toutefois, avec 2,000 décès en moins, ce chiffre est en diminution par rapport à 2019; comme le souligne l’ETSC (European Transports Safety Council, en français, Conseil européen de la sécurité des transports).
Diviser par deux le nombre de morts et de blessés
Basée à Bruxelles, cette association indépendante rassemble cinquante organisations présentes dans une vingtaine de pays. Sa vocation vise à réduire le nombre de morts et de blessés dans les transports européens. Un objectif en ligne avec ceux de l’Union européenne (UE) qui veut diviser par deux le nombre de blessés et de tués sur la route d’ici à 2030.
D’ores et déjà, certains pays progressent plus que d’autres. En témoignent la Lituanie et la Pologne qui affichent en 2022 des chiffres de mortalité en baisse de plus de 30 % par rapport à 2019. Le Danemark suit cette tendance baissière avec -23 %. Et ce, contrairement à certains pays qui connaissent un nombre de tués en augmentation comme l’Irlande (+11%) ou les Pays-Bas (+4%) tandis que la situation se stabilise notamment en France (0%) et en Suède (0%). Cette dernière peut se targuer d’avoir les routes les plus sûres. Qu’on en juge.
La France légèrement au-dessus de la moyenne
Alors que la moyenne de décès par million de voitures (D/M) s’élève à 46, les Suédois font figures de bons élèves avec 21 D/M. Idem pour les Danois avec 26 D /M. En revanche, à la queue du peloton figurent la Roumanie avec 86 D/M et la Bulgarie avec 78 D/M. Quant à la France, elle se situe légèrement au-dessus de la moyenne avec 49 D/M.
Par rapport à l’an dernier, ce chiffre est en progression de 11 % mais stable par rapport à 2019 (+0,5 %). A cet égard, selon les chiffres annoncés par la Sécurité routière, 3 260 personnes ont trouvé la mort sur les routes françaises en 2022. Parmi lesquelles 484 piétons, 715 usagers de deux roues motorisées et 244 cyclistes. Un chiffre en forte augmentation par rapport à 2019, soit 57 tués de plus.
L’ETSC recommande d’investir dans des pistes cyclables
Cette hausse concerne tous les pays d’Europe. Ce qui amène l’ETSC à recommander aux États-membres d’accroître leurs investissements dans les infrastructures dédiées aux cyclistes telles que les pistes cyclables. Plus globalement, cette association émet quatre autres recommandations pour réduire le nombre de décès sur les routes.
A commencer par le renforcement du Code de la route afin d’atténuer les risques liés aux excès de vitesse, la conduite sous l’emprise de la drogue et de l’alcool, et l’utilisation de smartphone et autres objets de distraction. A cet égard, la révision de la directive européenne relative à l’application transfrontalière de la législation devrait garantir que chaque infraction commise par un conducteur non résident fera l’objet d’un suivi.
L’ETSC préconise également de fixer à 30 km/h la vitesse par défaut dans les zones urbaines. Ce qui aura pour effet de sauver des vies tout en abaissant la consommation de carburant et d’émissions polluantes. Certains pays ont apporté des changements significatifs comme l’adoption de la limitation à 100 km/h sur autoroutes par les Pays-Bas et la limitation par défaut à 30 km/h dans toutes les zones urbaines en Espagne.
Des exemples dont pourrait s’inspirer la Commission européenne qui souhaite formuler des recommandations officielles sur la vitesse appropriée par types de route, comme le rapporte l’ETSC. Laquelle demande enfin la révision, de toute urgence, de certaines technologies de sécurité embarquées à bord des véhicules en raison de leur inadaptation. A commencer par les systèmes intelligents d’aide à la vitesse qui s’appuient sur des signaux sonores gênants. Ce qui peut amener le conducteur à les désactiver.
Autre technologie pointée du doigt, les systèmes d’avertissement de distraction qui ne peuvent pas détecter les applications embarquées sur les téléphones portables et les systèmes d’infodivertissement. Enfin, l’ETSC pointe du doigt les enregistreurs de données d’événements qui s’avèrent au final inutiles pour les chercheurs en sécurité.
Eliane Kan
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