En application de ce principe et selon son type, son utilisation et du nombre de personnes qu’il doit accueillir, tout bâtiment doit donc être construit en respectant les règles spécifiques définissant le degré coupe-feu (EI) ou pare-flammes (E), des éléments séparatifs entre locaux contigus. Règles décrites dans quatre corps de textes principaux : le Code de l’urbanisme, le Code de la construction et de l’habitation, incluant les IGH, le Code du travail, les arrêtés préfectoraux pour les locaux professionnels et, enfin, le règlement de sécurité contre les risques d’incendie dans les ERP, arrêté du 25 juin 1980 modifié. Cependant, l’intégrité des recoupements réalisés se trouve compromise par la traversée d’éléments tels que conduits, canalisations, tuyaux, gaines, câbles, chemins de câbles, etc. devant circuler à l’intérieur des bâtiments. Il convient donc de calfeutrer ses traversées (murs, planchers, plafonds) à l’aide de produits ou systèmes qualifiés bénéficiant de procès-verbaux d’essais délivrés par un laboratoire agréé afin de restituer le degré de résistance au feu de l’élément traversé.
Le calfeutrement : qu’est-ce c’est ?
Tel que précisé dans le paragraphe 1,4 de l’annexe 1 de l’arrêté du 25 juin 1980, les produits de calfeutrement sont destinés à restaurer l’intégrité coupe-feu EI ou pareflammes, E, d’un élément séparatif, voile ou dalle, au niveau des traversées de fluides, câbles électriques, chemin de câbles, tuyaux métalliques ou plastiques. Un élément séparatif est dit pare-flammes ou E lorsqu’il est étanche aux fumées et aux flammes sans être thermiquement isolant. Un élément séparatif est dit coupe-feu ou EI lorsqu’il est qu’il est thermiquement isolant tel que, côté opposé à une sollicitation thermique conventionnelle, l’élévation de température n’excède pas 140°C en moyenne et/ou 180°C en un point. Ainsi, les règles de construction R15 éditées par l’Apsad (Assemblée plénière des sociétés d’assurance dommages) précisent, dans leur article 1.5.2.1 Câbles électriques : “ Lorsque le passage des câbles électriques traverse le mur séparatif coupe feu, les réservations pratiquées pour leur passage doivent être soigneusement obturées. Cette obturation se fera par “bourrage”.
Les matériaux utilisés doivent présenter une résistance au feu au moins égale à celle du mur. (…) Le type d’obturation adopté doit faire l’objet d’un essai permettant de vérifier que le passage des câbles électriques n’altère pas les performances du mur séparatif coupe-feu (en particulier, l’étanchéité à la chaleur et au gaz doit être vérifiée). Les conditions d’obturation adoptées lors de l’essai doivent être produites. ”
De plus, l’alinéa 6 de l’article EL 2 des Règles générales
– Chapitre VII concernant les installations électriques des dispositions applicables aux établissement ERP des 4 premières catégories stipule : “ Les traversées de parois par des canalisations électriques, y compris les canalisations préfabriquées, doivent être obturées de telle manière qu’elles ne diminuent pas le degré coupe-feu de la paroi. (…) Lorsque les canalisations sont groupées dans des gaines, ces dernières doivent présenter un coupe-feu de traversée équivalant au degré coupe-feu de la paroi traversée. ”
Quel produit choisir?
Pour arriver aux propriétés requises, les produits de calfeutrement coupe-feu font appel à deux caractéristiques principales :
> l’intumescence, propriété du matériau à s’expanser de manière significative et irréversible sous l’effet de la chaleur, venant combler l’espace laissé vide par l’élément détruit par le feu ou la chaleur.
> l’endothermie, principe permettant à l’eau chimiquement liée au substrat de se libérer et de le refroidir à partir d’une certaine température de l’ordre de 350°C, retardant de fait son élévation de température. Le choix d’un produit ou d’un système de calfeutrement de pénétrations coupe-feu doit prendre en compte plusieurs critères : la durée de résistance au feu requise, la nature, les dimensions et la configuration de l’élément traversé, le type et les caractéristiques de l’élément traversant (câbles, chemins de câbles, tuyaux métalliques, PVC ou autres).
Tout en gardant en mémoire pour les produits intumescents, la notion d’étanchéité à froid car, tant que la température provoquant l’intumescence (de l’ordre de 100/110°C) ne sera pas atteinte, les fumées et gaz toxiques ne devront pas passer au travers d’interstices laissés libres. Avant toute application de ces produits et systèmes, il convient de s’assurer que la solution choisie fait bien l’objet d’un procèsverbal d’essai valide délivré par un laboratoire agréé.
Les documents officiels et les essais
Pour éviter toute confusion, voici la liste des différents documents pouvant être délivrés par les laboratoires d’essais agréés et leurs utilisations :
> le procès-verbal est le seul document ayant une valeur officielle ;
> le rapport d’essai est un document strictement technique fourni au demandeur de l’essai ; le demandeur n’est pas tenu de le diffuser ;
> l’attestation d’essai est un document prouvant qu’un essai dans un laboratoire d’essai agréé a bien été fait, mais sans préjuger du résultat ;
> le compte rendu d’essai est un document fourni par le laboratoire qui a effectué un essai selon des spécifications particulières n’entrant pas dans le cadre d’une norme.
> l’avis technique est un document délivré par un laboratoire pour un chantier bien défini.
Les 5 annexes de l’arrêté du 22 mars 2004, qui annule et remplace celui du 3 août 1999 (voir encadré ci-dessous : L’arrêté du 22 mars 2004 et ses annexes), précisent les différentes méthodes de justifications de résistance au feu et fixent les méthodes et les conditions d’évaluation des performances de résistance au feu des produits, éléments de construction et d’ouvrages, auxquelles se réfèrent les règlements de sécurité contre l’incendie.
Les mousses : il faut faire attention
Les mousses coupe-feu semblent être la solution idéale. A y regarder de plus près, leurs utilisations méritent une attention toute particulièrement. Tout comme il peut paraître naturel et évident pour un architecte ou un maître d’oeuvre, l’acte de rebouchage n’est pas obligatoirement perçu comme obligatoire et réglementé par les entreprises et, de fait, son coût est peu souvent pris en compte dans le budget global d’une construction.
Rappelées à l’ordre par les bureaux de contrôle ou les commissions de sécurité, ces moins coûteuse, aussi bien en termes de produit que de main-d’oeuvre, on comprend, dès lors, le succès de ces mousses présentées en bombe en aérosols, dont l’utilisation en l’état la plupart du temps pour les passages de câbles ne fait l’objet d’aucun PV. Une indication sur la bombe ne suffit pas, il est indispensable avant toute utilisation d’exiger du fournisseur la remise du PV d’essai délivré par un laboratoire officiel agréé Cependant, en bombes aérosols ou en cartouches à extruder, plusieurs mousses coupe-feu justifiant de procès-verbaux sont disponibles sur le marché. C’est le cas, notamment, de la Promafoam de Promat, la CP 620 de chez Hilti ou encore de l’Easy PART de Compart ne comportant aucun dérivé halogéné.
De nouveaux concepts
Depuis peu, un nouveau concept, permettant de passer ou de retirer des câbles sans avoir à faire de trous ni même à les reboucher, a fait son apparition. De forme cylindrique ou parallélépipédique, il s’agit de cadres EvoluPART fabriqués par Compart ou encore de boîtiers passe câbles de la société ACH. Evolutifs, ils sont placés une fois pour toutes dans les éléments de construction, tels que dalles ou voiles. Equipés de produits intumescents obturant totalement le passage en cas d’incendie. Ils présentent tous une étanchéité à froid et bénéficient de procès-verbaux d’essais de résistance au feu allant jusqu’à 2 heures.
> Pour le traitement des tuyaux, mais cette fois-ci métalliques, signalons la mise sur le marché notamment en Allemagne de solutions de calfeutrement constituées d’éléments isolants préformés proposés par la société Rockwool Technical Insulation.
> Toujours dans le même esprit d’innovation, Compart annonce la mise sur le marché de EasyPART Universal, première mousse coupe-feu utilisable avec un pistolet silicone standard permettant de sortir 3 litres de volume utile de mousse coupe-feu avec moins de 300 ml de produit, et ACH la sortie prochaine d’une mousse en aérosol classée EI 90 selon la réglementation européenne pour le calfeutrement des câbles. Enfin, Compart annonce pour cette année le lancement de MyPART, le premier service coupefeu alliant le “ prêt à poser ” et le “ sur mesure ”. Il suffira à l’utilisateur d’indiquer à la société Compart les cotes des trémies, et cette dernière extrudera le coupe-feu que vous souhaitez en mousse souple ou rigide, il ne vous restera alors qu’à poser le bloc et à réaliser le joint, le cas échéant.
En savoir plus
Cet article est extrait du Magazine APS 151- numéro de Mai 2006.
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