La dernière édition du salon APS, qui a eu lieu du 29 septembre au 1er octobre au Parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, a été l'occasion de révéler des innovations tous azimuts. Tant dans les produits que dans les méthodes d'organisation.
Qui l’eût cru ? Le secteur de la sécurité privée entre de plain pied dans la sphère du développement durable et de l’économie solidaire. Autre surprise, et de taille, un directeur sécurité vient fertiliser les réflexions des Risks Managers. Dans le premier cas, le groupe Partenaire Sécurité (6,2 millions d’euros de chiffre d’affaires, 45 employés) – dont la filiale ISC opère des prestations d’installation et de maintenance des systèmes de sécurité – s’est allié à la jeune société Grands Cœurs qui agit tout à la fois comme un apporteur d’affaires pour une quinzaine de sociétés de prestation de services et comme un opérateur de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Grands Cœurs a mis en place un Mécanisme de financement innovant (MFI), une démarche soutenue par l’État, baptisé Donation sur facturation annuelle (DFA).
« Il s’agit de transformer en DFA la traditionnelle Remise de fin d’année (RFA), qui n’est jamais très agréable à négocier pour les deux parties », explique Thomas Bézier, fondateur de Grands Cœurs. Cette DFA sera alors versée par le client à une ONG de son choix ou à la Banque alimentaire que soutient Grands Cœurs. Au plan financier, l’opération est intéressante pour le client car elle est défiscalisée à hauteur de 60%. Pour le prestataire, en l’occurrence Partenaire Sécurité via ISC, les avantages sont multiples : « Tout d’abord, cette démarche va plus loin que la simple différenciation par rapport à nos concurrents : nous transformons l’achat d’une prestation en achat RSE. Nos collaborateurs sont non seulement techniciens d’installation et de maintenance d’équipements de sécurité mais aussi ambassadeurs d’une société qui fait la RSE. D’ailleurs, nous apposons notre logo ainsi que celui de Grands Cœurs sur leurs tenues de travail et sur nos véhicules », commente Sébastien Mauqué, directeur de la stratégie et du développement de Partenaire Sécurité.
Pilotage par les risques. Autre surprise organisationnelle, c’est celle du pilotage par les risques que souhaite diffuser l’Association pour le management des risques et assurances de l’entreprise (Amrae). « L’entreprise a l’habitude de définir ses objectifs. Mais elle doit aussi définir les risques qui pourraient l’empêcher de les réaliser. Au départ, ces risques ont été définis au plan financier par rapport à une problématique d’assurance, souligne Hélène Dubillot, directrice de la coordination scientifique à l’Amrae. Mais il en résulte une méthodologie qui s’applique tout à fait à la sécurité. »
Et cela change tout pour les directeurs sécurité. « La méthode du pilotage par les risques permet d’instaurer un dialogue construit entre les Enterprise Risk Manager (ERM) et les directions opérationnelles (marketing, ventes, production…) ou les fonctions support (compta, financer, gestion, RH…), détaille Paul-Vincent Valtat, conseiller du directeur général, responsable du département Prévention et maîtrise des risques du Port autonome de Paris et bien sûr membre de l’Amrae. En analysant la probabilité d’occurrence d’un risque, son coût, sa charge, son impact sur la réalisation des objectifs de l’entreprise, on arrive d’une part à hiérarchiser tous les risques et d’autre part à chiffrer les moyens nécessaires soit pour les prévenir, soit pour les transférer (à un assureur par exemple), soit pour les supprimer soit pour les prendre. » En clair, cette méthodologie permet à une direction de la sécurité de faire passer des messages pertinents sur l’évaluation des budgets en matière de sécurité auprès de la direction générale. De quoi intéresser pas mal de monde…
Du thermique chez Hikvision. Du côté des innovations dans les produits, outre la sélection que notre comité d’experts avait publiée avant le salon, il y a eu également un bon lot de surprises. A commencer par le chinois Hikvision, numéro un mondial des équipements de vidéosurveillance : « Nous lançons la caméra DS-2TD4035D, notre première caméra dôme PTZ thermique pour la détection périmétrique, en particulier la nuit, alliée à un capteur vidéo 4k bénéficiant d’une optique 30 x. Nous allons avoir toute une gamme PTZ en thermique. Nous montrons également la caméra Fisheye DS-2CD63C2F à 12 millions de pixels ! », annonce Cédric Gonzalez, responsable avant-vente chez Hikvision France qui rappelle que la version d’entrée de gamme de son logiciel maison, IVMS 4200, capable de gérer jusqu’à 256 enregistreurs et 1.000 caméras, est gratuite.
Axis et ses partenaires. Pour sa part, le fournisseur de caméras Axis Communications présentait ses dernières nouveautés. Citons notamment, le mini-dôme panoramique extérieur Axis M3037-PVE équipé d’un micro et haut-parleur intégrés et la caméra réseau Axis Q3709-PVE. Placée au sommet d’un immeuble ou d’une façade, cette dernière fournit une vue à 180 °grâce à ses trois objectifs 4k. « Avec cette caméra, le téléopérateur peut zoomer sur certains détails, rechercher un individu portant un pull rouge ou lire une plaque d’immatriculation », indique Coralie Roy, responsable marketing Europe du sud chez Axis. A l’instar du mini-dôme, ce modèle peut intégrer des fonctions d’analyses vidéo ou sonores développées pour la plateforme Acap (Axis Camera Application Platform) par des partenaires de l’entreprise. Certains d’entre eux étaient d’ailleurs présents sur le stand d’Axis Communications. Parmi lesquels, l’espagnol Herta Security dont le logiciel de reconnaissance faciale Biosurveillance équipe le casino de Madrid pour identifier les joueurs interdits de jeu. Quant au néerlandais Sound Intelligence, il s’est distingué par ses techniques d’analyses sonores embarquée dans les caméras d’Axis Communications afin de détecter agressions, cris, bris de glace, coups de feu, et autres événements nécessitant des secours.
Abiova : la biométrie embarquée sur badge. « En France, le marché de la biométrie n’excède pas les 3 à 4 millions d’euros car les usages des produits biométriques sont réglementés par la Cnil, estime Pascal Lentes, PDG d’Abiova, un spécialiste de la biométrie. Il faut donc sans cesse innover. » Et c’est chose faite avec deux produits. A commencer par la Biocard, un badge destiné aux 10% de hauts cadres et responsables de sécurité qui bénéficient, habituellement, de badges passe-partout. « Si un porteur de tels badges perd le sien, c’est très problématique », reprend Pascal Lentes. Un problème à reléguer aux oubliettes avec la BioCard d’Abiova. En effet, avant de la passer devant un lecteur de badge, on l’active en la mettant sous tension grâce à un bouton, puis en passant l’index sur un minuscule lecteur d’empreintes digitales. « Le badge dispose alors de 10 secondes pour être lu, précise Pascal Lentes. Il est compatible avec tous les grands standards du marché (Myfare, Desfire, 125 kHz, iClass…). » Visant aussi le marché résidentiel, Abiova lance une télécommande biométrique pour ouverture de portail ou de garage.
Les drones de Pixiel lèvent le doute. Demain, la levée de doute pourrait bien être effectuée par un drone civil. C’est du moins une des applications visées par le constructeur français Pixiel qui présentait sur son stand un drone pliable de 4 kilos embarquant une caméra full HD, un GPS pour la géolocalisation et un parachute pour éviter la casse. « 30 secondes lui suffisent pour décoller et il dispose d’une autonomie de vol allant de 15 à 35 minutes », fait valoir Gaëtan Rault, directeur commercial de l’entreprise basée près de Nantes (Loire-Atlantique).
Cette PME compte actuellement 17 salariés dont 12 ingénieurs techniciens spécialisés dans l’informatique, mécanique, capteurs, etc. Créée en 2011, elle conçoit, fabrique et produit en France des drones civils mais réalise aussi des formations et des prestations vidéo. « Nous voulons nous diversifier notamment dans le secteur de la sécurité pour réaliser des rondes à la place des opérateurs et les aider à faire de la levée de doute », indique Gaëtan Rault.
Nouveau design chez Novitact. En cas d’agression, jouer la discrétion peut s’avérer vital. D’où l’intérêt du bracelet Feeltact que présentait la jeune entreprise Novitact, créée en 2013 à Lacroix-Saint-Ouen (Picardie). « Il s’agit d’un accessoire que l’on connecte via Bluetooth à un smartphone de manière à émettre par GSM, internet ou Wifi des messages d’urgence par un simple appui sur un bouton », nous indique-t-on sur le stand. Plus ergonome que les précédentes versions, la dernière génération du Feeltact comporte 4 boutons de manière à différencier les messages.
Le bracelet peut aussi recevoir des messages tactiles sous forme de cercles vibratoires ou des pulsations fortes autour du poignet. Bénéficiant d’une autonomie d’environ 48 heures, il devrait être vendu 250 euros HT (prix indicatif). En attente d’être industrialisé, le bracelet est expérimenté entre autres chez des convoyeurs de fonds, des entreprises d’entretien et de sécurité mais aussi chez Bouygues pour une application de gestion des pauses. Pratique quand le chef de chantier doit adresser à plusieurs personnes simultanément la fin de la pause casse-croûte.
Gestion des temps et contrôle d’accès chez Primion. Associer sécurité et gestion des temps n’est évidemment pas nouveau. En témoigne de son côté l’allemand Primion avec son nouveau terminal 7 pouces et multifonction. Développé sous Android, il peut être utilisé en gestion de temps et en contrôle d’accès. Pour répondre aux besoins des entreprises, il peut intégrer tous types de lecture de badge proximité ainsi que de la biométrie. « Notre terminal peut aussi servir de support de communication en affichant des messages internes à l’entreprise », déclare Fabrice Vallée, ingénieur commercial chez Primion France, filiale du groupe allemand éponyme. Basée Outre-Rhin où sont fabriqués les composants électroniques de ses produits, la maison mère recense quelques 400 salariés en Europe.
« Nous comptons 6.000 clients dans le monde et plus d’une centaine de milliers d’utilisateurs dont 20.000 au siège du Crédit Mutuel », poursuit l’ingénieur commercial de la filiale française installée à Boulogne-Billancourt. Le groupe prépare d’ailleurs pour 2016 une nouvelle version de son logiciel de gestion des accès qui sera plus convivial car développé sous Windows 7. Ces nouveautés viennent s’ajouter au nouveau logiciel de gestion des visiteurs « Prime Visit » lancé cette année. Cette solution garantit une réception professionnelle des visiteurs et peut être indépendante du logiciel de contrôle d’accès ainsi qu’un nouveau contrôleur modulaire IP natif « IDT2X » à montage sur Rail DIN pour une gestion jusqu’à 8 lecteurs de badges.
Eliane Kan et Erick Haehnsen
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