Alors qu’un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement révélait la semaine dernière que la pollution atmosphérique était chaque année responsable de 500 000 décès prématurés en Europe, une nouvelle étude de la revue médicale « The Lancet » vient renforcer ces résultats : 9 millions de décès survenus dans le monde en 2015 sont en effet liés à la pollution environnementale. La pollution de l’air est la plus meurtrière avec 6,5 millions de décès en 2015. Tandis que la pollution de l’eau et des sols en a causé 1,8 million. Quant à la pollution en milieu professionnel, elle est responsable de 800 000 victimes. Au total, un décès sur six est dû à la pollution au niveau mondial. Ces chiffres alarmants témoignent de l’urgence à agir, notamment dans les pays en voie de développement, qui sont les plus touchés par la pollution environnementale. Premier du genre à évaluer l’impact global de toutes les pollutions au niveau mondial, ce rapport résulte d’un projet de deux ans auquel ont contribué plus de quarante experts internationaux spécialisés dans les questions de santé et d’environnement.
Les pays pauvres sont le plus touchés
La plupart (plus de 70 %) des décès attribués à la pollution sont dus à des maladies non transmissibles : pathologies cardiaques, accidents vasculaires cérébraux (AVC), cancers du poumon, bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO), maladies gastro-intestinales ou encore infections parasitaires. Si tous les pays sont touchés, ce sont essentiellement les plus pauvres qui paient le prix fort. Environ 92 % des 9 millions de victimes de la pollution se trouvent dans des pays où le revenu national brut est inférieur à 12 235 dollars par habitant et par an, selon la classification de la Banque mondiale. Dans les pays comme l’Inde, le Pakistan, la Chine, le Bangladesh, Madagascar et le Kenya, où l’industrialisation se développe à marche forcée, la pollution est responsable de plus d’un quart de tous les décès.
3 900 milliards d’euros de dépenses de santé
Autre phénomène rapporté par « The Lancet » : quel que soit le niveau de développement des pays, les effets de la pollution affectent bien davantage les populations les plus pauvres et marginalisées. Ce qui génère, selon les auteurs, une certaine « injustice environnementale » dont sont aussi bien victimes la communauté rom parquée dans un camp de réfugiés sur le site contaminé d’une ancienne mine au Kosovo que les habitants d’un quartier défavorisé de New York exposés aux émissions de gaz de plusieurs dépôts de bus. Au-delà du coût humain, l’étude a également tenté d’évaluer le coût économique. Là aussi, les pays les plus pauvres sont ceux qui paient le plus car les maladies et les décès liés à la pollution représentent, en termes de perte de productivité, 1,3 % du produit intérieur brut, contre 0,5 % pour les pays industrialisés. Ce pourcentage passe à 8,3 % (contre 4,5 % pour les pays les plus développés) si on prend en compte les dépenses de santé pour un coût total de l’ordre de 3 900 milliards d’euros (4 600 milliards de dollars par an pour l’économie mondiale, soit 6,2 % de la croissance mondiale.
Un tableau encore plus sombre
« The Lancet » estime que ce bilan sous-estime la réalité en raison des nombreux nouveaux polluants chimiques qui restent à identifier… « Plus de 140 000 nouveaux produits chimiques et pesticides ont été synthétisés depuis 1950 », cite le rapport. Et, parmi les 5 000 substances les plus utilisées, moins d’un quart ont subi des tests de toxicité et d’évaluation avant leur mise sur le marché lors de la dernière décennie et seulement dans un nombre limité de pays riches. Et le rapport de préconiser des recommandations : intégrer la pollution dans le plan mondial d’action pour la lutte contre les maladies non transmissibles de l’Organisation mondiale de la santé, faire de la prévention en matière de pollution une priorité internationale ou encore développer des systèmes de surveillance des effets de la pollution sur la santé.
Erick Haehnsen
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12 maires de grandes villes dont Paris se sont engagés ce lundi 23 octobre à tendre vers le zéro émission. Pour lutter contre le changement climatique, ces élus ont signé une déclaration commune par laquelle ils prévoient d’acheter des bus propres dès 2025 et de tendre vers le « zéro émission » d’ici 2030. Ils s’engagent à favoriser la marche et le cyclisme, les transports partagés, réduire le nombre de véhicules les plus polluants dans les rues et abandonner progressivement l’utilisation des véhicules à combustion fossile. Les signataires sont ceux de Londres, Paris, Los Angeles, Barcelone, Quito, Vancouver, Mexico, Copenhague, Auckland, Seattle, Milan et Le Cap. Ils sont soutenus par Tokyo, qui s’est engagé dès 1990 dans ce domaine.
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