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Risques industriels et environnementaux

Détection incendie | La vidéosurveillance, arme du futur ?

Jusque-là réservée à la protection des biens, l’intrusion ou le gardiennage, la vidéo s’implique de plus en plus dans les SDI. Couplée aux autres systèmes de détection, elle devient un élément efficace de prévention et d’alarme. Mais son intégration et ses avantages restent encore mal perçus des utilisateurs potentiels.

A l’heure où se multiplient les objectifs indiscrets dans les lieux publics, les rues des cités, ou les sites les plus divers, l’emploi de la vidéo dans les systèmes de détection incendie (SDI) devenait inévitable. Sur le papier, le principe ne présente que des avantages : rapidité, efficacité, réactivité, traçabilité, sont ses qualités les plus évidentes, son emploi s’avérant particulièrement positif dans les locaux de grands volumes, notamment industriels.

Le matériel suit le mouvement, s’adaptant aux besoins spécifiques de la prévention des feux, avec des caméras reconnaissant ces derniers et leurs fumées, capables de déclencher l’alarme en quelques microsecondes. Ces supercamescopes, modulaires en rapport avec le lieu protégé, sont spécialement utiles dans les cas de détection à distance – car plus proches souvent du départ de feu qu’un détecteur traditionnel – générant des réactions plus instantanées. Ils enregistrent par vocation, donnant une confirmation visuelle de l’incident, mais aussi un historique de son origine, de sa progression, devenant ainsi les avertisseurs, les témoins et la mémoire de ce dernier.

Comparativement coûteuse en regard d’autres procédés, la vidéosurveillance combine de multiples possibilités, répondant à plusieurs vocations : vérification, contrôle, sécurisation – préventive comme curative –, alarme. Que ce soit pour transmettre, enregistrer, visionner des images, elle bénéficie des technologies les plus pointues en optique, informatique, domotique, avec des caméras mobiles, rotatives, dirigées d’un poste de contrôle ou programmées pour agir seules.

Cette nouvelle utilisation de la vidéo doit cependant correspondre à des paramètres d’utilisation spécifiques : on ne détecte pas le mouvement d’un être humain comme celui d’un nuage à peine perceptible de fumée. Il faut donc un appareillage technique complexe, capable de percevoir et d’analyser, souvent basé sur des calculateurs algorithmiques, que les constructeurs essaient de réaliser le plus finement possible.

La marge d’erreur de leur matériel est d’ailleurs un élément majeur de leur politique commerciale, et l’argument le plus développé par leurs vendeurs. Il complète une liste déjà longue des avantages présentés, dont le moindre n’est pas celui de la transmission d’informations, réalisée via les nouvelles technologies à destination des décideurs ou responsables, quelle que soit leur localisation.

Si le traitement des images et des messages envoyés par la caméra se fait de manière traditionnelle vers un PC sécurité ou une centrale, il peut aussi s’effectuer à distance, sur des téléphones portables ou des ordinateurs, grâce à l’envoi de SMS et autres messages. Ainsi, toute anomalie est-elle aussitôt portée à la connaissance de l’intéressé, où qu’il soit, qui peut, de plus, la vérifier immédiatement en visionnant les images, et réagir à l’incident avec ses propres moyens d’action.

Pour qui, pour quoi ?

De fait, la vidéo-détection, outil récent en plein développement, serait promise à un bel avenir, que ce soit comme élément d’un système global existant, ou acteur unique de la protection sur un site déterminé. Apportant le « plus » qui peut faire la différence par rapport aux procédés classiques antérieurs dans le premier cas, elle pourra remplacer, à terme, dans le second, plusieurs matériels, capteurs et détecteurs.

Souvent utilisée dans les bâtiments à grand espace, majoritairement industriels, elle permet une détection plus rapide que celle des détecteurs habituels – flammes ou fumées – et souvent plus fiable, car elle ne tient pas compte des mouvements d’air, des vols d’oiseaux, des verrières en surchauffe. Placée plus près de la source, elle agira plus vite que les outils électroniques, insensible aux variations structurelles ou aux éléments climatiques. Ses applications peuvent donc être variées, en intérieur comme en extérieur, sur la protection non seulement des constructions mais aussi de leur environnement.

La gestion vidéo des alarmes apporte une sécurité supplémentaire, voir totale par ses obligations de contrôle, puisque l’opérateur est obligé de confirmer ce qu’a vu la caméra. Elle est aussi, grâce à l’électronique et le développement des nouveaux moyens de communication, transmissible et adressable, pouvant être relayée facilement à tout procédé de diffusion d’images ou de textes. Sans être la panacée universelle capable de tout remplacer, elle apporte une indéniable valeur ajoutée à un SDI ou un SSI déjà fourni en armes diverses.

Chez Iris Tech les caméras Signisfire Iris Fire reconnaissent feux et fumées grâce à l’embarquement d’un algorithme VIFD/VISD – Vidéo image fire and smoke détection – et disposent de sorties « contact sec » pouvant s’interfacer sur toutes les centrales d’alarme classiques. Elles possèdent également des sorties R145 numériques et des sorties coaxiales analogiques. Leurs alarmes sont transmises vers un serveur assurant un pré-enregistrement sur déclenchement d’alarme, tandis que le stockage des séquences vidéo correspondantes à l’incident permettra une utilisation ultérieure. Gérables à distance par un PC elles permettent une levée de doute visuelle en temps réel, via une simple connexion par le Web sur le serveur, tandis que leur logiciel intégré FireGuard avertit tous les intervenants de la sécurité par les moyens adaptés (pop-up, écran, mail, sms, message téléphonique pré-enregistré, etc.). D’après ses concepteurs, le système offre une combinaison de détections avancées en vidéo surveillance par un seul produit, à la fois sur l’intrusion, la présence de fumées, celle de flammes (dans le champ de la caméra) et la réflexion issue du scintillement d’un feu dont les flammes sont masquées.

En accord avec son temps, l’univers des fabricants et revendeurs ne cesse d’évoluer, introduisant sur les marchés des produits multiples de plus en plus précis, capables de répondre à toutes les attentes. Sigimpex (très présent au Maroc, où l’entreprise équipe de nombreuses sociétés) offre à ce sujet un catalogue non exhaustif de plus de cinq cents caméras différentes – infrarouge, speed-dome, réseaux, anti intrusion, etc. – venues des marques les plus fiables du secteur (Honeywell, Climax, Suprema, etc.) permettant de faire face à tous les dangers.

Classement et législation

> Quatre types de caméras existent en vidéosurveillance :

– les caméras reliées à un simple écran de contrôle, sans enregistrement,

– les caméras analogiques, avec un enregistrement limité dans la durée,

– les caméras intégrant à la fois des systèmes analogiques et numériques, permettant d’introduire des fonctions de comptage (d’objets, de détection, de disparition),

– les caméras IP consultables à distance via Internet.

Les prescriptions techniques des systèmes de vidéosurveillance ont été définies par les arrêtés du 26 septembre 2006 et du 23 août 2007. L’exercice de certaines activités impose d’assurer une surveillance des locaux pendant les heures d’ouverture au public, comme dans les banques, les bureaux de change, certaines pharmacies… Mais dans le seul domaine de la sécurité des personnes. Rien n’est obligatoire en matière de détection incendie, ces engins faisant, ou non, partie des systèmes installés. Par contre, si le champ des caméras – quelle que soit leur utilité – porte sur une partie de la voie publique, une demande d’autorisation d’installation en préfecture est alors obligatoire. En outre, les dispositions de la loi de 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés ainsi qu’au code du travail s’appliquent à la vidéosurveillance.

Quant aux normes, on reste pour l’instant dans l’incertitude, l’Apsad se déclarant provisoirement incompétente pour tester les processus, faute de moyens adéquats. Restent les certifications européennes ou autres attribuées habituellement aux matériels vidéos qui sont, bien entendu, appliquées par les fabricants.

La vidéo en remplacement

Les nouvelles technologies visuelles pourront-elles pour autant devenir des acteurs uniques de la détection ? Tout dépendra du lieu à protéger, de son importance et de ses besoins sécuritaires. La protection d’un simple appartement peut être largement assurée par les DAAF, désormais obligatoires, et une caméra vidéodétectrice paraît, en l’occurrence, disproportionnée en moyen comme en coût pour l’assurer. Par contre, dans le cas d’un site industriel ou d’un ERP, elle pourra, à terme, s’imposer comme le moyen idéal et fiable réunissant en quelques éléments – en rapport avec les surfaces et volumes – une couverture du risque ciblée et efficace. Devenant ainsi un SDI à part entière, elle s’imposerait comme l’accessoire majeur de la détection au cœur du SSI, éliminant les détecteurs traditionnels pour les remplacer par des objectifs discrets à large rayon de perception.

« Nous surfons sur une vague ascendante, affirme David Belin, gérant de IrisTech – basé à Perpignan (Pyrénées-orientales) importateur intégrateur de solutions de protection incendie. Il est prématuré de chiffrer pour l’instant le marché représenté par ces techniques, mais il est à coup sûr prometteur en regard des besoins. Bien entendu, les produits sont chers : environ 2 500 € la caméra, mais leurs possibilités permettent de limiter l’achat d’autres matériels, et donc, paradoxalement, de baisser l’investissement nécessaire à un SDI. Donnons en exemple le champ d’application d’un objectif capable de couvrir une surface de plus de trente mètres de profondeur sur un angle de 82 degrés. Combien faudrait-il de DAAF ou autres capteurs pour apporter une protection équivalente d’autant plus que l’appareil assure tout : intrusion, départ de feu même latent, fumées, flammes, éventuellement chaleur ou gaz ? Ajoutons à cet avantage le fait que la caméra remplace aussi la centrale d’alarme, puisqu’elle transmet elle-même les infos vers les destinataires, et le calcul nous est très vite favorable.»

Côté SAV et maintenance, la technologie se révèle tout aussi rentable et efficace, les camescopes intégrant un logiciel qui avertit non seulement du moindre incident de fonctionnement, mais encore anticipe ce dernier en réagissant à la plus petite anomalie. Le serveur préviendra le gestionnaire en temps réel, lui permettant d’intervenir rapidement tout en évaluant le problème grâce aux informations diffusées.

L’avenir reste donc prometteur pour les fabricants et revendeurs de vidéodétection, comme le prouve une étude publiée lors des 13e Journées internationales de la thermique, qui se déroulaient en août 2007 à Albi, et qui évoquait une nouvelle approche basée sur l’utilisation d’une caméra CCD bas coût opérant dans le proche infrarouge. Réalisée par des étudiants ingénieurs du campus local, elle démontrait déjà la pertinence du procédé, sa fiabilité (85 % de réussite en laboratoire) et ses possibilités de développement avec du matériel économiquement rentable.

Chez Dream Protect, autre spécialiste du genre, basé dans la banlieue lyonnaise, le service commercial enfonce le clou, affirmant que la vidéosurveillance sera l’arme du futur en matière de protection détection. « Elle offre un maximum de liberté et de sécurité grâce à ses fonctions, souligne le responsable. Surtout lorsqu’elle est couplée à un système de visualisation à distance, avec des images pouvant être transmises aussi bien vers un ordinateur que vers un simple téléphone portable. L’outil a d’autres avantages annexes, comme la gestion du personnel et le contrôle de l’activité, ainsi que la possibilité de surveiller plusieurs lieux en même temps d’où que l’on soit. Le protocole IP apporte en prime une technique sûre et fiable, vers des systèmes numériques qui présentent peu de difficultés de fonctionnement. Les réseaux informatiques ont rendu inutile le câblage coaxial, tandis que devenaient obsolètes les caméras analogiques et leurs enregistreurs à cassette. On transmet aujourd’hui par ADSL, réseau GSM, téléphone et bien entendu Internet, avec une simplicité de mise en œuvre incomparable. »

L’avenir du process

Dans un univers aussi technique que la vidéo – de surveillance comme de détection – la recherche se veut permanente, que ce soit au niveau du matériel, des objectifs ou des procédés. Les fabricants y travaillent d’arrache-pied, conscients de l’importance d’un marché en plein développement, au sein d’un environnement concurrentiel très agressif. Dans leurs labos, les calculs algorithmiques dédiés à la détection incendie sont l’objet de leurs efforts, liés à celui des caméras par elles-mêmes, qui se révèlent, de leur côté, de plus en plus fiables et efficaces. L’évolution paraît s’orienter vers des engins assurant une multidétection, fumée, flamme, chaleur, gaz, tout en garantissant la plus grande fiabilité.

Innovant mais confidentiel

Le procédé est nouveau, et reste donc pour l’instant relativement peu diffusé. Chez les grands intervenants du secteur de la détection comme Axendis, Finsecur, DEF, on note sur les catalogues l’absence totale de systèmes vidéo dans leur arsenal, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’on ne les verra pas apparaître un jour prochain.

Même chose chez les installateurs, pour des raisons évidentes : ils ne sont pas actuellement formés à ces pratiques, surtout lorsqu’ils sont spécialisés dans la détection traditionnelle. Là aussi, l’émergence de ces process et leur éventuel succès changera la donne, en regard des promesses d’un marché qui ne peut que se développer. Mais l’apparition de la vidéo et ses avantages – de transmission, de simplicité d’utilisation, de fiabilité – signifient-ils la disparition de la détection telle qu’on la pratique ces dernières années ? La réponse à cette question sera donnée dans un avenir proche tout simplement par les utilisateurs attirés ou non par les procédés. Les caméras IP, liées à la croissance de l’Internet et sa vulgarisation pourraient très bien connaître le même phénomène d’expansion que leurs consœurs analogiques aujourd’hui présentes au quotidien dans bon nombre de foyers. On visionne le visiteur qui vient sonner à la porte d’entrée, on surveille d’une pièce à l’autre le sommeil du dernier-né, on observe de chez soi l’environnement et ses protections, la vidéo faisant partie de la vie de tous les jours.

Sur ce constat, on peut très bien imaginer la prolifération rapide de caméras de détection intelligentes, capables de sentir l’émergence d’un sinistre par leurs capteurs et de prévenir en temps réel le propriétaire. Si l’on ajoute la possibilité d’être averti via l’image de son téléphone portable, tout devient possible, avec un regroupement total des services, aussi bien en domotique qu’en sécurité. Il est donc vraisemblable que l’on soit à l’aube d’un jour nouveau, et que le prix, provisoirement prohibitif des matériels soit revu à la baisse par un simple phénomène de prolifération. Ce qui rangera à terme les DAAF, et autres accessoires ou centrales au rayon des souvenirs, comme le furent en leur temps les oies du Capitole.

Comment ça marche ?

L’objectif de la caméra filme en continu un espace dans lequel tout mouvement pourra être détecté, et tout changement décelé. Les images sont analysées, par vidéosenseur, mais aussi par des serveurs IP (Internet Protocol) proches de la caméra. Les fumées, départs de feux, flammes sont détectés par un procédé complexe basé sur des algorithmes spatiotemporels capable de discerner les uns et les autres, de distinguer les vapeurs d’eau, les poussières ou les jets de lumière. Mais les calculs sont si pointus, que leur multiplication amplifie d’autant les sources d’erreurs, d’où la nécessité d’un opérateur vérifiant visuellement l’incident. L’opération est rapide, celui-ci pouvant visionner immédiatement le film, mais obligatoire.

La caméra IP est un appareil qui réunit une caméra vidéo et un ordinateur, permettant de capturer et de transmettre des images à travers un réseau IP. On peut donc soit les traiter localement, soit les gérer à distance, pour peu que l’on soit connecté. L’avantage sur leurs homologues analogiques est patent : on peut visionner de n’importe quel endroit sur n’importe quelle distance le lieu du sinistre, et conserver une vidéo digitale d’excellente qualité, exploitable immédiatement. L’installation est simple, d’un coût raisonnable, les possibilités de surveillance illimitées. Le choix de la configuration du réseau de caméras dépendra des besoins et de l’importance du lieu, en tenant compte de plusieurs critères, comme la protection des appareils, leur destination, leurs équipements en objectifs, l’archivage des fichiers vidéos, etc.

La transmission des données

Très malléables, les systèmes de vidéo sur IP permettent la consultation hors site des informations données, en direct, dans le monde entier. Ceci par un périphérique ayant accès à Internet en tous formats (PC, Mac, PDA). L’enregistrement peut-être effectué 24h/24 , conservable trente jours, selon la limite légale. Le système peut être activé sur place ou à distance avec les mêmes moyens. La qualité des images dépend du type de compression choisi, qui calibre ces dernières en fonction de la bande passante, en entrée comme en sortie. Grâce au numérique, toutes les vidéos peuvent être consultées aussi bien en direct qu’en différé, et toutes les séquences peuvent facilement être retrouvées dans leur historique.

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