www.info.expoprotection vous propose un premier bilan de cette journée de rencontre des directeurs sécurité, autour des menaces qui pèsent sur les entreprises françaises...
A retenir
> De nouvelles menaces émergent et ne visent plus seulement les installations physiques :
– Prédation de ressources (Vol, fraude interne, piraterie routière, extorsion, espionnage, etc.)
– Parasitisme (Blanchiment et trafic illégaux s’appuyant sur l’entreprise).
– Destruction (meurtres, destruction, dégradation).
– Compétition (contrefaçon, prédation de marchés publics, prise de contrôle actionnariale de l’entreprise).
> Le terrorisme a connu une importante mutation : il n’est plus importé mais implanté
> Pour la première fois dans l’histoire : l’ennemi ne va pas de soi. Il peut nous ressembler.
> Le terrorisme n’est plus, pour certains le risque numéro 1. Il est supplanté par certains risques naturels et les pandémies.
> Pour anticiper et se tourner concrètement vers l’avenir, une mutualisation des moyens et des sources d’information s’impose.
> Les nouvelles technologies favorisent les activités délictueuses et criminelles.
C’est dans le cadre prestigieux des locaux de l’OCDE que s’est tenu hier le colloque du Club des directeurs sécurité en entreprise (CDSE). A l’ordre du jour et ayant pour base les premiers résultats de l’enquête réalisée conjointement par le CDSE et l’Edhec, la vaste et importante question des nouvelles menaces qui pèsent sur les entreprises et la manière dont elles s’y adaptent.
« Des ennemis qui ne vont pas de soi »
C’est Henri Proglio, Président directeur général d’EDF et Président du conseil d’administration de Veolia, qui a eu l’honneur d’ouvrir les débats : « Nous constatons, chez EDF mais également dans beaucoup d’autres grandes entreprises, que les actes de malveillance qui se sont longtemps limités à viser les installations physiques, ont aujourd’hui de plus en plus pour cibles nos systèmes d’information. Je me demande si, face à toutes ces nouvelles menaces – attaques informatiques, mobilisations plus ou moins violentes et plus ou moins festives de groupes de pression et autres ONG… – la législation pénale est encore adaptée à ces nouveaux comportements ? ».
Alain Bauer, criminologie et Président de l’Observatoire national de la délinquance (OND, lui a succédé à la tribune, . Pour lui, « le crime, en cette période de crise, n’est pas en récession. Il est même boosté par la crise et se tourne vers d’autres « marchés » : traitement des déchets, environnement ». « Il faut d’ailleurs reconnaître, a-t-il ajouté de manière un peu provocatrice, que le crime est le modèle étalon de l’entreprise libérale avancée qui génère plusieurs milliers de milliards de dollars de chiffre d’affaires chaque année ». Alain Bauer a également insisté et regretté sur cette question une certaine forme d’aveuglement en matière de lutte contre le crime organisé : « Il n’existe pas de cycle, de fin de cycle, dans les organisations mafieuses. Pas de dernier parrain, celui-ci sera remplacé dans les jours ou les semaines suivantes. Pas de fin du numéro 3 d’Al Qaida, il sera lui aussi remplacé ». La lutte contre ces menaces est donc un effort constant, d’autant plus qu’en matière de terrorisme « nous sommes passés d’un terrorisme importé à un terrorisme implanté : le terroriste est né dans le pays. A ce sujet, la police de New York a réalisé une enquête dont les résultats sont assez révélateurs : la part des terroristes nés sur le territoire américain a augmenté de manière significative ces dernières années. Les policiers new-yorkais expliquent cette tendance par le rôle accélérateur d’Internet. Les frontières n’existent plus. On peut rapidement former, envoyer les informations nécessaires à une cellule et la mobiliser grâce au réseau ». Avant de conclure : « Il faut bien comprendre que c’est l’adversaire qui a la main », a-t-il conclu.
Alain Bauer est rejoint en cela par le Belge Yves de Mesmaeker, Secrétaire général de l’Association européenne pour la sûreté d’entreprise (Ecsa) et vice-président de l’Institut pour les conseillers de la sûreté (ISA) : « Les terroristes le disent… Il ont un important avantage sur nous. Eux, ils doivent avoir de la chance une seule fois. Nous, nous devons en avoir tout le temps ». Constat peu rassurant mais qui exprime le caractère totalement nouveau de ces mutations du terrorisme. En effet, pour tenter de limiter les risques d’être malchanceux, il est impératif de comprendre que l’identification de la menace en matière de terrorisme ne correspond plus « au barbu au couteau entre les dents ». Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’ennemi ne va pas de soi…
> Un chiffre à retenir : 25 %… C’est la part dans les réserves monétaires mondiales de l’argent sale lié au blanchiment.
Al Qaida : que du faux
> Al Qaida : ce n’est pas le vrai nom. C’est une dénomination facile mise en avant par les services américains. La véritable appellation est « Front international islamique de lutte contre les Juifs et les Croisés ».
> C’est d’ailleurs de cette appellation d’origine que découle sa véritable structure. Al Qaida n’est pas une organisation. C’est plutôt une nébuleuse. Alain Bauer parle même de « franchise » qui a tout de même survécu à la perte de 15 000 de ses membres. Ce qu’aucune « organisation » n’aurait pu digérer…
> Ben Laden n’en est pas le chef. Il joue plutôt le rôle de porte-parole.
Les menaces viennent de partout…
« Il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, les bombes et les attaques commerciales peuvent venir de n’importe quel pays avec lequel on fait des affaires, a expliqué Michael Levi, docteur en sciences sociales à l’Université de Cardiff et membre du groupe de recherche sur la criminalité et la justice (CJRG). En matière de félit financier, l’ennemi nous ressemble… ».
« Il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, les bombes et les attaques commerciales peuvent venir de n’importe quel pays avec lequel on fait des affaires, a expliqué Michael Levi, docteur en sciences sociales à l’Université de Cardiff et membre du groupe de recherche sur la criminalité et la justice (CJRG). En matière de félit financier, l’ennemi nous ressemble… ».
Ces menaces protéiformes posent d’importants problèmes d’adaptation aux entreprises et aux états. Comment se préparer à une pandémie, à une campagne de dénigrement de sa marque et de l’image de l’entreprise, à l’éventualité d’une inondation, d’un tsunami ?
Pour Pierre-Alain Schieb, Conseiller du Secrétaire général de l’OCDE et chef des projets sur l’avenir à l’OCDE, il faut aujourd’hui s’interroger sur l’éventuelle propagation des risques et se demander « à partir de quel seuil une crise devient irréversible, afin de pouvoir définir au préalable et efficacement l’action de l’Etat, des pouvoirs publics qui pourra venir soutenir celle des acteurs économiques ». Toujours selon Pierre-Alain Schieb, « il faut bien comprendre qu’aujourd’hui le terrorisme n’est pas LE risque majeur pour certains Etats. Par exemple, dans un classement réalisé par le gouvernement du Royaume-Uni, le risque inondation arrive en tête, suivi par les pandémies. Le terrorisme ne se place qu’en troisième position ».
Cette globalisation des menaces, ces mutations posent donc pour les experts et les responsables d’entreprises la question de la mutualisation des moyens. Comment faire travailler ensemble les acteurs économiques et les pouvoirs publics ? Peut-il exister des passerelles en matière de renseignement ? Quelles sont les compétences de chacun pour agir dans l’intérêt commun : le développement de l’économie ?
Face à ces nouvelles menaces, le plus important n’est pas de compiler une somme de plus en plus importante de données. Mais d’être capable de les analyser afin de pouvoir se poser les bonnes questions… Il ne faut pas, par exemple, se demander aujourd’hui, comment faire pour empêcher l’Iran d’avoir LA bombe mais plutôt s’interroger sur ce que l’on fera quand il l’aura…
« La surprise stratégique ou ce qu’on appelle le « syndrome d’Azincourt » arrive rarement. C’est l’aveuglement stratégique qui est le plus courant ». Xavier Raufer, Directeur des études au département recherche sur les menaces criminelles contemporaines à l’Institut de criminologie de l’Université Paris II et enseignant à l’Institut de criminologie de Paris.
Ces menaces protéiformes posent d’importants problèmes d’adaptation aux entreprises et aux états. Comment se préparer à une pandémie, à une campagne de dénigrement de sa marque et de l’image de l’entreprise, à l’éventualité d’une inondation, d’un tsunami ?
Pour Pierre-Alain Schieb, Conseiller du Secrétaire générale de l’OCDE et chef des projets sur l’avenir à l’OCDE, il faut aujourd’hui s’interroger sur l’éventuelle propagation des risques et se demander « à partir de quel seuil une crise devient irréversible, afin de pouvoir définir au préalable et efficacement l’action de l’Etat, des pouvoirs publics qui pourra venir soutenir celle des acteurs économiques ». Toujours selon Pierre-Alain Schieb, « il faut bien comprendre qu’aujourd’hui le terrorisme n’est pas LE risque majeur pour certains Etats. Par exemple, dans un classement réalisé par le gouvernement du Royaume-Uni, le risque inondation arrive en tête, suivi par les pandémies. Le terrorisme ne se place qu’en troisième position ».
Cette globalisation des menaces, ces mutations posent donc pour les experts et les responsables d’entreprises la question de la mutualisation des moyens. Comment faire travailler ensemble les acteurs économiques et les pouvoirs publics ? Peut-il exister des passerelles en matière de renseignement ? Quelles sont les compétences de chacun pour agir dans l’intérêt commun : le développement de l’économie ?
Face à ces nouvelles menaces, le plus important n’est pas de compiler une somme de plus en plus importante de données. Mais d’être capable de les analyser afin de pouvoir se poser les bonnes questions… Il ne faut pas, par exemple, se demander aujourd’hui, comment faire pour empêcher l’Iran d’avoir LA bombe mais plutôt s’interroger sur ce que l’on fera quand il l’aura…
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