Face au désengagement des salariés et aux difficultés à recruter des personnes qualifiées, les entreprises sont invitées à repositionner les conditions de travail au cœur de leur démarche de Qualité de vie au travail.
Selon le Baromètre national sur l’engagement au travail édité en février dernier par la startup Supermood, plus d’un quart des salariés se déclarent désengager. De quoi mettre en péril les performances des entreprises. A cela s’ajoute la difficulté pour les organisations de recruter des employés qualifiés. C’est d’ailleurs ce que montrent différentes études dont celles de France Stratégie, organisme placé auprès du Premier ministre et la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère chargé du Travail. Si les entreprises mettent les difficultés de recrutement sur le compte de l’inadéquation du profil des candidats aux postes, ces derniers pointent du doigt des conditions de travail peu attractives. Par exemple, la pénibilité des postes, des horaires atypiques, le déséquilibre entre vie perso et vie pro, l’intensité des rythmes de travail ou encore le manque d’autonomie ou de ressources pour réaliser leurs tâches. Autant de facteurs qui montrent la nécessité pour les entreprises de se rendre plus attractives en améliorant la qualité de vie et les conditions du travail des salariés (QVCT).
Focus sur les conditions de travail
« Cette démarche repositionne les conditions de travail au cœur de l’action, rapporte Matthieu Pavageau, directeur technique et scientifique de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). La QVCT doit laisser de côté les mesures de confort, comme le baby-foot et les séances de massage, pour instaurer un dialogue social et professionnel sur les enjeux concrets du travail. En agissant sur l’organisation du travail et le management, il s’agit de construire les conditions du développement simultané de la santé des salariés et de la performance de l’entreprise. »
Obligation d’instaurer un dialogue social
Cette approche est d’ailleurs portée par l’accord national interprofessionnel (ANI) conclu le 10 décembre 2020 sur la QVCT . Ce texte vient ainsi renforcer l’ANI QVT de 2013. Le remplacement de la QVT par la QVCT est d’ailleurs institutionnalisé par l’article 4 de la loi n° 2021-1018 du 2 août 2021 qui l’intègre dans le code du travail en vigueur depuis le 31 mars 2022. Pour les employeurs, cette évolution se traduit par l’obligation d’instaurer un dialogue sur le contenu du travail et sur son organisation. De quoi donner du sens au travail et améliorer l’attractivité des entreprises. Mais pas seulement. « La QVCT peut aider les organisations à faire face aux enjeux de soutenabilité du travail en prévenant notamment l’usure professionnelle et les aider aussi à projeter des possibles pour anticiper les évolutions nécessaires, des métiers ou des modes de production », estime Matthieu Pavageau.
Impliquer la direction générale et le CSE
Pour passer de la QVT à la QVCT, le directeur technique de l’Anact rappelle que la démarche doit être portée au plus haut niveau de l’entreprise. Elle nécessite aussi d’impliquer le Comité social et économique (CSE) et de créer une instance de pilotage paritaire qui aura pour mission de cadrer la démarche. Les acteurs peuvent se référer aux repères pratiques QVCT diffusés par l’Anact. Ceux-ci valorisent notamment l’étape de partage d’un diagnostic sur la QVCT identifiant des situations de travail à faire évoluer et des expérimentations prioritaires. Enfin, l’Anact préconise aussi d’évaluer les effets de la démarche qualitativement et quantitativement pour suivre ses effets dans le temps.
Eliane Kan
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