Le poste de Chief Happiness Officer (CHO) ou « responsable du bonheur au travail », voire « responsable de la qualité de vie au travail », fait partie des nouveautés managériales en vogue dans la sphère RH. Si certains n’y voient qu’une bouffonnerie, d’autres au contraire croient en la « solution miracle ». Selon La Fabrique Spinoza, un groupe de réflexion sur le « bonheur citoyen », l’idée est intéressante dès lors qu’on l’exploite correctement. Ce Think Tank vient d’ailleurs de publier un guide visant à mieux identifier les tenants et les aboutissants de ce métier émergent.
La convivialité à tout prix
Apparu pour la première fois en 2005 dans des entreprises telles que Google ou Zappos, la fonction de CHO aussi baptisée « Feel Good Manager » pourrait se situer à mi-chemin entre fonction RH, communication interne et marketing. Si l’idée est très à la mode dans les start-ups oure-Atlantique, elle commence à gagner du terrain en France depuis deux ans. Objectif : créer une atmosphère conviviale entre les collaborateurs pour participer à leur épanouissement et à celui de l’entreprise – et surtout afin de fidéliser les profils à haut potentiel.
Une mission un peu vague
Tournois de ping pong, apéros Afterwork, séminaires au Club Med, soirées cinéma ou encore séances de yoga du rire… si les CHO ont d’abord provoqué l’engouement, l’excès d’enthousiasme a peu à peu laissé place au doute dans certaines start-ups confrontées à la difficulté de cerner les missions de ce nouveau métier. Sans compter que la notion du bonheur est un concept philosophique déjà difficile à appréhender, d’autant plus quand on cherche à l’appliquer à toute une équipe de collaborateurs.
Replacer la psychologie au cœur des débats
Eédité par La Fabrique Spinoza, le Guide pratique « CHO : quelle réalité derrière les fantasmes ? » se propose de tirer au clair, et dans un souci de bienveillance, les raisons pour lesquelles cette tendance a perdu en crédibilité et comment exploiter au mieux le potentiel de ce poste. Pour le Think Tank, loin d’être une esbroufe, ce métier pourrait poser des questions fondamentales au sein des organisations humaines, en replaçant le bien-être au cœur des débats contemporains. A cet égard, La Fabrique Spinoza reprend les mots du philosophe (Spinoza) qui l’inspire : « L’essence même de l’homme est le désir d’être heureux, de bien vivre, de bien agir. »
Bien définir la profession
Le guide passe ainsi en revue les différents profils de CHO que l’on peut rencontrer et les diverses structures qui leur correspondent. Le but étant également d’aborder les types de contrats ou de mandats qui leur sont accordés, sachant que 40% des CHO sont sous convention de stage d’après un sondage de 2016 réalisé par la plateforme de recherche d’emploi Joblift. Enfin, l’ouvrage cite les formations disponibles pour améliorer ce métier.
Attention à ne pas berner les salariés
Le guide souhaite également mettre en garde contre les pièges dans lesquels il ne faut pas tomber, si l’on veut éviter que la fonction CHO perde en crédibilité et en efficacité. A commencer par une vision productiviste du bonheur : on n’exploite pas le bien-être de ses collaborateurs pour augmenter le rendement d’une entreprise. En aucun cas, cela ne saurait fonctionner. Il est, en outre, impératif de construire une démarche en cohérence avec l’identité et les valeurs de l’entreprise comme de ses employés.
Une notion très subjective
Autre point crucial, le bonheur ne devrait pas être considéré comme une obligation. Décès, maladie, accident… personne n’est à l’abri d’une épreuve difficile à traverser, qu’il est impossible d’ignorer. Il en va de même pour la dépression : on a le droit d’aller mal, de capituler ! Car le bonheur est avant tout une quête personnelle et perpétuelle, un cheminement qui peut prendre des formes diverses et s’inscrire dans la durée.
Ségolène Kahn
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