Suite aux attaques terroristes du vendredi 13 novembre à Paris qui ont causé la mort de 129 personnes et endeuillé la France entière, le président de la République, François Hollande, a annoncé la mise en place de l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire. Couvre-feu recommandé, salles de spectacles, débits de boissons, parcs et autres lieux publics fermés, perquisitions et frontières fermées sont autant de mesures exceptionnelles qui ont été instaurées de manière provisoire. La tension et la peur sont presque palpables pour qui s’est aventuré dans les rues parisiennes mais aussi le sentiment de deuil et de recueillement qui motive les riverains à sortir, braver les interdits et se regrouper en hommage aux victimes.
Dans ce contexte, l’Organisation internationale de normalisation (ISO), premier producteur de normes internationales, vient de publier ses recommandations, afin d’améliorer les alertes en cas de situation d’urgence. Autrement dit, comment réagir en cas de danger imminent. Qu’il s’agisse d’une attaque terroriste ou autre, il convient d’être à même de prendre des mesures de sécurité adaptées sur la base d’une compréhension appropriée à la nature de l’urgence. En effet, selon la nature du danger, les autorités peuvent être amenées à annoncer des ordres très différents tels que le déplacement d’une population ou au contraire l’instance de rester enfermé chez soi.
A cet égard, deux normes ISO publiées cette année s’adressent aux organismes en charge de la mise en garde des populations au niveau local, national ou international afin de les aider à mettre en place une réponse structurée face aux situations d’urgence et d’informer correctement la population. La première norme, »Sécurité sociétale – Gestion des urgences – mises en garde de la population » (ISO 22322:2015) donne les clés afin de prévenir au mieux les populations, tout au long d’un incident. Dans un contexte de crise, informer les populations s’avère une démarche extrêmement délicate et épineuse, qui, si elle est effectuée maladroitement ou trop tardivement peut donner lieu à des mouvements de panique rendant la foule incontrôlable. Elle nécessite de faire preuve de sang froid et de méthode.
« il y a souvent un temps limité pour communiquer et un message spécifique impliquant une mesure concrète doit être diffusé auprès d’un groupe important. Des procédures simples permettant de faire passer un message efficacement et d’entraîner la réponse souhaitée, peuvent sauver des vies, protéger la santé, et prévenir des perturbations majeures », précise Haruo Hayashi, chef de projet pour la norme ISO 22322. Par exemple, en faisant appel à l’ouïe, à la vue ou au toucher, qui sont des symboles instinctifs ne nécessitant pas forcément de savoir lire, afin de rendre compte rapidement de l’urgence d’une situation, à qui que ce soit.
D’autre part, la diffusion d’une alerte est un processus qui doit tenir compte des conditions et des exigences des populations exposées aux risques, notamment si certaines se trouvent dans une situation de vulnérabilité. Pour cela plusieurs supports de diffusion existent, à savoir la télévision, la radio, le téléphone, les journaux ou encore les haut-parleurs. La norme ISO 22322 aide par exemple à choisir quel support est le plus approprié à la situation.
Quant à la norme »Sécurité sociétale – Gestion des urgences – Lignes directrices relatives aux alertes à code couleur » (ISO 22324:2015), elle rend compte des règles universelles qui régissent les codes couleurs et qui s’appliquent de manière à ce que chaque personne puisse instinctivement les comprendre et mesurer par soi-même la gravité d’un danger. A commencer par la couleur rouge qui est associée à la notion de danger le plus élevé et s’utilise afin de sommer les personnes exposées à réagir immédiatement. Pour une situation risquée, mais moins grave, le jaune est assimilé à la notion de prudence, il s’agit de se préparer à prendre des mesures.Pour sa part, le vert signifie que le danger est moindre. Ce système de code couleur est particulièrement utilisé en cas de catastrophe naturelle, tremblement de terre, tsunami, tempête, sur les cartes météorologiques afin d’informer les populations du niveau de danger.
« ISO 22322 fournit des lignes directrices pour la mise en garde des populations, et peut être appliquée en association avec ISO 22324 et d’autres normes en cours d’élaboration sur des sujets tels que le management de la continuité d’activité, la résilience organisationnelle, le management de la sécurité et la lutte contre la fraude et les contrôles », commente Stefan Tangen, animateur du groupe de communication de l’ISO/TC 292 chargé de ces normes. Si ces méthodes ne vont pas empêcher une nouvelle attaque terroriste de se produire, elles apprendront tout de même à certains à conserver à garder la tête froide dans une situation de guerre asymétrique.
Ségolène Kahn
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