Depuis quelques temps, les drones sévissent sur le territoire national. Pas d’incident à déplorer pour le moment, puisque ils sont surtout utilisés à des fins de reconnaissance (prise de vue aérienne). Mais quid si, demain, ces aéronefs se mettaient à transporter des charges explosives ou, pis, des armes à feu ? Il est crucial, de fait, d’anticiper le panel de menaces qu’ils représentent. D’une part, en mettant en oeuvre une surveillance générale de l’espace aérien, à l’aide de radars par exemple afin de détecter ces appareils dès qu’ils font leur apparition. D’autre part, en se dotant de dispositif à même de repérer les pilotes pour les mettre hors d’état de nuire. C’est sur ce second segment que se situe la dernière innovation du groupe Eca, filiale du groupe Gorgé, spécialisé dans la robotique. Concrètement, l’innovation consiste à installer un capteur de signal électromagnétique sur le drone IT180 commercialisé par Eca. L’engin, de type hélicoptère à rotors dits contra-rotatifs (qui tournent en sens inverse, ce qui est utile pour rester stable en cas de vent inférieur à 50 km/h), a été acheté en mai 2014 au fabricant Infotron. D’un poids de 25 kilos, il peut atteindre une vitesse de 90 km/h et emporter jusqu’à 5 kg de charge utile. Dont ce module additionnel qui lui offre la possibilité de déceler le bruit électromagnétique généré par la communication entre le drone malveillant et les équipements de contrôle utilisés par celui qui le pilote.
« Chaque équipement de communication radio en vente sur le marché est limité à une plage de fréquence d’utilisation. C’est une mesure légale, explique Guenael Guillerme, directeur général d’Eca Group. Du coup, notre système balaie des fréquences connues jusqu’à déceler un signal suspect. » Ensuite, via de la radiogoniométrie (technique visant à déterminer la direction d’arrivée d’une onde électromagnétique), le drone localise la position géographique de l’émetteur. Il peut dès lors s’en approcher et tenter de le prendre en photo, grâce à sa caméra HD embarquée, pour identification ultérieure. Évalué deux fois par les services gouvernementaux, ce système a été jugé opérationnel. Notons toutefois qu’il sera plus délicat de retrouver un signal en zone urbaine qu’en rase campagne, sachant que les autorités ont un délai très court pour agir (les drones contrevenants restent généralement moins de 10 minutes dans le ciel), d’autant plus si les malfaiteurs emploient un émetteur à saut de fréquences (capable d’en simuler des… centaines de milliers). Car les pirates innovent en permanence afin de mieux se jouer des systèmes de sécurité. « C’est toute la difficulté de notre secteur », confirme Guenael Guillerme.
Guillaume Pierre
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