Avec 58 réacteurs répartis sur 19 centrales nucléaires, le risque est malheureusement bien réel d’être un jour confronté à un accident nucléaire en France. Les conséquences porteraient principalement sur le rejet de matières radioactives dans l’atmosphère contaminant l’homme, les sols et cultures, les animaux et les infrastructures. Cette situation obligerait à mettre à l’abri les populations, à procéder à des évacuations ou, à plus long terme, à instaurer des périmètres d’éloignement. On s’en doute, les acteurs de la filière nucléaire sont sensibilisés au sujet et travaillent à sécuriser les sites nucléaires ainsi qu’à former leurs équipes aux crises. Cependant, tout le monde se souvient du dernier accident majeur datant de 1980 : l’endommagement du cœur du réacteur A1 de Saint-Laurent-des-Eaux. Un accident classé niveau 4 sur l’échelle de l’International Nuclear Event Scale (Ines)… Si de nombreuses mesures de sécurité sont évidemment prises en amont pour éviter un nouvel accident, il est néanmoins nécessaire de former et de préparer en permanence tous les protagonistes à la gestion de crise.
Trois types de scénarios de formation
Face à ce constat, la société Crisotech, spécialisée dans la formation à la gestion de crise, offre son expertise aux acteurs du marché du nucléaire pour analyser les risques et contribuer à la conception de trois scénarios destiner à former les personnels à toute éventualité. A commencer par le scénario technique qui sera pris en charge par des experts du nucléaire. Vient ensuite le scénario socio-économique, assuré par Crisotech, qui permet d’anticiper les conséquences du scénario technique sur l’économie, la santé, l’ordre public et toutes les dimensions sociétales. Enfin le troisième scénario recrée les conditions de pression médiatique (ce qu’on appelle la pression médiatique simulée), est également piloté par Crisotech. « Notre métier, c’est la formation à la gestion de crise. Mais le sujet du nucléaire est particulier. Et il nécessite des compétences spécifiques, précise Grégoire Romatet, consultant chez Crisotech (anciennement Layer Cake). C’est pourquoi nous travaillons aux côtés d’experts et d’agences nationales comme l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ou l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). ce qui explique que nous nous focalisons sur notre périmètre métier, à savoir les scénarios 2 et 3. »
Des formations qui recréent les conditions du réel
Outre la gestion de crise, la société se positionne également sur le créneau de la sûreté des déplacements professionnels en zones à risques et de la protection de données sensibles. Originalité, elle recourt à des solutions pédagogiques innovantes comme les applications mobiles ou les Serious Games. A cet égard, elle vient de réaliser une mission pour le compte du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) en partenariat avec un grand opérateur sur un site nucléaire basé dans l’ouest de la France. Cet exercice à la gestion de crise, où Crisotech a piloté un groupe de travail sur le volet socio-économique, a mobilisé les experts du nucléaire, le cabinet du Premier ministre, tous les ministères, la zone de défense, la préfecture ainsi que les services déconcentrés de l’État.
En novembre 2016, Crisotech compte réaliser la pression médiatique simulée (PMS) de deux nouveaux exercices du ministère de la Défense et d’EDF. « Grâce à notre toute nouvelle plate-forme baptisée « Social Room », leurs équipes vont pouvoir se former à gérer la très forte pression médiatique que les réseaux sociaux génèrent, souligne Grégoire Romatet. Nous y intégrerons de multiples ressources qui simulent la réalité avec des articles de journalistes, des tweets de riverains, des reportages vidéo de télés… Il est capital de mettre les personnes formées dans les conditions du réel, car c’est là qu’elles apprennent à réagir de façon concertée et coordonnée aux réactions des médias et du grand public en situation de stress. »
Erick Haehnsen
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