Les nuisances sonores peuvent avoir un impact sur la santé psychologique et physiologique des salariés. Il est donc pertinent de se soumettre à un test auditif. La 22e édition de la Journée Nationale de l'Audition (JNA), organisée mi-mars, propose justement un dépistage gratuit accessible à tous, et ce partout en France.
Le jeudi 14 mars prochain aura lieu la 22e Journée Nationale de l’Audition (JNA), organisée par l’association éponyme. L’occasion pour l’ensemble de la population de bénéficier d’un examen gratuit. L’an dernier, plus de 125 000 tests ont ainsi été pratiqués par les 1 524 audioprothésistes participant à la campagne. Cette campagne sera l’occasion de dresser un état des lieux grâce aux remontées d’informations anonymisées de la part des professionnels de l’audition auprès de l’association JNA. L’événement vise aussi à sensibiliser les actifs sur les risques liés au bruit au travail. Un phénomène qui touche tous les secteurs d’activité.
La surdité dans le peloton de tête des maladies professionnelles
« Selon la manière dont on positionne l’amiante, la surdité représente la seconde ou la troisième des maladies professionnelles », rappelle Sébastien Leroy, porte parole de JNA, association gérée par des experts scientifiques et médicaux depuis sa création il y a 22 ans. La question du bruit a son importance, comme le démontre un sondage IFOP sur le thème « Bruit, santé auditive et Qualité de Vie au Travail, quelles réalités ? ». Cette étude a été menée sur un échantillon représentatif de la population active. Soit un peu plus de 1 000 personnes qui ont répondu à des questions en ligne entre le 14 et 19 septembre dernier.
Six actifs sur dix concernés
Selon ce sondage, près de six actifs sur dix déclarent être gênés à cause du bruit et des nuisances sonores. A commencer par les 18-24 ans (65%) qui ont l’habitude, sur leur lieu de travail, d’écouter de la musique à plein volume avec des oreillettes ou des casques. Si toutes les catégories de population sont concernées, cette gêne touche surtout les employés de l’industrie, (69%), de la construction (67%) ainsi que, plus généralement, les ouvriers (69%). Pour la majorité d’entre eux, cette gêne se traduit par l’apparition de troubles auditifs : bourdonnements d’oreille, hypersensibilité au bruit, surdité, etc.
Les cols blancs aussi touchés
Les nuisances sonores n’épargnent pas les salariés travaillant dans les bureaux. Ainsi 54% des actifs du secteur des services et 60% des administrations se déclarent-ils gênés par le bruit au travail. Il apparaît d’ailleurs comme la première cause de nuisance citée par les salariés travaillant dans les Open Space. C’est du moins ce que relate un article publié en 2017 dans le journal « Hygiène et sécurité du travail » de l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) qui a consacré un dossier sur les risques à ne pas sous-estimer quand on travaille dans des bureaux. « Même quand il est très en-dessous des limites réglementaires et des seuils dangereux pour l’audition, le bruit peut gêner, nuire à la qualité du travail, générer des troubles physiologiques et engendrer des risques psychosociaux », soulèvent les auteurs de l’article.
Le bruit impacte la qualité du travail
« Plus spécifiquement, plusieurs études en laboratoire ont montré que les conversations intelligibles augmentent la gêne ressentie par les personnes et diminuent leur performance lors de la réalisation d’une tâche de mémorisation », souligne les auteurs qui regrettent que la dimension acoustique des espaces tels que les halls d’accueil ou les centres d’appels, par exemple, soit souvent négligée. « Que ce soit lors de leur conception ou lors de réaménagement », indiquent les auteurs, en attirant l’attention sur la norme NF S-31-199 qui concerne les bureaux ouverts.
Des employeurs peu impliqués
Le manque d’engagement des employeurs pour prévenir le bruit n’est évidemment pas spécifique au secteur des services ou de l’administration. Sur l’ensemble des salariés interrogés lors du sondage, ils ne sont que 23% à avoir bénéficié d’un réaménagement des espaces existants pour limiter les effets du bruit. Même proportion pour ceux qui se sont vu proposer des espaces pour s’isoler du bruit. En revanche, ils sont 30% à disposer de protecteurs individuels, tels que des bouchons en mousse ou en silicone, des casques anti-bruit passifs ou actifs. Enfin, 19% des salariés déclarent avoir suivi des sessions d’information et sensibilisation pour modifier les comportements collectifs.
Bientôt de nouveaux outils ?
Autant de résultats qui montrent la nécessité de sensibiliser les employeurs mais aussi les salariés. Parmi ceux qui se sont plaints du bruit, seulement 40% ont réalisé un test de l’audition auprès d’un médecin spécialisé. D’où l’intérêt du gigantesque dépistage gratuit organisé par l’assocation JNA, qui peut compter sur la mobilisation de 3 000 acteurs. Cette journée sera aussi l’occasion de présenter les résultats du nouveau sondade Ifop et d’annoncer de nouveaux outils de prévention. A commencer par une plateforme de dépistage de l’audition innovante intégrant un test vocal. Par ailleurs, une application sonomètre gratuite sera accessible sur IOS et Android.
La solution du nuage acoustique
« Outre le plafond et les murs acoustiques micro-perforés dans les Open Space, il conviendrait de revêtir le sol de PVC ou de moquette. Or, dans les locaux au rez-de-chaussée des entrepôts logistiques, on nous demande de mettre du carrelage dans la partie bureau. Ce qui est bruyant, confie Marc Esposito, directeur du Lab GSE, la cellule R&D de l’aménageur GSE qui propose des revues de projets en réalité virtuelle pour faciliter la participation des salariés aux choix d’aménagement. Il faut alors mettre une sous-couche absorbante sous le carrelage ainsi que des joints acoustiques sous les cloisons. Mais on ne fait pas de miracle. » La solution pourrait être à chercher du côté de la start-up bordelaise ACloud, découverte au sein du Village start-up du salon Expoprotection 2018. ACloud développe des panneaux acoustiques innovants en forme de nuage, fabriqués à base d’un nouveau matériau issu de l’économie circulaire. Leur principal atout ? Lorsque le niveau sonore est trop important, ils clignotent pour inviter à baisser d’un ton.
Eliane Kan
Commentez