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Sûreté et sécurité

Attentat dans le métro de Saint-Pétersbourg : la piste djihadiste privilégiée

L'auteur présumé de l'attaque, qui a fait 14 morts et 50 blessés, serait un "kamikaze" originaire du Kirghizstan, selon les services secrets kirghizes.

Lundi 3 avril à 14h40 heure locale (13h40 heure de Paris) une explosion s’est produite dans une rame du métro de Saint-Pétersbourg en Russie. Le wagon se trouvait entre Sennaïa Plochtchad et Tekhnologuitcheski Institut, deux stations d’une ligne très fréquentée qui traverse le centre de la deuxième ville russe. « Il y a eu un bruit étrange et beaucoup de poussière. J’ai contacté le contrôleur du trafic pour décrire la situation. Des messages confus commençaient à me parvenir des passagers qui parlaient tous en même temps, dans tous les wagons. Lorsque la porte du premier wagon s’est ouverte, les usagers s’y tenaient encore debout, ils sont restés dedans et ils racontaient qu’une sorte d’explosion a été entendue », raconte le conducteur de la rame sur la page Twitter de France Info.

Une seconde bombe artisanale découverte et désamorcée
Peu après l’explosion, une bombe artisanale a été découverte et désamorcée à temps dans une autre station. Le Comité d’enquête russe a immédiatement annoncé avoir ouvert une enquête pour acte terroriste, tout en précisant que toutes les autres pistes seraient examinées. Les enquêteurs du Comité d’enquête, des services secrets et du ministère de l’Intérieur « ont établi que la bombe artisanale a pu être actionnée par un homme dont des restes ont été retrouvés dans le troisième wagon de la rame ».

Kamikaze d’origine kirghiz probablement naturalisé russe
Le Comité d’enquête a indiqué avoir identifié des traces d’ADN d’un certain Akbarjon Djalilov sur le sac contenant la bombe désamorcée dans une autre station du métro du centre de l’ancienne capitale impériale russe. Les conclusions de l’expertise génétique et les enregistrements des caméras de surveillance donnent des raisons de supposer que le même homme qui a commis l’attentat dans la rame de métro a laissé le sac avec l’engin explosif à la station Plochtchad Vosstaniïa. « Le kamikaze dans le métro de Saint-Pétersbourg était un ressortissant kirghiz […] né en 1995, a affirmé à l’AFP le porte-parole du GKNB, les services secrets du Kirghizistan, une ancienne république soviétique située en Asie centrale, entre le Kazakhstan et la Chine. Il est probable qu’il ait acquis la nationalité russe. » Ce que, le lendemain mardi 4 avril, le Kirghizstan confirme : « Nous soulignons qu’Akbarjon Djalilov n’a jamais eu de passeport kirghiz et qu’il a reçu en 2011 à l’âge de 16 ans un passeport russe, conformément aux demandes de son père de nationalité russe, et qu’il a résidé en permanence en Russie à partir de ce moment-là. »

En réaction au soutien militaire russe à Bachar Al-Assad
Ce mardi, la presse russe a interprété l’attentat de Saint-Pétersbourg comme un acte de représailles de l’organisation Etat islamique (EI). Le groupe jihadiste avait appelé à frapper la Russie pour son intervention militaire en soutien aux forces de Bachar Al-Assad en Syrie, lancée à la fin septembre 2015. Environ 600 combattants originaires du Kirghizstan, pays majoritairement musulman sunnite, ont rejoint les groupes djihadistes en Irak et en Syrie, principalement au sein de l’EI. Ils sont notamment originaires de la région d’Och, d’où venait Akbarjon Djalilov. De son côté, le porte-parole du Kremlin s’est montré plus prudent sur les motivations du terroriste présumé. Il a toutefois qualifié cette attaque de « défi lancé à tous les Russes, y compris au chef de l’État, y compris à notre président », Vladimir Poutine.
Le président russe a déposé dans la soirée de lundi un bouquet de fleurs rouges devant la station où s’est immobilisée la rame visée. Il avait auparavant dirigé une réunion avec des représentants du FSB (services secrets russes), des services de secours et du ministère de l’Intérieur. Le pays n’avait pas été aussi durement touché depuis l’explosion en plein vol le 31 octobre 2015 d’un avion reliant l’Egypte à la Russie avec 224 personnes à bord, un attentat revendiqué par l’EI.

Erick Haehnsen

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