Cette manifestation traitera de l'addictologie au travail de façon transdisciplinaire : état des lieux des connaissances et des modèles de prévention, dialogue recherche/intervention, analyse des pratiques professionnelles, formation continue, débats en plénières et en ateliers.
CONGRÈS ADDICTOLOGIE ET TRAVAIL 2014
Travail, santé et usages de substances psychoactives
État des connaissances et modèles de prévention
1er congrès Addictologie, santé et travail organisé par l’association ADDITRA (Addictologie et Travail) en partenariat avec le CRTD (Centre de recherche sur le travail et le développement du CNAM), la Fédération Addiction, le GESTES (Groupe d’Etudes Sur le Travail Et la Souffrance au travail dont les actions sont financées par le Conseil Régional Ile-de-France) et la MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Toxicomanies).
Les enjeux scientifiques et professionnels du congrès
Ce congrès veut s’employer à quitter le plan des confrontations morales et juridiques pour s’ancrer dans la connaissance des conduites de consommation telles qu’elles existent : dans les effets réels qu’elles produisent, les traces qu’elles laissent, du point de vue des différents protagonistes et des différentes sciences (employeurs, salariés, soignants, préventeurs / sciences du travail, épidémiologie, droit, sciences politiques). Dans une logique de santé et d’action, il s’agit de s’intéresser au travail non pas seulement comme un contexte, un environnement, dans lequel se manifesteraient des consommations de SPA individuelles – ou leurs effets – mais comme une des composantes, un des sens, de ces usages, et de leurs effets, recherchés, encouragés, cachés, ou subis. Mieux décrire et comprendre cette complexité est toute l’ambition de ce congrès.
Historiquement, la prévention a consisté à lever le déni en ce qui concerne les consommations d’alcool, de drogues illicites et de médicaments psychotropes dans le monde du travail [INSERM, 2003, MILDT, 2009, 2010]. Dès l’origine, les analyses et les recommandations en prévention sont construites dans une perspective unique : « usages d’alcool ou de drogues = risques » VS « abstinence = santé », mais les dangers associés à certains usages sont plus affirmés que démontrés [Beck, 2010 ; Peretti-Vatel 2011] et l’ambivalence des consommations, dangerosité VS ressource, sont rarement décrites et analysées [INSERM, 2003 ; Molinier Flottes, 2012]. Dans les entreprises, directions, syndicats, médecins du travail, salariés, sont aujourd’hui sensibilisés pour agir, principalement sur le tabac, l’alcool et les drogues illicites, mais ils restent peu alertés, voir réfractaires, quant à l’analyse de leurs composantes professionnelles [INRS, 2008 ; MILDT, 2010]. La relation travail/usages et mésusages de SPA est enfermée dans un questionnement univoque : une réalité qui nuit à la sécurité et à la productivité des travailleurs et des travailleuses « situant les origines du problème à l’intérieur de l’individu ou du moins en dehors de l’entreprise » (Negura, Maranda, Genest, 2011). Agir consiste non pas à identifier et analyser les consommations de SPA comme « situations-problèmes », mais à organiser l’interdiction ou à gérer les incapacités et les troubles du comportement individuel. Un consensus d’opinions empêche les délégués syndicaux [Maranda et Morissette 2002 ; Rhéaume et Chenel 1998], les encadrants et les responsables RH [Maranda, 2005], de relier comportements individuels et organisation du travail. Présents dans l’entreprise, ces freins sont encouragés par les pouvoirs publics sous l’influence d’une médicalisation des questions sociales et des modèles répressifs de la prévention [Crespin, 2012].
Aujourd’hui l’enjeu est donc de lever le déni en ce qui concerne les interrelations multiples entre « travail » / « usages et mésusages de substances psychoactives (SPA) » / « méthodes de prévention » [Maranda, 2002, 2003, 2011]. Aujourd’hui, le travail change [Boussard, 2008 ; Lallement, 2010 ; Clot, 2011], les « salariés » et les employeurs changent (plus de femmes, plus de diversité culturelles), les produits et les usages changent [Hautefeuille, 2011 ; Beck, 2012]. Instruire plus avant ces constats n’est ni une mise en accusation des politiques publiques ou de l’organisation du travail, ni une occultation des responsabilités individuelles, c’est une recherche pour adapter l’action et la formation des protagonistes du travail et du soin, aux réalités contemporaines et professionnelles des consommations de SPA. Ce temps de recherche n’invalide pas l’action au contraire puisqu’elle doit permettre de l’ajuster au plus près et au plus juste des situations concrètes d’usage dans les activités de travail.
Il est temps de….
Questionner les connaissances sur les consommations de substances psychoactives, le travail, les acteurs et les actions en prévention : s’agit-il de soigner des malades, d’identifier et de réduire des risques ou de transformer le travail ?
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