Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Des travailleurs isolés mieux protégés

De plus en plus de salariés sont concernés par le travail isolé. Pour limiter les risques dus à leur isolement, les employeurs sont tenus d'adopter des mesures de prévention et de les compléter par des dispositifs d'alarme. Ces équipements tendent vers la miniaturisation, tout en améliorant leur capacité à géolocaliser les travailleurs à l'extérieur comme à l'intérieur des bâtiments.

Avec l’accroissement des horaires atypiques, le développement de l’automatisation et le recours plus fréquent à des entreprises extérieures, on voit se développer le travail isolé. C’est en tout cas le constat que fait l’Institut national de la recherche sécurité (INRS), citant en exemple une quinzaine de secteurs dans une publication consacrée à ce sujet.

Outre la sécurité, les activités de maintenance ou le transport de marchandises, les auteurs citent aussi le secteur informatique où les personnes ont des astreintes les week-ends, les jours fériés et les nuits. Quant au secteur agroalimentaire, son personnel est appelé à intervenir de façon isolée en chambre froide.

La liste n’est d’ailleurs pas limitative sachant qu’on parle de situation de travail isolé dès lors qu’un collaborateur doit se rendre dans des réserves ou des locaux de stockage éloignés ou encore lorsqu’ils travaillent sur des chantiers étendus à l’instar des bûcherons ou conducteurs d’engins de travaux publics.

Nécessité d’évaluer les risques

Le fait qu’un salarié travaille seul ne constitue pas un risque en soi. Mais en cas d’accident, cet isolement peut aggraver la situation en l’absence de témoin. D’où la nécessité d’évaluer les risques encourus et de prévoir des mesures de prévention et de les compléter avec des dispositifs techniques d’alarme connus sous le terme de DATI (Dispositifs d’alarme pour le travailleur isolé).

Ces équipements personnels émettent une alerte en cas de chute, perte de verticalité ou immobilité prolongée. Ils se présentent sous des formes diverses tels que des badges, médaillons, téléphones mobiles DECT (Digital Enhanced Cordless Telecommunications) ou GSM (Global System for Mobile Communications), tablettes tactiles, ou encore montres connectées.

Ces DATI sont équipés d’un système de déclenchement d’alarme volontaire ou automatique. L’information est alors transmise jusqu’au poste de surveillance où l’appel fera l’objet d’une levée de doute, sachant que les déclenchements automatiques entraînent souvent la multiplication des fausses alarmes.

Caméra intégrée dans les DATI

Lorsque le DATI le prévoit, l’agent de télésurveillance ou tout autre destinataire de l’appel peut échanger oralement ou par message écrit avec le travailleur isolé. SoloProtect, un fournisseur de solutions DATI, va un cran plus loin. Il prévoit de lancer au début du quatrième trimestre 2018 un DATI embarquant, entre autres, une caméra-piéton, une carte Sim (Subscriber Identity Module) et un capteur accéléromètre.

Intégré dans un porte-badge, ce dispositif particulièrement léger – il ne pèse que 103 grammes – se porte par exemple sur le revers d’une veste. En cas d’agression ou tout autre situation urgente, l’utilisateur pourra appuyer sur le bouton SOS situé au dos du badge afin de déclencher une alerte rouge ayant pour effet d’activer la caméra et le micro.

De sorte que le télésurveilleur ou toute autre personne chargée de récupérer les alertes puissent visualiser les images et discuter avec la personne isolée. Voire dépêcher les secours si elle est inconsciente, sachant que le dispositif peut être géolocalisé à l’intérieur d’un bâtiment grâce à la présence de balises Bluetooth et WiFi. De quoi réduire sensiblement l’arrivée des secours.

Localisation Indoor améliorée

Un enjeu bien compris par le français Magneta, une entreprise centenaire qui distribue à elle seule plus de 10 000 DATI par an auprès de sociétés du CAC 40, de PME, d’artisans, etc. Pour aider au repérage du travailleur isolé dans un bâtiment, il prévoit d’intégrer dans son MGD002 un téléphone durci comportant deux touches SOS dédiées et programmables ainsi qu’un algorithme qui permettra de déterminer avec certitude la zone dans laquelle se trouve le travailleur isolé. «

Ainsi, lorsque celui-ci enverra un appel d’urgence, le message d’alarme inclura automatiquement cette information de localisation », indique Nicolas Morel, directeur général de Magneta. Cette PME de vingt personnes, dont trois ingénieurs développeurs au département R&D, prévoit de proposer cette offre de géolocalisation Indoor au dernier trimestre 2018.

Celle-ci sera proposée en option avec le MGD002 qui est, quant à lui, déjà disponible depuis 2016. Elle sera associée à des balises Bluetooth Low Energy (BLE). Pour recevoir les alertes, les clients auront le choix de passer par un télésurveilleur ou de gérer eux-mêmes les alertes grâce à la plateforme de supervision Easy-Alert opérée par Magneta.

Le Dati MGD002 enverra des messages enrichis pour mieux géolocaliser le travailleur isolé. © Magneta
Le Dati MGD002 enverra des messages enrichis
pour mieux géolocaliser le travailleur isolé.
© Magneta

DATI dématérialisé

A l’heure de la transformation numérique, les DATI ont eux aussi sauté le pas de la dématérialisation. En témoigne le français Suivideflotte.net, un spécialiste de la géolocalisation et gestion de flotte avec l’application mobile Beepiz.

« Depuis son lancement, cette app a été téléchargée par un millier de personnes et 800 alertes ont été remontées sur notre plateforme », indiquait en début de mois Julien Rousseau, le PDG de l’entreprise lors de la présentation à la presse de Beepiz.

Tournant uniquement sur smartphone Android, cette application a nécessité trois ans de développement. Une fois activée par le salarié, elle fait apparaître sur l’appareil une touche virtuelle SOS qu’il lui suffit d’actionner en cas d’accident ou de situation de panique.

Dès lors, l’alerte fournit aux secours la position GPS du travailleur s’il est à l’extérieur ou, s’il est à l’intérieur d’un bâtiment équipé de balises dédiées, le numéro de l’étage, voire le plan du bâtiment. Autre avantage du Beepiz, lorsque le travailleur isolé pénètre dans une zone non couverte par le WiFi ou un réseau radio mobile, il en est immédiatement averti et doit appliquer le protocole de sécurité prévu par l’employeur.

Il en va de même pour la plateforme, qui est avertie de l’isolement momentané du salarié.

Eliane Kan

Ce que dit le code du travail


« Les entreprises employant des travailleurs isolés doivent se conformer à la réglementation du 20 février 1992, décret 92-158, article R 4512-13 du code du Travail qui stipule que lorsque l’opération est réalisée de nuit ou dans un lieu isolé ou à un moment où l’activité de l’entreprise utilisatrice est interrompue, le chef de l’entreprise extérieure intéressé prend les mesures nécessaires pour qu’aucun travailleur ne travaille isolément en un point où il ne pourrait être secouru à bref délai en cas d’accident. »

Avec Beepiz, lorsqu'il n'y a pas de réseau, le salarié et le télésurveilleur en sont avertis. © Suivideflotte.net
Avec Beepiz, lorsqu’il n’y a pas de réseau, le salarié et le télésurveilleur en sont avertis. © Suivideflotte.net

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