Considérées comme polluants éternels, ces substances massivement utilisées dans l’industrie persistent dans l’environnement. Pour les éliminer, des chercheurs de l’Université du Queensland ont inventé un solvant magnétique capable d’enrober et d’aimanter ces substances dans l’eau.
Textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, revêtements antiadhésifs, cosmétiques, produits phytosanitaires… pour fabriquer ces produits, les industriels se servent depuis les années 50 de substances perfluoroalkylées (PFAS). Connues pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs, les PFAS sont désormais considérées comme des produits chimiques éternels. Très difficiles à décomposer, elles persistent notamment dans les eaux de surface et l’eau potable. Récemment, des chercheurs australiens de l’Université du Queensland ont développé une technique astucieuse pour les neutraliser.
Des substances cancérigènes
Il faut dire que les substances perfluoroalkylées (PFAS) représentent près de 4 000 composés chimiques synthétiques. Elles ont notamment été liées à un nombre inquiétant de problèmes de santé, notamment des risques accrus de diabète et de cancer du foie. Une étude récente a révélé que leurs niveaux dans l’eau de pluie, presque partout sur Terre, dépassent les recommandations de l’U.S. Environmental Protection Agency (EPA). Pire encore, ces molécules stables s’avèrent très difficiles à décomposer, ce qui leur vaut l’appellation de produits chimiques éternels.
Un sorbant magnétique
Publié dans la revue Angewandte Chemie, l’article des scientifiques australiens dévoile une nouvelle technique pour éliminer les produits chimiques éternels toxiques de l’eau. Il s’agit d’une solution appelée « sorbant magnétique à base de polymère fluoré ». Introduite dans l’eau contaminée, elle enrobe les molécules de PFAS. Cela les rend magnétiques, de sorte qu’il est relativement simple d’utiliser un aimant pour attirer les polluants et les séparer de l’eau.
Des résultats en 30 secondes
Lors de tests effectués sur de petits échantillons d’eau chargée en PFAS, l’équipe a constaté que la technique pouvait éliminer en 30 secondes, plus de 95 % de la plupart des molécules PFAS. Y compris plus de 99 % du GenX, un produit chimique extrêmement nocif utilisé dans la fabrication d’ustensiles de cuisine, de peintures, de vêtements.
Une solution réutilisable
S’il existe d’autres techniques pour éliminer les PFAS telles que les catalyseurs déclenchés par la lumière UV, l’hydrogène ou l’eau supercritique, cette invention australienne présente quelques avantages. Par exemple, la solution peut être réutilisée jusqu’à 10 fois.
Un procédé sans électricité
De même, elle peut fonctionner beaucoup plus rapidement que les autres et ne nécessite aucune énergie supplémentaire pour déclencher la réaction. Étant donné que ce procédé ne nécessite pas d’électricité, il peut s’appliquer dans des communautés éloignées et hors réseau. Pour l’heure, les chercheurs se concentrent sur les tests en vue d’une commercialisation dans les trois prochaines années.
Ségolène Kahn
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