Les entreprises et autres organisations sont de plus en plus nombreuses à recourir aux Serious Games et au sport pour mieux faire passer les messages de prévention, de bien-être et de performance. Tout en insufflant à leurs équipes un même sentiment d'appartenance. C'est, du moins, ce qu'avancent les éditeurs de Serious Games qui fleurissent en France.
De plus en plus d’employeurs estiment que la qualité de vie de travail au travail (QVT) doit concilier performance de l’entreprise et amélioration des conditions de travail. Par exemple, l’adaptation des postes aux besoins des salariés ou encore la réduction de la pénibilité. Cela passe par aussi par un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Ou encore par la diminution de l’inégalité entre les femmes et les hommes. Autant de notions qui ne vont pas forcément de soi pour les collaborateurs de l’entreprise sachant que la QVT dépend du sentiment personnel de chacun et du poste qu’il occupe. D’où l’intérêt de sensibiliser les collaborateurs par des actions de « gamification ». Héritée de l’avancée des neurosciences, cette démarche consiste à susciter l’engagement et la motivation intrinsèques des collaborateurs par le jeu. Qu’il soit réalisé en présentiel ou en virtuel. Partant du principe qu’on apprend et qu’on retient mieux en s’amusant, plusieurs entreprises proposent des contenus ludiques adaptés aux besoins de leurs clients afin de les aider à développer chez leurs collaborateurs des compétences aussi bien techniques que relationnelles. En France, où le marché des Serious Games (jeux combinant activités pédagogiques et ludiques), pèse aux alentours des 200 millions d’euros, les éditeurs excellent.
Messages de prévention encapsulés dans les jeux
A l’instar de Tricky, une PME d’une dizaine de collaborateurs créée en 2017 par David Labrosse, un passionné d’Escape Game. Son jeu consiste à isoler des personnes dans une pièce dont on ne peut sortir qu’après avoir résolu des énigmes. C’est d’ailleurs David Labrosse qui a eu le premier l’idée d’appliquer ce type de jeux aux problématiques d’amélioration des conditions de travail. « Nous encapsulons des messages de prévention qui sont distillés pendant les différentes phases du jeu », explique David Labrosse. Médecin en santé publique, ce dernier a conceptualisé cet outil de prévention avec l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). « Nous avons des processus très précis qui nous permettent de traiter n’importe quelle thématique de prévention et de designer des environnements immersifs qui vont faciliter l’acquisition de connaissances en savoir-être et savoir-faire », rapporte le dirigeant de Trick. Parmi sers clients, l’entreprise compte notamment la Carsat Nouvelle-Aquitaine qui utilise son Escape Game pour animer une démarche de prévention des troubles musculosquelettiques (TMS) dans les Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes).
Plus d’un millier de joueurs simultanés
Parmi les éditeurs d’Escape Game dédiés à la prévention des risques, citons aussi Emeraude Escape dont le dirigeant, Virgile Loisance, fait également partie des passionnés de ce type de jeu. Ce dernier utilise aussi les énigmes pour faciliter la diffusion de message de prévention sur les TMS ou les risques psychosociaux (RPS). « Il s’agit de sujets sur lesquels les collaborateurs ont habituellement du mal à se mobiliser », souligne le chef d’entreprise qui compte 35 collaborateurs dont des Game Designer, des ingénieurs pédagogiques, des graphistes, des illustrateurs, des décorateurs, etc. L’entreprise intervient essentiellement auprès des grands groupes. Elles les accompagne sur des problématiques diverses comme la prévention, la sensibilisation ou encore le Team Building (en français l’émulation d’équipe). Son catalogue regroupe 15 jeux de prévention d’une durée de 45 minutes. Un an après avoir créé son entreprise, Virgile Loisance comptabilisait en 2019 plus de 70 Escape Game pour Axa, Engie, Sanofi, SNCF etc. En 2020, la crise sanitaire, le développement du télétravail et les mesures de distanciation physique ont amené l’entreprise à digitaliser son offre. Ce qui lui permet d’organiser à présent des jeux virtuels avec plus d’un millier de participants simultanément et de se déployer à l’international. Son succès se heurte toutefois à quelques limites. Entre autres, 10 % à 15 % des entreprises se montrent encore réticentes aux nouvelles méthodes pédagogiques.
Culture et éthique pour favoriser la cohésion
Les Serious Games plus traditionnels ont donc encore de beaux jours devant eux. Parmi les acteurs, citons entre autres, Diversalis avec Divercity Game, un jeu de sensibilisation à la QVT, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), la diversité et le handicap. « Nous réunissons autour d’une table une quinzaine de personnes appartenant à différents services. Ce qui leur permet de connaître les différentes facettes de l’entreprise et de croiser leur point de vue », explique la dirigeante de l’entrepris, Émilie Toussaint. « Notre jeu contribue à révéler la culture et l’éthique de l’entreprise tout en favorisant la cohésion d’équipe par le partage de valeurs », souligne la chef d’entreprise. Pour que ces effets soient durables, Emilie Toussaint invite ses clients à recourir à cette démarche une fois par an. De quoi prévenir les crises dans la mesure où ce type d’outil est souvent utilisé en mode curatif.
Des applications pour des challenges sport-santé
Quoi de mieux, pour mobiliser les équipes sur la question du bien-être au travail que de les encourager à faire du sport. C’est d’ailleurs ce que propose la plateforme United Heroes éditée par Sport Heroes. Cette PME de 120 salariés part du constat que dans les grandes entreprises, une personne sur deux est stressée au travail et plus d’une sur deux se dit démotivée. En réponse à ces problématiques, l’éditeur a mis au point une application mobile qui encourage les salariés à pratiquer de la marche, la course à pied, la natation, le vélo, le fitness ou les sports collectifs. A chaque fois qu’ils pratiquent leur activité physique, ils se voient attribuer des récompenses. En outre, les collaborateurs sont invités à participer à des challenges sport-santé collectifs et solidaires. « Notre mission est d’aider les entreprises à améliorer le bien-être de leur collaborateur en proposant des outils qui les encouragent à la pratique du sport », résume Elsa Feugueur, directrice commerciale de Sport Heroes. La PME a ainsi conçu un programme qui aide les salariés à prendre conscience des bienfaits de l’activité physique au quotidien. Outre l’organisation des challenges, elle délivre des contenus rédactionnels, des prises de paroles d’expert et des cours de coaching. En moins de trois ans, la PME déclare avoir converti aux bienfaits de l’activité physique plus de 85.000 personnes réparties dans 200 entreprises et 150 pays. Joli score !
Éliane Kan
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