A l’instar des deux grandes initiatives en faveur du BTP engagées par le gouvernement, à savoir le Plan transition numérique dans le bâtiment et le Programme d’actions pour la qualité de la construction et la rénovation énergétique (PACTE) présentés au conseil des ministres en janvier 2014, le Plan de recherche et développement pour l’amiante (PRDA) a vu le jour afin de donner un coup d’accélérateur au processus de désamiantage tant attendu. Trois appels à manifestation d’intérêt (Ami) ont été lancés en cette faveur. Objectif : identifier rapidement les solutions et les procédés les plus innovants afin de détecter, mesurer, confiner et traiter ces fibres qui font le malheur des entreprises du BTP et de leurs salariés exposés. Et ce, pour un coût moins élevé.
Animé par le président de l’organisme de qualification des entreprises de construction Qualibat, Alain Maugard (ancien président du CSTB), ce plan aurait pour ambition de développer, à terme, une filière d’excellence dans le domaine du désamiantage. « Il existe des entreprises et des organismes qui ont des idées innovantes. Nous allons les collecter puis sélectionner les plus prometteuses afin de déboucher sur des appels à projets », confiait Alain Maugard à notre confrère, le magazine Batiactu vendredi dernier. « Nous voulons aller vite car l’amiante est un problème difficile à résoudre (…) c’est un sujet important et il n’y a pas une minute à perdre ».
Cette initiative, annoncée par la ministre du Logement, de l’Egalité des Territoires et de la Ruralité, Sylvia Pinel, fait l’objet de trois Ami. Le premier porte sur l’amélioration de la détection et de la mesure de l’amiante. Il s’agira d’expérimenter des méthodes de détection en temps réel des fibres, quitte à s’inspirer des tests pratiqués afin de protéger les employés dans l’industrie nucléaire. Au programme seront demandés des capacités de détection plus fiables et plus rapides mais aussi des outils de mesure avec une précision plus adéquate.
En ce qui concerne le second appel à manifestation, intitulé « Améliorer la gestion des opérations de travaux et des interventions en présence d’amiante », les entreprises seront sélectionnées sur leurs capacités à identifier des méthodes de confinement plus adaptées aux travaux de construction dont les exigences divergent selon l’avancement du chantier. Avec par exemple, des techniques de confinement en champ proche.
Enfin, le troisième appel, « Améliorer la gestion des déchets amiantés et les valoriser », concernera la neutralisation des matériaux de la manière la plus efficace et simple à effectuer possible. Pour cela, l’équipe du PRDA est en train de développer de nouveaux systèmes d’évaluation en formant une commission d’expertise. Pour le président, certaines techniques pourraient même être issues du secteur de la Défense pour lequel la lutte contre les agents pathogènes a été l’objet du développement d’équipements de protection capables de convenir au désamiantage. Avec un budget de 20 millions d’euros, le plan ne devrait pas manquer de candidats…
Ségolène Kahn
Commentez