Déclin de l’implication des salariés, culture d’entreprise en berne, difficultés à recruter des talents… le cabinet d'analyse Forrester Research vient de dévoiler les principales tendances de l’année 2024 en matière de travail. Le tableau ne semble pas prometteur…
Baisse du pouvoir d’achat, travail hybride, turnover… le monde du travail a été confronté en 2023 à de nombreuses turbulences, accentuées par la succession de crises macroéconomiques qui sont survenues : réchauffement climatique, guerre en Ukraine, guerre en Arménie et, plus récemment, guerre Hamas-Israël. Autant de chocs qui ont également influé sur l’organisation et la qualité de vie au travail (QVT). Ainsi, selon le cabinet d’analyse Forrester Research qui vient de dévoiler ses prévisions pour l’année 2024, l’avenir du travail va continuer de se dégrader. Avec pour marqueur principal l’engagement global de leurs employeurs envers l’expérience collaborateur (EX) qui s’avère en chute libre.
La diversité et l’inclusion mises de côté
Premier indicateur de cette dégradation, le cabinet d’analyse note chez les entreprises un désinvestissement des programmes de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI). Le pourcentage d’entreprises ayant financé une fonction DEI avec une stratégie et du personnel approuvés s’effondre. À hauteur de de 33 % en 2022, il a chuté à 27 % en 2023 et devrait atteindre à 20 % d’ici la fin 2024. Pour expliquer ce phénomène, l’étude pointe du doigt les coupes budgétaires qui ont impacté de manière disproportionnée les équipes DEI.
Une ambiance délétère
Autres indicateurs clés du déclin de l’EX, l’implication des collaborateurs et la culture d’entreprise vont continuer à s’éroder. Passant respectivement de 41 % à 37 %, tandis qu’elles étaient de 63 % à 59 % de 2022 à 2023. Pour expliquer ce phénomène, le cabinet cite des problèmes tels que les mandats de retour au bureau et les litiges concernant la rémunération. En 2024, les tendances devraient continuer à se détériorer avec une baisse de l’implication des collaborateurs de 34 % et une baisse de la culture d’entreprise de 55 %.
Les recrutements en pagaille
Par ailleurs, l’enquête prévoit que l’intelligence artificielle (IA) va déstabiliser les processus de recrutement. A commencer par les outils basés sur l’IA soit pour envoyer leur CV en ce qui concerne les candidats, soit pour étudier les candidats pour les recruteurs. Pour Forrester Research, ces outils utilisés de manière trop intensive, loin d’optimiser le recrutement, vont au contraire affecter la gestion des talents : des entreprises réputées risquent ainsi d’embaucher des candidats qui n’existent pas. De même, elles pourraient aussi embaucher des candidats pour un poste qui n’existe pas.
L’IA générative, un levier de performance
Seul point positif, les outils basés sur l’IA générative ont permis d’améliorer la productivité et les performances des salariés. Il s’agit par exemple des assistants personnels (ChatGPT, Microsoft 365 Copilot, Google Duet…) conçus pour aider à remplir des objectifs professionnels et à progresser. Pour les enquêteurs, ces outils pourraient améliorer l’EX tout en stimulant la croissance des entreprises.
Ségolène Kahn
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