Après l’affaire du faucheur de chaises qui dénonçait l’évasion fiscale menée par BNP Paribas, la banque française a écorné son image de marque en attaquant en justice »l’emprunteur ». Aujourd’hui cette banque redore quelque peu son blason avec la signature, ce 10 janvier, d’un accord européen sur la prévention du stress au travail. Objectif : contribuer à améliorer la santé et la sécurité au travail des collaborateurs. Signé avec la Fédération des cadres des établissements de crédit (Fecec) et la Fédération des services et de la communication UNI Europa, membre de la Confédération européenne des syndicats, et avec des représentants de son comité européen, cet accord aura pour but de définir un socle commun aux moyens de prévention du stress.
Passer au crible l’environnement de travail
Temps de travail, aménagement des horaires, autonomie, techniques managériales… le premier objectif de ce nouvel accord passera par l’identification des facteurs de stress afin de déterminer la nature de l’environnement dans lequel les salariés évoluent. Mais il devra aussi prendre en compte des facteurs plus subjectifs. Afin de déceler si l’ambiance de travail est plutôt agressive, abusive ou bien étouffante, l’accord précise que les instigateurs devront être capables de saisir les pressions émotionnelles, les contextes sociaux ou encore la perception d’un manque de soutien. Pour cela, une base de référence constituée d’enquêtes internes a été mise à disposition des partenaires sociaux de la banque. De quoi apprendre à suivre l’évolution de la perception du stress et élaborer des diagnostics partagés grâce à un indice.
Des actions contre les techniques managériales abusives
Lorsque cette phase d’analyse sera terminée, l’accord prévoit la mise en place d’actions de sensibilisation auprès des employés. Notamment en ce qui concerne les bonnes techniques managériales à acquérir pour faire preuve de plus de considération envers les salariés. D’autre part, il oblige à prendre en compte les salariés et à les informer des projets d’évolution majeurs de l’organisation. Et ce, à coup de mesures d’accompagnement dédiées telles que les formations et les soutiens complémentaires. Ajoutons à cela le devoir de modérer l’utilisation des smartphones et tablettes qui oblige les salariés à rester hyper connectés et donc disponibles en dehors des horaires de travail. A cet égard, il est signifié que des échanges réguliers entre managers et collaborateurs devront être prévus afin de mieux organiser la cohésion entre vie privée et professionnelle. Et, fait très important, en insistant sur le fait que « les modes managériaux basés sur une pression systématique ne peuvent constituer un mode de gestion des équipes. »
Soigner le stress
Dans la mesure où les mesures de prévention du stress sont susceptibles d’arriver trop tard pour certains employés s’avérant déjà en situation de stress, l’accord souligne la nécessité de solliciter des partenaires sociaux capables de démarches correctives. Notamment au travers de dispositifs d’assistance téléphonique qui devront être conduits par le service interne de santé au travail du groupe. Pour cela, l’accord insiste sur la nécessité d’engager des personnes compétentes qui devront assurer un service régulier de leurs interventions, à savoir tous les six mois dans le meilleur des cas. Mais aussi de prendre en compte les cas individuels des salariés en difficulté en organisant une intervention aux côtés du manager, du gestionnaire RH, avec l’appui des représentants des services de santé au travail. En d’autres termes, il convient « de définir la solution la plus adaptée et le soutien ad hoc à apporter », comme le précise l’accord. Enfin, ces dispositions devront être applicables à partir du 30 juin 2018.
Ségolène Kahn
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