En termes d’émissions de CO2 en tonnes par habitant, les États-Unis sont les pires pollueurs de la planète avec 17 t, contre 11 t pour la Russie, 9,8 t pour le Japon, 7,5 t pour la Chine (néanmoins plus grand pollueur en termes de volume d’émissions avec 10.357 Mt en 2015 selon les Global Carbon Project rapportés par Statista), 5,3 t pour la France et 1,5 t pour l’Inde. Ce qui est le cadet des soucis de Donald Trump, le président américain. « J’ai été élu pour représenter les citoyens de Pittsburgh, pas de Paris », a-t-il déclaré lors de son discours annonçant le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Certes, M. Trump a respecté sa promesse à l’égard de son électorat et de leurs régions. Mais rien n’empêchera des États et des villes de continuer à s’inscrire dans le processus de la COP21.
La fronde s’organise aux États-Unis
Berceau des mineurs blancs qui ont voté pour M. Trump, la ville de Pittsburgh se trouve dans l’État américain de Pennsylvanie. Pourtant, le maire de la ville, Bill Peduto, ne respectera pas ce que demande le président américain. « Les maires à travers le pays sont outragés. Tous ceux que j’ai contactés sont pour l’accord de Paris. Ce n’est pas seulement pour l’environnement, mais pour les gens et pour notre économie », a réagi Bill Peduto. Même le Texas, très conservateur et pétrolier n’arrêtera pas sa transition énergétique. Pragmatiques, élus et grands entrepreneurs savent qu’il faut prévoir des énergies de substitution, plus prometteuses d’emplois que le charbon. « Je sais que le président traite le changement climatique de canular, comme la majorité du congrès. Mais le reste du monde y croit », a indiqué Edmund G. Brown, le gouverneur de Californie qui, avec ceux de Washington et de New York, vont former une alliance pour le climat devant se réunir dans les prochains jours.
La COP21 est-elle viable sans les États-Unis ?
Que va devenir l’accord de Paris sur le climat sans les États-Unis ? Peut-on craindre une nouvelle hausse des températures mondiales ? Rappelons que le 12 décembre 2015, 197 pays se sont engagés à limiter le réchauffement climatique à deux degrés d’ici à la fin du siècle. Réduction des émissions de gaz à effet de serre, développement des énergies renouvelables, création d’un fonds vert pour le climat… Mais il est vrai qu’avec la volte-face de Donald Trump ce jeudi 1er juin, ces objectifs s’éloignent. « Si on n’atteint pas les objectifs de l’accord de Paris, si on ne remonte pas l’ambition, nous irions peut-être vers plus de trois degrés à la fin de ce siècle, précise le climatologue et glaciologue Jean Jouzel. Ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui devront faire face à un climat extrêmement difficile, auquel il leur sera difficile sinon impossible de s’adapter dans certaines régions. » Cela aggraverait les tragédies climatiques : tempêtes, montée des océans, sécheresses, perte de biodiversité, pollution…
Front commun anti-Trump
La riposte n’a pas tardé. La Chine et l’Union européenne ont annoncé qu’elles intensifiaient leur coopération pour lutter contre le réchauffement climatique. Elles affichent un front commun contre le retrait des États-Unis de l’accord de Paris. Pour Donald Tusk, président du Conseil de l’Europe, « la lutte contre le changement climatique se poursuivra avec ou sans les États-Unis. » Européens et Chinois promettent ainsi d’accroître leur coopération dans la réduction de l’utilisation des énergies fossiles ou dans le développement des technologies vertes. Un fonds de 90 milliards d’euros destiné à aider les pays pauvres devrait être constitué.
Pas de planète B
De son côté, Emmanuel Macron, président de la République, n’a pas attendu deux heures après la déclaration de Donald Trump pour réagir à la décision du président américain. Tout d’abord, il s’est entretenu par téléphone avec son homologue américain, lui opposant une fin de non-recevoir à sa proposition de renégocier les accords de Paris. « Rien n’est négociable dans les accords de Paris », lui a-t-il signifié. Paris et Washington « continueront à travailler ensemble » mais pas sur le climat. Aux alentours de 23h36, ce 1er juin, le président français de la République s’est exprimé depuis l’Elysée dans une allocution télévisée aux côté de Michael Bloomberg, maire de New York, et d’Anne Hidalgo, maire de Paris. « Je respecte cette décision souveraine mais je la regrette et je considère qu’il commet là une erreur pour les intérêts de son pays et de son peuple et une faute pour l’avenir de la planète. La France appelle l’ensemble des pays signataires à demeurer dans le cadre de l’accord de Paris […] et à ne rien céder […]. A tous les scientifiques, ingénieurs, citoyens engagés […], venez travailler avec nous, a lancé Emmanuel Macron. Ce soir les États Unis ont tourné le dos au monde mais la France ne tournera pas le dos aux Américains […]. Il n’y a pas de plan B parce qu’il n’y a pas de planète B. » S’adressant ensuite en anglais aux États-Unis, Emmanuel Macron a répété une partie de son discours en concluant sur un détournement du slogan de campagne de Donald Trump : « We will make our planet great again [Nous rendrons à notre planète sa grandeur]. »
Erick Haehnsen
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