Pour répondre aux besoins de sécurisation des événements ponctuels, la vidéoprotection mobile vient renforcer les dispositifs de surveillance des communes là où les caméras fixes ne sont pas présentes. Ces systèmes offrent une précieuse souplesse de mise en place grâce à leur système d'alimentation électrique et à leur capacité de vidéotransmission.
« La vidéoprotection sert à dissuader, protéger et élucider », lance Dominique Legrand, président de l’Association nationale de la vidéoprotection (AN2V). Les caméras de vidéoprotection installées sur la voie publique sont visibles et donc susceptibles de décourager d’éventuelles actions criminelles uniquement grâce à leur présence. « Le crime reste ainsi en dehors des zones de surveillance, met en garde le directeur de l’AN2V. Qu’elles soient installée sur un candélabre urbain, embarquée dans les véhicules des forces de l’ordre ou encore portée par un agent, les caméras mobiles viennent en complément du dispositif de vidéoprotection fixe des communes afin de suivre les infractions. »
Capacité d’intégration au réseau. « Ces caméras dites »nomades », répondent à un besoin de protection ponctuel. Elles ont pu voir le jour grâce à une meilleure maîtrise des bandes passantes de type 3G et 4G pour la télétransmission des images », rappelle Philippe Autruy, directeur commercial de Cerona Communication, filiale du Groupe-C spécialisée dans la veille technologique sur le marché de la vidéoprotection.
En revanche, l’alimentation électrique ainsi que la vidéotransmission sont souvent les parents pauvres des ressources locales. Pour assurer leur mission de surveillance et de transmission, « les caméras nomades comportent un bloc contenant le dispositif de transmission, la batterie d’alimentation ainsi que la caméra », résume Julien Gaulmin, responsable du bureau d’études de la société 4G-Technology, filiale du groupe 4G créée en 2008. Spécialisée dans le développement de produits dans le domaine de la sécurité et de la surveillance en milieux sensibles réservés et ou réglementés, cette société est à l’origine de la conception d’une borne – à l’architecture brevetée – capable d’embarquer tous types de caméras. « Nos clients ne sont donc pas tributaires d’une seule marque. Ils peuvent adapter leur choix en fonction de leurs besoins », poursuit Julien Gaulmin. La borne est aussi associée à un proxy qui facilite l’intégration de la caméra mobile au parc de caméras fixes existant. » La caméra nomade est ainsi facilement détectée comme un périphérique local par le Centre de surveillance urbain (CSU).
Utilisations temporaires ou saisonnières. « Souvent placées en haut d’un mat électrique ou d’un candélabre d’éclairage urbain, les caméras nomades viennent en renfort des caméras fixes afin d’augmenter la couverture d’un système de vidéoprotection existant, indique Jean-Marc Guillemain, dirigeant de Digital Équipement, un fabriquant de solutions de vidéoprotection nomade. « Elles s’installent en moins d’une heure et ne nécessitent pas d’études d’ingénierie au préalable. Le plus long, c’est certainement la mise en place du camion nacelle », remarque le dirigeant de la société dont le chiffre d’affaire croît de 40% chaque année.
Comme le cadre réglementaire encadrant la vidéoprotection ne considère que la zone d’exploitation, le nombre de caméras ainsi que leur position peuvent bénéficier d’une certaine flexibilité. Il n’y a donc pas à déclarer la caméra à la préfecture si elle est placée dans une zone déjà réglementée. Ainsi ces caméras nomades sont fréquemment employées par les municipalités pour une durée de quelques jours. Que ce soit pour se substituer à un gardiennage de nuit lors d’un marché de Noël ou encore pour compléter la surveillance d’un trajet important comme le G20 durant l’été. Elles sont notamment prisées pour les périodes saisonnières pour venir aux besoins des municipalités qui doivent gérer une affluence de touristes. Ce dispositif nomade s’adapte aussi à des périodes plus longues allant jusqu’à quelques mois, entre autres dans le cadre de la vidéosurveillance de chantiers de construction en réponse au vol de matériaux ou d’équipements. Un fléau qui coûte près de 2 milliards d’euros par an selon la Fédération française du bâtiment (FFB).
Alimentation urbaine ou batterie ? Ces caméras nomades sont aussi exploitées pour des besoins d’analyse quantitative pour des applications autres que la vidéoprotection. « Grâce aux algorithmes embarqués dans nos caméras, nous pouvons par exemple quantifier le nombre de voitures transitant sur une rue et apporter des données concrètes aux aménageurs urbains », renseigne Bob Klein, account manager chez March Networks, une société canadienne spécialisée dans la fabrication de caméras de vidéosurveillance utilisées dans les transports en communs.
Si la force de la caméra nomade réside dans son agilité à répondre à des besoins ponctuels, elle souffre néanmoins de deux maux : son alimentation électrique et sa capacité à transmettre les images vidéo.
« Installer une caméra nomade en milieu urbain, c’est d’abord lui trouver une source d’alimentation électrique, rappelle Dominique Legrand. Certes, les infrastructures publiques, comme le font les mâts électriques ou les lampadaires publics – aussi appelés candélabres – fournissent une énergie facile d’accès. En revanche, les candélabres ne la délivrent que durant leur période de fonctionnement : la nuit… » Il est nécessaire d’équiper la caméra nomade d’une batterie et d’un onduleur qui se recharge toutes les nuits.
Ces lacunes sont compensées par les batteries. Mais pas n’importe lesquelles. « Grâce à la technologie de batterie au lithium, les bornes des caméras nomades peuvent se greffer à ces sources d’énergie publiques ce qui était difficilement possible avec les anciennes batteries au plomb, plus lourdes et plus volumineuses », récapitule Alain Guyot, directeur commercial de Slat, entreprise située dans le département du Rhône et spécialisée dans la fabrication de systèmes d’alimentations sans interruption en courant. Les caméras mobiles doivent s’adapter à un fonctionnement pendulaire lié au cycle de jour et de nuit. Les batteries se rechargent en parallèle de la caméra pendant la nuit et durant le jour elles l’alimentent, explique l’expert en alimentation. On est ainsi capable d’assurer le fonctionnement de la caméra pour un enregistrement vidéo 24h/24. »
Reste à ces batteries à s’adapter au fil des saisons ! En effet, la journée la plus longue peut atteindre les 17 heures en été à Amsterdam contre 7 heures en hiver. « Si la longue période diurne pendant l’été semble être une difficulté, cela devient un avantage pendant l’hiver où cette durée est inversement plus courte », insiste le spécialiste de Slat. Durant les journées d’hiver, il est possible d’alimenter par la batterie des dispositifs très consommateurs d’énergie et de bénéficier d’une longue recharge durant la nuit. Les caméras nomades peuvent ainsi s’équiper des mêmes options énergivores que les caméras fixes comme les systèmes antibuée ou encore des moteurs d’orientation d’angles de vue.
Transmission sans fil : 3G/4G ou par antennes 5GHz ? De manière courante, les caméras nomades utilisent un réseau 3G/4G pour transmettre leurs données. Un avantage considérable pour les petites communes qui ne possèdent pas de réseau Ethernet urbain. « Ce mode de transmission est essentiellement asymétrique répondant à un besoin de visualisation (page Internet, mail, Youtube…) et non à un besoin en transmission. Pour notre part, ce qui nous intéresse, c’est de transmettre sur le lien montant. Mais ce lien reste trop faible pour transmettre de la vidéo en haute qualité car son débit n’est pas garanti par les opérateurs télécoms. Surtout lors des grandes fêtes nationales durant lesquelles les réseaux sont surchargés », met en garde Philippe Debraye,Account Manager chez Axis Communication, le géant suédois fabriquant racheté cette année par le japonais Canon.
Il faut savoir que l’utilisation d’une caméra en continu peut générer plus de 50 Go de données par jour. En outre, les trois grands opérateurs français de télécommunication n’offrent pas de forfaits adaptés à cette demande. L’accès à une caméra nomade peut être effectué en temps réel via un flux vidéo en basse qualité pour une levée de doute. Mais aussi en différé à travers l’enregistrement en haute qualité contenu dans la carte SD de la caméra, à l’occasion d’une investigation. Les données sont stockées en local sur une carte SD cryptée, ce qui assure une vidéoprotection 24h/24 des zones. L’utilisateur peut ainsi accéder via son smartphone ou depuis un Centre de surveillance urbain (CSU) de manière sécurisée. Si les réseaux 3G/4G ne peuvent assurer un accès constant à un coût raisonnable, ils souffrent également de problème de fiabilité dans la connexion.
D’où l’idée de recourir à d’autres types de réseau. « Notre travail consiste avant tout de répondre aux besoins en réseau par des moyens adaptés », réagit Xavier Vignon, directeur général de Sogetrel, société indépendante française intégrateur de solutions de vidéoprotection dont le chiffre d’affaire atteint les 250 millions d’euros cette année. Parmi les moyens adaptés, se développent les connexions sans fil haut débit en point à point ou multipoint qui utilisent de petites antennes émettant et recevant des ondes radio proches de 5 GHz dont la portée peut aller jusqu’à une centaine de mètres. « Il est par ailleurs possible d’exploiter un clocher pour émettre une transmission à n’importe quelle caméra visible à partir du point d’émission », ajoute le directeur de l’AN2V.
Vidéoprotection mobile et conditions extrêmes. Afin de diminuer ce volume de données entre la caméra et l’utilisateur, les fabricants ont considérablement amélioré l’intelligence de ces caméras. « Nous disposons d’une nouvelle technologie intelligente de compression des images H264 appelée Zipstream. Celle-ci est capable de réduire le volume du flux vidéo de 50% à 80% (ce qui augmente d’autant sa capacité de transmission, NLDR), indique l’expert d’Axis Communications. Par ailleurs, nous disposons de différent algorithmes de détection, notamment pour la reconnaissance sonore. Les agressions verbales, les sprays de peinture ou encore les alarmes de véhicules alertent directement les CSU pour une meilleure réactivité. »
Si les caméras nomades embarquent le concept de mobilité, elles restent néanmoins cantonnées à une place fixe, le temps de leur utilisation. Pour une meilleure couverture de la vidéoprotection, des systèmes sont de plus en plus embarqués dans les véhicules des forces de l’ordre ou dans les transports en commun. L’utilisation de ces dispositifs répond aux mêmes besoins que ceux des caméras nomades. Cependant, l’objectif vise à répondre plus rapidement en collaboration avec les forces de l’ordre et ensuite analyser une scène en exploitant les données enregistrées en local comme dans les caméras nomade.
Les systèmes de transmission restent sensiblement les mêmes que ceux des caméras nomade fixes, bien qu’il faille gérer la problématique du déplacement du dispositif. « Il existe des solutions de doubles cartes SIM pour éviter la perte de réseau en basculant d’un opérateur télécoms à un autre. Néanmoins, il n’est jamais garanti que l’opérateur de secours couvre la zone du précédent », tempère Philippe Debaye. Quant à l’alimentation électrique de la caméra mobile, qui était un problème majeur dans les dispositifs nomades, elle trouve une source d’énergie presque inépuisable en »squattant » la batterie et l’alternateur du véhicule qui l’embarque.
En revanche, les caméras mobiles endurent les conditions extrêmes du monde des transports : vibrations, poussières, températures pouvant s’élever à plus de 80°C sous pare-brise. « Pour cela, il est essentiel de durcir le système en sélectionnant les composants les plus résistants », enchaîne le Key Account Manager d’Axis Communications. De plus, les capteurs de la caméra doivent aussi répondre de manière dynamique aux variations instantanées de lumière, notamment en sortie de tunnel…
Si les caméras nomades et les caméras embarquées dans les véhicules fonctionnent de manière permanente, les caméras corporelles portées par les forces de l’ordre ressemblent sensiblement aux GoPro, ces caméras personnelles largement répandues auprès des adeptes de sports extrêmes. « Ces dispositifs sont utilisés pour apporter une réelle immersion pour le poste d’opération qui n’avait jusqu’à lors qu’une retransmission audio. De quoi guider les agents sur le terrain en s’appuyant sur de meilleures informations », apporte Jean-François Aubry, responsable sécurité vidéo de Cerona Communications.
Outre une transmission via le réseau 3G/4G, ces dispositifs peuvent être intégrés dans des gilets tactiques pour créer un réseau mesh mobile sans fil. A savoir un réseau dont tous les hôtes sont connectés pair à pair sans hiérarchie centrale, formant ainsi une structure en forme de filet. De quoi répondre à des problématiques de catastrophes naturelles où toutes les infrastructures existantes sont potentiellement délabrées. Le principe est de s’appuyer sur les boîtiers de transmission portés par les agents d’intervention qui se synchronisent les uns avec les autres pour créer un réseau temporaire. Encore faut-il avoir un nombre assez important de personnes pour quadriller la zone et être sur une topologie de terrain qui n’interfère pas avec les ondes émises.
Ludovic de Saint-Maixent
Caméra vidéo corporelle. Avec FrontLine, IndigoVision lance une caméra vidéo corporelle permettant de protéger le personnel en charge de mission sur la voie publique. Grâce à ce dispositif qui se fixe sur le corps du personnel, on peut visualiser et écouter la scène critique telle qu’elle a été vécue par le personnel. De quoi apporter des preuves visuelles et sonores collectées lors de l’exécution des opérations.
FrontLine offre également aux personnels en première ligne des images vidéo de leurs dernières interventions afin de juger de la pertinence de leurs actes et d’améliorer ainsi leurs prochaines opérations pour une plus grande efficacité. Autre avantage de la caméra corporelle, elle est susceptible d’inviter à calmer d’éventuels comportements agressifs. Par ailleurs, ce dispositif s’interface avec les solutions vidéo existantes. Un puissant logiciel de gestion permet une traçabilité totale de gestion et un archivage sécurisé des vidéos collectées.
Son faible encombrement, sa capacité de stockage et son autonomie lui permettent d’être en cohérence avec les durées des missions traditionnellement effectuées par les fonctionnaires de Police ou de Gendarmerie par exemple. Cependant, FrontLine pourrait intéresser des polices municipales ou des services de sécurité internes. A condition, toutefois, de respecter la réglementation en vigueur.
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