Portés par la croissance de leur marché, les fabricants de contrôle d’accès rivalisent d’imagination avec des équipements à forte valeur ajoutée.
Développement du télétravail, renforcement de la sécurité des accès physiques et logiques, nécessité d’optimiser les coûts d’installation… autant de facteurs qui portent la croissance du marché du contrôle d’accès. Lequel recouvre, entre autres, les lecteurs de badges et de cartes, dispositifs biométriques, cylindres électroniques, automates, contrôleurs, logiciels et services. À en croire le cabinet d’études MarketandMarket, ce marché, dominé notamment par Assa Abloy, devrait passer de 8,6 milliards de dollars en 2020 à 12,8 milliards de dollars en 2025. Et ce, avec un taux de croissance annuel de 8,2 %. Le secteur s’appuie sur le développement des systèmes de sécurité sans fil, l’adoption croissante de systèmes de sécurité basés sur l’internet des objets et le déploiement de plateformes de Cloud Computing. Lesquelles permettent aux utilisateurs de gérer leurs installations à distance.
Développement d’écosystèmes
En France, les fabricants se frottent les mains. Et pour cause, il y a six ans, on estimait que seules 10 % des portes d’une entreprise étaient soumises à un contrôle d’accès en raison, notamment, du coût d’installation requis par le câblage. Avec l’avènement des cylindres électroniques équipés de lecteur RFID alimenté par piles ou batteries et actionnables par un smartphone ou une clé dédiée, ce chiffre a largement progressé. Ne serait ce qu’avec la multiplication d’espaces dédiés au coworking et des salles de réunions.
Boom des produits connectés
Face à cette explosion attendue des équipements sans fil, de nombreux fabricants développent leur propre écosystème afin de simplifier la vie de leurs clients. À commencer par le français Deny Security avec son écosystème Optimal qui réunit plusieurs solutions de serrures connectées. À savoir le cylindre électronique Optimal Lock et la béquille Optimal Hand. Sans oublier l’Optimal Locker, le verrou de casiers et armoires. Un produit qui répond aux nouvelles attentes des entreprises. « Avec le développement du télétravail dû à la pandémie, le partage des bureaux se développe. Ce qui nécessite des casiers et autres armoires pour que les salariés absents puissent y ranger leurs affaires », explique Martial Benoît, chef de produit chez Deny Security. L’entreprise qui existe depuis 1890 compte 140 personnes dont quatre ingénieurs électroniques au service R&D. Les produits sont fabriqués majoritairement en Baie-de-Somme où se trouve le siège social. Pour faciliter la vie de ses clients, l’entreprise propose donc un système de sécurité global baptisé Dom Connect qui permet d’intégrer tous ces nouveaux produits dans n’importe quel système de contrôle d’accès du marché. Pour y parvenir, Deny Security s’appuie sur son boîtier l’Optimal Box qui fait ainsi dialoguer avec n’importe quel logiciel de contrôle d’accès du marché ses serrures connectées. Dont la béquille Optimal Hand V2 actionnable à l’aide d’un smartphone Android ou iOS.
Digicode connecté
À l’heure de la pandémie et des gestes barrières, ce type de solutions connaît un intérêt croissant du côté des entreprises. Et ce, dans la mesure où elle évite aux collaborateurs d’avoir à toucher les poignées de porte. Autre avantage du smartphone, les salariés ont moins tendance à l’oublier contrairement au badge d’identification. Toutefois, aussi séduisante soit elle, l’ouverture d’une porte à l’aide d’un smartphone peut poser des problèmes de sécurité lors des échanges de données avec le cylindre électronique ou le lecteur d’identification. Un problème bien compris par le français CDVI qui fabrique ses solutions dans les Hauts-de-France. L’entreprise, créée en 1985, compte 260 collaborateurs dont une demi-dizaine d’ingénieurs spécialisés en chiffrement des données. « Nous proposons la solution de contrôle d’accès Atrium Krypto qui chiffre de bout en bout les informations depuis le téléphone ou le badge de l’utilisateur jusqu’au logiciel en passant par la centrale qui intègre son propre serveur », fait savoir Pascal Le Roux, vice-président de CDVI. L’entreprise finalise son dossier pour que cette solution soit labellisée par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) et, à terme, par l’Enisa (European Network and Information Security Agency – Agence de l’Union européenne chargée de la sécurité des réseaux et de l’information). L’actualité de CDVI s’enrichit par ailleurs d’une nouvelle application « My Digicode » qui permet d’autoriser l’entrée ou la sortie temporaire liée à une durée ou à un nombre d’accès. Ce procédé intéresse notamment les commerçants qui doivent gérer une ou deux portes en envoyant sur le smartphone du livreur ou de la femme de ménage un droit d’accès sans avoir à lui donner le code. Auquel cas, le smartphone communiquera en bluetooth avec le clavier du Digicode. Notons que cette solution sortie en juillet dernier ne fonctionne qu’avec les produits de la gamme Galeo.
Interphone antimicrobien
A l’heure où de plus en plus d’entreprises clientes s’inquiètent de la vulnérabilité des réseaux aux cyberattaques, le label ANSSI constitue un gage de qualité pour les fabricants de contrôle d’accès. Parmi lesquels, le français Castel qui propose aussi des solutions d’interphonie. L’entreprise qui réunit 120 personnes vient d’embaucher un ingénieur spécialisé en cybersécurité qui a pour mission de tester les failles présentes dans ses produits. L’enjeu étant qu’ils soient certifiés par l’ANSSI sachant que ses interphones dialoguent déjà avec les solutions de contrôle d’accès de Synchronic, un fabricant français de sécurité électronique. Rachetée en 2020 par Castel, cette PME de 68 personnes dispose de plusieurs solutions dont XSecur’. Fortement sécurisée, elle est dédiée, entre autres, aux sites sensibles et a obtenu la certification CSPN de l’ANSSI en 2018. « Depuis, cette solution a évolué, nous sommes d’ailleurs en cours de qualification auprès de l’ANSSI », rapporte Ali Mahmoud qui se trouve désormais à la tête d’un pôle de près de 200 personnes dont plus de 25 % en R&D. Ce qui lui permet d’innover. A l’instar de cet interphone dédié aux applications médicales et dont la face avant limite le nettoyage grâce à un traitement antimicrobien.
Contrôle d’accès au parking
De son côté, le fabricant STid (70 collaborateurs dont un tiers d’ingénieurs au service R&D) lance le Spectre Nano, un nouveau lecteur RFID UHF et Bluetooth pour sécuriser et fluidifier les accès parking. Fonctionnant comme un lecteur de télépéage, ce nouveau boîtier plus compact que son prédécesseur, communique avec des véhicules embarquant les identifiants UHF. Lesquels fonctionnent sans pile ni batterie. « Surtout, à la différence de son prédécesseur, ce lecteur lit les identifiants stockés dans le smartphone des visiteurs puisqu’il est compatible avec l’application STid Mobile ID qui dématérialise les badges d’accès », précise Vincent Dupart, PDG de STid qui enregistre une croissance de son activité de plus de 45 % par rapport à l’an dernier..
Serrure auto-alimentée
Les produits sans pile et sans batterie promettent de se développer dans le contrôle d’accès. Principale raison, un impact environnemental limité et une maintenance facilitée. Des arguments que met en avant le fabricant finlandais Iloq (220 personnes dont 25 personnes en R&D). L’entreprise certifiée ISO 27001 s’adresse au résidentiel, infrastructures critiques, collectivités et établissements publics tels que les écoles, hôpitaux, mairies avec des clés physiques et des serrures qui sont autoalimentées. Et ce, soit par l’énergie du smartphone, à l’instar du cylindre S50. Soit par l’énergie cinétique dégagée lorsqu’on insère la clé dans la serrure. C’est justement le cas du cylindre S5, sorti en mai 2020. « L’insertion de la clé dans la serrure suffit à effectuer la reconnaissance des droits d’accès et à autoriser ou non l’ouverture de la porte », résume Jean-Noël Galliot, directeur général d’Iloq. Bien-sûr, cette solution fonctionne de concert avec des lecteurs qui envoient leurs données vers un logiciel sécurisé situé dans un Cloud certifié aussi ISO 27001. À tous les niveaux de fonctionnement, la sécurité est garantie par un puissant cryptage AES 256. « Notre objectif, c’est de remplacer les organigrammes mécaniques, très coûteux dans le temps », prévoit le directeur général.
Nouveaux services associés au contrôle d’accès
Autre spécialiste du « sans pile et sans batterie », le fabricant Locken, propriété intégrante du groupe italien Iseo (1 300 collaborateurs dans le monde). L’entreprise s’adresse, entre autres, aux grands opérateurs de l’énergie et du transport ainsi qu’aux collectivités avec des clés électroniques utilisant la technologie par induction magnétique homologuée Atex. Ce qui permet de l’utiliser dans des atmosphères explosives. L’offre commercialisée depuis trois ans s’enrichit d’un module Bluetooth proposé en option. Ce qui lui permet de communiquer avec le smartphone des utilisateurs. « Avantage, lorsque ces derniers doivent se rendre ponctuellement sur un site, ils peuvent récupérer à travers leur smartphone des droits d’accès temporaires », explique Catherine Laug, directrice marketing et communication de Locken. Avec l’application MyLocken et sa toute nouvelle version, le fabricant compte multiplier les services. Ce qui augmente la valeur du contrôle d’accès, en réponse à la demande de ses clients. À titre d’exemple, lorsqu’un technicien pénètre sur un site, il peut y avoir un Beacon (balise connectée) qui détecte son smartphone et envoie une notification à son employeur pour confirmer sa présence sur les lieux. Quant au technicien, il peut aussi recevoir un message lui rappelant qu’il doit porter ses équipements de protection individuelle Avec ces deux exemples, le fabricant démontre ainsi la capacité de ses solutions à proposer d’autres services que l’ouverture et la fermeture des accès.
Alliance autour du protocole SSCP
L’implication des spécialistes du contrôle d’accès dans la lutte contre la cybermalveillance se concrétise par la création en 2020 du syndicat professionnel Smart Physical Access Control. Lequel réunit une vingtaine d’adhérents dont des fabricants comme Idemia, Coppernic, Salto, etc. des éditeurs comme Alcea, TIL Technologies, Secure Systems, Synchronic ou Elsylog, ou encore des institutions à l’instar de l’Anssi. L’enjeu est de porter à l’échelle européenne le protocole SSCP – Secure & Smart Communication Protocol – qui sécurise la communication entre les équipements de contrôle d’accès physique et logique. « SSCP est le seul protocole certifié par l’ANSSI qui répond aux enjeux des marchés de la sûreté et du smartbuilding », rappelle Vincent Dupart, PDG de STid. Choisir une solution protégée par SSCP, c’est garantir notre souveraineté européenne en matière de technologies de confiance et d’interopérabilité. » En passe de devenir européen, ce standard de communication très sécurisé comporte plus de clés de chiffrement que le protocole américain OSDP. « Par ailleurs, alors que ce dernier sécurise uniquement des lecteurs de contrôles d’accès, SSCP sécurise les échanges d’une multitude d’équipements filaires et sans fil, communiquant par RS485, USB TCP-IP, etc pour une sécurité homogène », fait valoir le PDG de STid.
Eliane Kan
Expoprotection Sécurité 2021
Retrouvez les dernières innovations en contrôle d’accès sur le salon Expoprotection Sécurité 2021 – le salon expert de la sûreté-sécurité, de la cyberprévention, et de la prévention incendie – qui se déroulera du 28 au 30 septembre, à Paris et en ligne sur expoprotection-securite-online.com.
Commentez