Volonté de décourager le collaborateur pour le pousser à la démission ou tester sa loyauté, augmentation démesurée des charges de travail, ordres dépourvus de sens… les techniques pour pousser à bout le salarié sont légions. Elles résultent de ce que l’on appelle le management autoritaire. En réaction, émergent divers symptômes psychosociaux tels que le burn-out, le bore-out ou encore le brown-out, et dont les résultats sont les mêmes : multiplication des arrêts maladie, dépression, fatigue, perte de motivation… A cet égard, le Centre national privé de formation à distance (CNFDI) a récemment publié une tribune qui passe au crible ces trois dérives entraînant le salarié dans une longue descente aux enfers.
Faire du salarié une bête de somme
Très répandu aujourd’hui, le burn-out fait des ravages dans les entreprises. Difficile à soigner, ou même à prouver, il est particulièrement délicat d’en déceler les premiers signes. D’autant que les causes sont multiples. Elles sont bien souvent à chercher du côté des techniques managériales visant à accroître la charge de travail du collaborateur pour économiser sur le coût salarial. « Lorsque le chiffre d’affaires n’augmente pas, voire régresse, les restructurations et les réorganisations sont des euphémismes pour signifier que l’on ne remplace pas les départs du personnel et que l’on transfère la charge de travail sur des collaborateurs restants, au prix de quelques flatteries… », indique Jean-Pierre Lehnisch, PDG du CNFDI.
Stress, fatigue, insomnie : un cocktail destructeur
Avec l’intensification de la charge de travail, le salarié se retrouve vite débordé et incapable d’absorber toutes les tâches qu’il se voit confier. « L’heure du repas saute, les sorties du bureau se font de plus en plus tardives et les arrivées, au contraire, se font de plus en plus tôt, souligne le formateur. Pour peu que s’y greffent quelques problèmes personnels, voilà que le collaborateur concerné perd pied. Les nuits sont tourmentées (on refait le planning de la journée passée, on bâtit un plan d’action pour la journée qui vient…), la fatigue est là, on n’a plus de réaction et on est même plus capable de passer un appel téléphonique, prostré durant une heure devant son combiné téléphonique… » Une seule solution s’impose dans ce cas-là : prendre un congé maladie ainsi qu’un repos forcé. Or, c’est sans compter le retour au bureau après quelques semaines d’absence, la crainte du jugement des collègues et celle d’être relégué à des missions moins gratifiantes.
Le désintérêt, une vraie forme de maltraitance
Le bore-out, quant à lui, se situe à l’opposé du spectre des dérives managériales. Issu du terme anglais « to bore », qui signifie ennuyer, cette technique consiste à « décourager un collaborateur en le poussant à la démission, non pas en le chargeant de travail mais, au contraire, en lui retirant progressivement ses dossiers », jusqu’à ce qu’il ne supporte plus l’ennui qui en découle. Concrètement, le salarié n’est plus convié aux réunions, la charge de travail baisse, les collègues se détournent progressivement de lui… Isolé dans ce rôle, l’employé renonce peu à peu, néglige ses tâches ou se permet d’arriver en retard au bureau. En d’autres termes, c’est un véritable procédé d’humiliation qui permet, en outre, à la direction de pousser le collaborateur à la démission ou à la faute.
Des ordres dépourvus de sens pour tester la fidélité du salarié
Plus pervers encore, le brown-out consiste à imposer des directives sans les justifier auprès du salarié en charge des tâches concernées. Ce qui se révèle« très difficile à supporter surtout quand on est cadre », commente le PDG du CNFDI. En avançant à l’aveuglette, le collaborateur n’est pas en mesure d’accomplir correctement son travail et finit par perdre sa motivation. S’ajoute à cela la perte de sens, le sentiment de travailler pour des raisons absurdes. Le collaborateur se retrouve alors plongé dans une spirale identique à celles du burn-out et du brown-out : multiplication des arrêts maladie, erreurs à répétition, sentiment d’être méprisé par ses supérieurs, dépression.
Ségolène Kahn
Commentez