EPI à usage unique, contamination résiduelle, risque chimique… Pour garantir la protection des opérateurs sur les sites nucléaires qui doivent manipuler des substances contaminées, le fabricant d’EPI vient de publier une liste de recommandations.
Jeudi 8 août, dans le Grand Nord de la Russie, une puissante explosion nucléaire est survenu sur une plateforme maritime de la base militaire de Nionoksa, site spécialisé dans les essais nucléaires de missiles balistiques. Bilan : cinq morts, trois blessés et des taux de radioactivité dépassant jusqu’à 16 fois le taux normal, selon l’agence russe de la météorologie. Pour rappel, les victimes, des ingénieurs en charge du support technique, ont succombé à des brûlures dues à l’explosion du missile. Face à ce drame, le fabricant d’équipements de protection individuelle (EPI) Dupont vient de publier un communiqué dans lequel il rappelle les enjeux cruciaux du port d’une protection adaptée en cas de manipulation de substances radioactives et de matières contaminées.
300 projets nucléaires en cours
En préambule, le fabricant rappelle qu’il existe actuellement 450 réacteurs nucléaires implantés dans 31 pays. Et le secteur n’est pas prêt de ralentir : 50 réacteurs nucléaires sont en construction et 300 projets en cours de préparation. Recherche et essais nucléaires, inspections sur site, retraitement, déclassement, maintenance générale… les opérations liées à la manipulation de substances radioactives contaminées sont nombreuses et le risque de contamination élevé.
Gare à la contamination résiduelle
Outre l’exposition aux rayonnements ionisants, considérée comme le danger majeur, le fabricant tient à mettre en garde contre un risque plus négligé, à savoir la contamination résiduelle. Laquelle consiste à s’exposer aux poussières particulaires inhalées ou en contact direct avec la peau. En guise d’exemple, il cite l’exploitation ou le déclassement d’une centrale, durant lesquelles certaines opérations relâchent dans l’air des particules radioactives résiduelles, à savoir des poussières ou de la silice contaminées.
Exposition chimique
Outre l’exposition radioactive, rappelons que les opérateurs de sites nucléaires sont soumis au risque chimique lié aux produits qu’ils manipulent et aux éclaboussures liquides. Parmi ces produits, qui sont tous corrosifs pour la peau, figurent par exemple les acides sulfuriques ou nitriques et l’hydroxyde de sodium. Sans compter que ces produits peuvent également être contaminés par la radioactivité…
Des EPI à usage unique
D’où l’importance de porter un équipement adapté : un vêtement de protection à usage unique couplé à un appareil respiratoire approprié, qui, selon Dupont, représentent le seul moyen d’éviter une éventuelle contamination. Conçus pour faire barrage à un maximum de particules qui pourraient pénétrer directement, par transfert ou perméation, ces vêtements doivent absolument être détruits une fois utilisés. Et ce, dans des conditions contrôlées. Autre conseil : mieux vaut adopter un vêtement qui couvre le plus de parties corporelles possible, le mieux donc étant une combinaison à capuche.
Vérifier le taux de fuite vers l’intérieur
Pour valider l’efficacité d’un EPI, il existe un autre paramètre crucial à prendre en compte, la résistance des vêtements de protection aux particules, appelée également taux de fuite vers l’intérieur ou IL (Inward Leakage). Cette mesure a pour fonction de mesurer le taux de particules fines capables de s’infiltrer dans le vêtement. Plus ce taux est faible, moins les risques de contamination sont donc élevés. Les applications nucléaires réclament, selon le fabricant, un IL inférieure à 1% selon la norme EN 1073-2.
Attention aux points d’entrée
Enfin, il faut vérifier les « points d’entrée » potentiels à travers lesquels les particules peuvent s’immiscer comme, par exemple, les coutures. Bien sûr, ils doivent correspondre au même standard de protection que l’EPI lui-même.
Ségolène Kahn
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