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Christian Curel (F2M) : « Pour pérenniser la filière des masques, achetez français »

Interview de Christian Curel, président-fondateur de l’entreprise Prism, qui fabrique des masques chirurgicaux et FFP2. En tant que président du syndicat des fabricants français de masques (F2M), il invite le gouvernement français à soutenir la filière française qui tourne actuellement au ralenti.

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Christian Curel préside le jeune syndicat F2M. © DR

Que représente le syndicat F2M sur le marché français ?

Notre syndicat représente 75% de la production française de masques avec une vingtaine d’entreprises dont Kolmi-Hopen qui, début 2020, était le seul fabricant français de masques à usage unique encore en activité. L’an dernier, nous avons été plusieurs industriels à répondre à l’appel du président de la République pour rendre la France autonome en relocalisant la production. Nous sommes ainsi passés de 3,5 millions de masques chirurgicaux et FFP2 à 100 millions par semaine. Il s’agit d’une fabrication 100 % française qui a permis de créer plus de 10 000 emplois.

Qu’est-ce qui vous mobilise aujourd’hui ?

Nous voulons contribuer à la réindustrialisation de la France en sécurisant l’approvisionnement de ces produits sanitaires et en réduisant l’empreinte environnementale. Il faut savoir qu’un masque importé de Chine émet jusqu’à 20 fois plus de CO2 qu’un masque fabriqué en France avec des matières premières produites localement. A l’instar des masques que nous produisons. Par ailleurs, plusieurs industriels membres de F2M travaillent sur des solutions de recyclage des masques susceptibles d’intéresser économiquement en 2022 les entreprises et les collectivités

Où en est aujourd’hui votre filière ?

Nous souffrons de la concurrence des produits venus de Chine que subventionne le gouvernement Chinois. Entre l’été 2020 et l’été 2021, 97 % des appels d’offres qui, jusqu’alors, privilégiaient le prix des produits au moins disant, ont ainsi bénéficié aux masques d’importation chinoise qui sont deux à trois fois moins chers que ceux fabriqués en France.

Qu’en est-il de la demande émanant des hôpitaux ?

Comme les établissements de soins ont fait beaucoup de stock de masques médicaux (FFP2) et comme nous sommes en fin d’année, les hôpitaux ont quasiment tous consommés leurs budgets annuels. De ce fait, ils ne commandent pratiquement pas. Pour ainsi dire, la filière française fabrication des masques médicaux tourne au ralenti.

Quels sont vos souhaits ?

Nous souhaitons que toutes les administrations, institutions et entreprises publiques achètent des masques français afin de pérenniser la filière. De sorte qu’en cas de nouvelle pandémie, et cela arrivera, notre pays ne soit plus dépendant le l’Asie. En outre, en achetant un masque français, nous restituons 70 % de la valeur en France contre 15 % pour un masque importé. Voilà pourquoi, il faudrait aussi que, dans tous les points de vente, les entreprises et les consommateurs aient le choix d’acheter des masques importés peu chers mais consommateurs de carbone et à qualité aléatoire ou bien des masques produits en France. Leur qualité est régulièrement contrôlée et leur empreinte environnementale optimisée. Qui plus est, ils fournissent des emplois.

Quid de vos discussions avec le gouvernement français ?

Nous sommes en discussion avec les différents ministères pour que les grands marchés publics français ne prennent plus pour seuls critères le prix et pour qu’ils tiennent compte d’autres critères comme la sécurité d’approvisionnement (notamment en cas de nouvelle pandémie), la qualité des masques, leur empreinte carbone et leur impact social. Nous demandons notamment aux acheteurs publics français d’inclure dans leur appel d’offre la loi de préférence européenne qui impose des masques fabriqués avec des moyens de production et des matières premières localisées en Europe (à l’instar du semi-conducteur Act qui va entrer en discussion l’an prochain, NDLR).

Eliane Kan

 

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