Selon les statistiques 2017 sur les accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP), publiées le 27 novembre dernier par l’Assurance Maladie-Risques Professionnels (AM-RP), la fréquence des accidents du travail dans le secteur du BTP a diminué de plus de 3%, atteignant 56,8 accidents pour 1 000 salariés (contre 60 en 2016 et 64,8 en 2013). On dénombrait 86 886 AT en premier règlement* en 2017. « C’est le signe de l’amélioration des conditions de travail sur les chantiers du BTP et le résultat des campagnes menées pour faire progresser la prévention, ainsi que celui d’une amélioration des matériels et équipements mis à disposition », se félicite Paul Duphil, secrétaire général de l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP), même si le BTP est encore le secteur le plus exposé.
Hausse du nombre de décès
Les causes des accidents du travail, elles, ne varient pas : les manutentions manuelles arrivent en première position (48,5%), suivies des chutes de hauteur (17,1%), de l’outillage à main (14,9%), des chutes de plain-pied (13,8%) et du risque routier (1,6%). « Cette année, une donnée doit nous interpeller : le nombre de décès en hausse sensible par rapport à l’an dernier, année historiquement basse », souligne Paul Duphil. En 2017, le nombre de décès à la suite d’un accident du travail s’élevait à 120, contre 112 en 2016 et 130 en 2015. Et les décès consécutifs à une maladie professionnelle sont au nombre de 37 en 2017, contre 24 en 2016 et 23 en 2015. Quant aux décès liés aux accidents de trajet, leur nombre est passé de 29 (en 2016) à 28 (en 2017), contre 26 en 2015.
Des actions ciblées prioritaires
« C’est bien pour infléchir la courbe des accidents graves et mortels que nous adoptons des priorités d’actions ciblées. C’est aussi la raison pour laquelle dans les premières approches de notre outil MonDOCunique Prem’s, l’accent est mis sur les risques prioritaires (chutes de hauteur, heurts d’engins, écrasement et ensevelissement) dont les entreprises doivent se saisir en premier », précise Paul Duphil. L’OPPBTP et l’AM-RP sont notamment partenaires de la campagne « Chutes de hauteur, pas droit à l’erreur », l’un des risques prioritaires d’action identifié dans le plan santé au travail 2016-2020, aux côtés de l’exposition aux produits chimiques, des risques psychosociaux et du risque routier. Quant aux accidents de trajet, ils connaissent toujours une tendance à la baisse dans le BTP (-1%), alors que, tous secteurs confondus, ce risque observe une hausse (+4,3%).
Des maladies professionnelles plus nombreuses
De leur côté, les maladies professionnelles dans le secteur du BTP sont en hausse de 3,5%, alors que le nombre de salariés n’augmente que de 1,5%. En tête, les affections péri-articulaires (73%), devant les affections du rachis lombaire dues aux manutentions de charges lourdes (10%) et les lésions chroniques du ménisque. Les maladies liées à l’amiante représentent 3% des maladies professionnelles et la surdité 2%, tandis que les TMS représentent plus de 80%. Un taux qui justifie la campagne sur les lombalgies et la poursuite du programme TMS Pros. Autre priorité de la branche : le programme national de lutte contre les risques liés aux produits CMR (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques) et les cancers professionnels. À noter que dans l’ensemble des secteurs, la baisse du nombre des maladies professionnelles se poursuit (-0,5%) mais elle est plus nuancée qu’entre 2015 et 2016 (-4,3%). Quant aux maladies liées à l’amiante, elles diminuent sensiblement (-5,9%).
Exposition insidieuse au risque chimique
Jugée insidieuse, l’exposition aux nombreux produits CMR va faire l’objet d’actions de prévention en 2019 et sera au programme des Journées nationales de santé au travail dans le BTP à Metz ainsi que de la Journée prévention de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) en 2019. « Face à ces risques peu visibles, voire invisibles, la prévention est plus difficile sur le terrain, il faudrait prendre des mesures particulières pour y remédier. Pourquoi, par exemple, ne pas odoriser les produits chimiques contenant des substances dangereuses pour le signaler systématiquement aux travailleurs ? », suggère Paul Duphil.
Erick Haehnsen
* Ayant donné lieu à une réparation sous forme d’un premier paiement d’indemnité journalière ou d’un premier versement du capital ou d’une rente.
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