Présentes principalement dans les pays tropicaux, notamment en Thaïlande et en Inde, la mélioïdose et la morve sont des maladies infectieuses sévères à mortalité élevée, causées par deux bactéries présentes dans l’eau et les sols humides, baptisées Burkholderia pseudomallei et Burkholderia mallei.
Deux bactéries candidates au bioterrorisme
À travers le monde, plusieurs équipes de recherche, notamment aux États-Unis, en Thaïlande, en France et en Italie, s’intéressent à ces deux bactéries étant donné le grand risque qu’elles présentent : infectiosité élevée à faible dose, transmission par des particules dans l’air, absence de vaccin. Résistantes aux antibiotiques, Burkholderia pseudomallei et Burkholderia mallei sont identifiées comme potentiels agents du bioterrorisme de la catégorie B par le Center for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis… Ce qui fait froid dans le dos.
Des cibles prometteuses
Ces deux bactéries possèdent à leur surface des molécules déterminantes dans la relation hôte-bactérie, les lipopolysaccharides (LPS) qui sont des composants essentiels de la membrane externe des bactéries. Les LPS présentent une région spécifique, l’antigène-O, en contact avec le milieu extérieur, qui joue un rôle clé dans la réponse immunitaire de l’hôte. A cet égard, des chercheurs de l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers (CNRS/Université de Poitiers) ont étudié les structures de ces antigènes-O et identifié sept molécules [di- et trisaccharidiques] qui les constituent. Ils ont ensuite réussi à synthétiser ces molécules en développant une voie originale. Résultat, l’affinité de ces molécules vis-à-vis d’anticorps dirigés contre Burkholderia a été ensuite mesurée par différentes techniques (ELISA, STD-RMN, SPR). Ce qui a permis de montrer que deux des disaccharides présentent une affinité particulière pour ces anticorps.
Vers des vaccins et outils de diagnostic
Par la suite, ces deux disaccharides ont été couplés à une protéine pour être injectés à des souris de manière à évaluer leur immunogénicité. Une forte réponse immunitaire a alors été observée pour l’un des deux disaccharides qui apparaît dorénavant comme un candidat prometteur pour cibler le développement de vaccins et d’outils de diagnostic. Reste à répéter la méthode pour d’autres bactéries candidates au bioterrorisme…
Erick Haehnsen
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