Première cause d'accident avec arrêt de travail, les mains doivent être plus que jamais protégées. Les fabricants y contribuent avec des gants toujours plus sûrs et confortables afin d'encourager les salariés à porter leurs EPI.
Sans cesse exposées aux risques de coupure, brûlure et autres blessures, les mains réclament d’être soigneusement protégées. Une pratique qu’il faut encore encourager sachant qu’elles constituent la 1re cause d’accidents avec arrêt de travail, et la première cause d’accident avec incapacité permanente selon la Fédération européenne des services d’urgences mains (Fesum). Cet organisme et ses 50 centres d’urgences pour les mains organisent un tour de France afin de sensibiliser les particuliers et les entreprises à prévenir les risques. Il faut savoir qu’une blessure, même minime, est susceptible d’entraîner des séquelles définitives. Une plaie de 2 mm de profondeur peut, par exemple, entraîner la section d’un tendon, d’un nerf ou d’une articulation, en créant un handicap plus ou moins long. D’où la nécessité de bien se protéger et d’adopter des gants adaptés aux risques et de sensibiliser le personnel. A commencer par les salariés en CDD, les intérimaires et les stagiaires qui ne bénéficient pas toujours d’une bonne formation aux gestes et aux EPI.
« D’une industrie à l’autre, le port de gants varie sachant que 80 % des salariés en sont équipés », observe de son côté Stéphanie Quilliet, chef de produits chez Sperian. Malgré la mise à disposition des gants, certains opérateurs n’enfilent pas toujours leurs EPI invoquant le manque de confort, la perte de dextérité, etc. Pour répondre à cet état de fait, les grands spécialistes du secteur, tels que Sperian travaille sur cette problématique. Il s’agit notamment de diminuer l’épaisseur des gants pour donner plus de dextérité aux doigts, de traiter la surface de la paume afin d’améliorer la prise en main des pièces, ou encore de réduire les phénomènes de macération ou de transpiration dus à un port prolongé de l’EPI.
Des problématiques sur laquelle se penchent aussi Ansell Healthcare, Comasec, Mapa, Rostaing. Les efforts des fabricants ne se concentrent pas uniquement sur le confort, ils veillent aussi à améliorer chaque année la protection aux produits chimiques ou aux risques de coupure. Sur ce point, certains fabricants ont décidé d’aller plus loin que la norme EN 388.
« Les utilisateurs sont plus exigeants sur la protection apportée à leurs salariés et jugent certaines normes insuffisamment représentatives des situations de risque rencontrées sur le terrain », soulève Guy Perrin, directeur marketing chez Mapa. Le groupe implanté dans plus de 90 pays produit un million de paires de gants par jour en Malaisie, au Brésil, au Mexique. « Les tests de coupure permettant d’obtenir la norme européennes EN 388 se pratiquent à l’aide d’une scie circulaire lisse agissant sous une pression faible », souligne le directeur marketing. « Or, ce mode opératoire n’est pas représentatif de tous les outils utilisés dans les entreprises, ni des pressions avec lesquelles s’exercent parfois les coupures. » D’où la décision de Mapa Professionnel de se conformer à des exigences supplémentaires qui sont imposées par la norme Iso 13997. Laquelle détermine la résistance à la coupure des gants et autres vêtements par des objets tranchants, sous des pressions variables. D’autres fabricants ont entamé la même démarche. A commencer par le Français Rostaing.
Les 7 conseils de l’INRS pour bien utiliser ses gants de protection
– Ne mettre des gants que sur des mains propres et sèches
– Vérifier que les gants sont exempts de défauts avant de les enfiler
– Changer fréquemment de gants
– Changer les gants dès qu’ils sont abîmés
– Retirer les gants immédiatement après un contact ou une projection de produits chimiques dangereux
– Au moment du retrait des gants, éviter de toucher l’extérieur des gants
– Se laver les mains et bien les sécher après le port de gants
Source : INRS
Optimiser la prise en main
Créée en 1789, cette entreprise aligne notamment une gamme TDM Cut de niveau 5 à la coupure selon la norme Iso 13997. Il s’agit d’un gant tricoté en fibres composites à base d’inox/Dyneema haute ténacité pour les métiers de l’emboutissage, des verriers et de la sidérurgie. Ce gant dispose également d’une version intégrant des picots pour faciliter la prise en main des pièces et diminuer les tensions musculaires et donc les TMS. Ces risques sont aussi au cœur de la stratégie de Mapa qui lancera le mois prochain un gant alliant une protection anticoupure de niveau 5 et une fonction grip en réponse aux besoins des opérateurs qui travaillent, par exemple, avec des plaques de tôles enduites d’huiles. Son nouveau gant « Krynit 582 » présente une surface microperforée et étanche au niveau de la paume des mains et sur les doigts. Ce qui apportera une meilleure prise en main tout en empêchant l’huile de migrer à l’intérieur du gant.
« Le grip » fait d’ailleurs l’objet d’une véritable course à la performance dans le secteur du gant. Parmi les compétiteurs, citons Ansell Healthcare avec son gant HyFlex 11-920,un EPI tricoté nylon avec, au niveau de la paume, une enduction nitrile qui le rend imperméable à l’huile. Ce gant intéresse les opérateurs qui ont à manipuler des composants en environnement légèrement huileux. « Nous avons mis au point une technologie qui crée à la surface du gant des microcanaux. Ces derniers servent à casser le film d’huile de sorte que le gant ait, à l’instar de la main, une adhérence graduelle à la pièce », résume Denis Leblond, directeur Europe du Sud chez Ansell Healthcare. « Comme les manipulateurs font moins d’effort pour serrer leurs pièces, ils sont moins fatigués et l’entreprise gagne ainsi en productivité », poursuit le directeur d’Ansell Healthcare, qui a développé ce procédé avec l’université de Birmingham. Laquelle a conçu un système de mesure pour prouver la réduction de l’effort.
Même démarche du côté de Comasec Marigold Industrial qui a, en revanche, développé ses propres méthodes pour mesurer le grip et le reproduire. « Même s’il ne fait pas encore l’objet de normes, le thème du “grip” est important car il est pris en compte par les entreprises dans leur analyse du risque », fait valoir Jérôme Friedrich, directeur commercial de l’entreprise. Laquelle apporte sa pierre dans le domaine avec, entre autres, le NitrotoughN100 Diamond. Recouvert d’une couche de mousse de nitrile ultramince sur la paume et les doigts, ce gant a été conçu avec une finition en forme de losanges (dite également en motifs diamants) sur la paume et les doigts. Un design qui lui donne une haute résistance à l’abrasion et un niveau élevé de grip. Autre cheval de bataille pour l’entreprise, celui du confort des utilisateurs, comme en témoignent ces deux nouveaux gants de protection supportés Comfort G26G et Comfort Z51G en matière synthétique (caoutchouc nitrile). A l’intérieur, se cache une doublure extrafine, sans couture, et en 100 % coton en jauge 13, qui améliore le contact avec la peau, la dextérité et absorbe mieux la transpiration de l’utilisateur qui peut porter son gant durant de longues heures. Une innovation qui repose sur un nouveau procédé d’enduction.
Le groupe Mapa cherche de son côté à diminuer les phénomènes de macération induits par un port prolongé. « Les développements sont en cours et devraient se traduire fin 2012 par un nouveau produit », prévient Guy Perrin, directeur marketing.
Pour améliorer le confort des utilisateurs, chaque fabricant rivalise d’imagination. Rostaing est monté au créneau l’an dernier avec les premiers gants chauffants ZES (Zone Energizer System) conçus pour des applications industrielles. Des produits destinés à l’industrie du froid, et des remontées mécaniques. « Le système de chauffe est inséré sur le dos de la main, il s’agit d’un fil conducteur brodé et relié à des batteries », explique Philippe Neff, le directeur ventes et marketing Europe, « sous l’effet de la tension, le fil chauffe pour atteindre une température de 28 degrés ». le système bénéficie d’une autonomie de deux à quatre heures selon son mode de fonctionnement, en continu ou par cycle.
Sperian a commercialisé en novembre dernier un gant résistant à la piqure et à la coupure. Picguard est un sous-gant résistant à la piqure par seringue. « Associé à la protection, Sperian a travaillé sur le confort et la dextérité de ce gant dont le textile haute densité peut résister également à des fils de fer », indique Stéphanie Quilliet, chef de produit gants Europe chez Sperian. Bénéficiant d’un traitement bactériostatique, ce gant lavable est destiné aux secteurs de l’industrie, du recyclage, des hôpitaux, etc. « La différenciation significative apportée sur le marché avec le lancement du sous-gant Picguard réside dans le confort et la dextérité », poursuit la chef de produits de l’entreprise qui recueille de plus en plus de demandes en faveur de gants plus respirants.
Attention aux irritations
Les fibres de verre entrent dans la composition de certains gants anticoupure. Or, lorsqu’elles sont mal ou insuffisamment gainées, elles provoquent des irritations. Ce défaut peut être détecté en frottant la partie textile des gants l’une sur l’autre. Un produit de mauvaise qualité fera apparaître des fibrilles de verre perpendiculairement à la surface du gant.
Exit le DMF
Autre thème de préoccupation pour les fabricants, la réglementation européenne qui interdit le recours à certaines molécules. Ce qui a conduit Mapa à supprimer des phtalates dans la composition de ses produits. Certains fabricants se sont attelés à retirer des solvants comme le diméthylformamide (DMF) utilisé habituellement pour fabriquer des gants en polyuréthane (PU). Soupçonné d’être modérément irritant pour la peau et légèrement toxique pour le derme, le DMF peut entraîner des lésions hépatiques et d’autres effets néfastes sur la santé en cas d’exposition intensive et chronique. Or, cette substance est utilisée habituellement pour fabriquer des gants en polyuréthane (PU). Des risques que Rostaing écarte avec le lancement du gant de protection aux risques mécaniques Watercut 4 (EN388 : 4443). A la fois souple et fin, il offre une excellente dextérité, même en milieu gras, qui garantit une très bonne protection contre les risques mécaniques. « Il s’agit d’un gant à enduction PU en phase aqueuse pour être plus respectueux de l’environnement et de la santé des utilisateurs », indique Philippe Neff, le directeur ventes et marketing Europe.
Comasec Marigold Industrial se distingue aussi avec la gamme Puretough commercialisée l’an dernier. Il s’agit d’une gamme de gants, avec un revêtement synthétique et de polyuréthane à base aqueuse, destinée au secteur de l’automobile, de la mécanique, du verre ou encore de la maintenance. Ces gants innovent en excluant tout produit nocif dans leur conception, protégeant ainsi aussi bien l’utilisateur que l’environnement. Citons en exemple le Puretough P5000, fabriqué à partir de polyéthylène haute ténacité et de fibres hautes performances, utilisant la technologie de tricotage Techcor. Sans DMF et silicone, ce gant bénéficie du plus haut niveau de résistance à la coupure (5/5) selon la norme EN388.
Même préoccupation environnementale exprimée par Ansell Healthcare avec, notamment, le gant Hyflex. Surtout l’entreprise a développé un logiciel qui permet aux grandes entreprises de définir leurs attentes. « Notre démarche comprend un audit au sein de l’entreprise où les postes de travail sont analysés sous l’angle de 18 critères en terme de protection (abrasion, coupure, protection chimique, etc.), de confort (respirabilité, dextérité, etc.) et l’aspect qualitatif », explique Denis Leblond, directeur Europe du Sud. Une fois l’audit réalisé, un rapport est présenté aux décideurs, intervenants HSE, responsables de la production et représentants du personnel. « Cette démarche permet d’améliorer la sécurité et de rationnaliser les références de sorte à optimiser les coûts de gestion », complète le fabricant, qui estime que moins il y a de références plus c’est facile d’éduquer les utilisateurs de sorte à limiter les erreurs ou les dérives d’utilisation. »
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