Entre le feu et les risques naturels que subissent les entrepôts logistiques, comment se répartit la sinistralité ?
Tout d’abord, cette sinistralité des entrepôts pèse 2 milliards d’euros sur une période allant de 2003 à 2012 ! Et 43% de ces 2 milliards sont liés essentiellement à des événements naturels : le vent, les inondations, les tremblements de terre, la grêle, la foudre.A côté de cela, 37% concernent l’incendie. En fait, la première chose à faire lorsqu’on a un projet d’entrepôt, c’est de bien réfléchir à son lieu d’implantation. En clair, mieux vaut éviter les zones à risque, à savoir surtout les zones inondables ainsi que la trop grande proximité des côtes marines. On réduirait ainsi significativement la probabilité du risque.
Mais il y a d’autres risques naturels qui, bien que courants, n’en sont pas moins problématiques…
Effectivement : pluie, grêle, neige, foudre… ce sont des risques classiques que l’on sait bien dimensionner entre autres dans la conception de la toiture ainsi que des évacuations des eaux pluviales. En fait, il est conseillé, par exemple, d’installer un système secondaire de sur-verse qui fait un peu penser aux gargouilles de nos cathédrales du moyen-âge. Ce système de sur-verse viendra en complément d’un système primaire si ce dernier en venait à se boucher. En France, notre première source de sinistralité en 2014 a été la grêle qui abîme et perfore les toitures, notamment par les points vulnérables que peuvent être les dômes de lumière et les exutoires de fumées. Or il existe maintenant des verres (trempés par traitement thermiques) ou des plastiques (munis de films protecteurs) qui assurent une excellente résistance à la grêle. Côté foudre, les paratonnerres reliés au sol permettent d’isoler l’entrepôt en créant une sorte de cage de Faraday. C’est une solution technique éprouvée.
La France a connu l’an passé des épisodes sismiques, notamment en Bretagne. Sans être graves, cela conduit à se poser des questions. Y a-t-il du nouveau sur ce front ?
Pour les entrepôts, le principal risque lié aux tremblements de terre, c’est que les racks de mettent à jouer aux dominos, c’est-à-dire que le premier rack se renverse et, dans sa chute, entraîne tous les autres. Notre recommandation consiste à ancrer les racks au sol en veillant à ce que jusqu’à 4 points de fixation par pied soient bien boulonnés, là où, en général, 2 boulons suffisent. Certains clients réfléchissent à des systèmes de racks automatisés à très grande hauteur qui sont autoporteurs de la structure de l’entrepôt. C’est-à-dire qu’on monte les racks et les sprinklers en même temps, ensuite, le toit et les murs. L’idée, c’est que plus l’entrepôt est élevé, plus on a besoin de solidariser les racks et la structure afin de garantir la stabilité de l’ensemble. Nous travaillons avec de grands groupes comme Inditex (Zara) ou Sanofi dans cette démarche depuis 2010.
Que doivent négocier les logisticiens avec leur assureur ?
La première discussion définit ce qu’on protège et ce qu’on ne protège pas en garantissant les coûts d’exploitation les plus bas possibles. Donc c’est une vraie discussion stratégique ! Quelles sont les installations les plus stratégiques, les contrats les plus importants. Il faut aussi rajouter le client du logisticien dans la boucle de discussion. On veut donner au logisticien des arguments pour sensibiliser ses clients en prenant en compte dès le contrat la protection des marchandises afin de limiter la volonté du service Achats de tirer les prix trop vers le bas. En Russie, par exemple, les clients de nos clients ont expliqué que la vodka ne brûle pas et qu’il n’y a donc pas besoin de la protéger ! C’est aussi à ce type de discussions que les transporteurs-logisticiens sont confrontés !
Propos recueillis par Erick Haehnsen
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