Interview d’Alexane Vidalie, ergonome de formation et dirigeante de la startup Optimergo. Créée en 2020 et basée près de Chambery, l’entreprise délivre une solution qui mesure en temps réel l’activité musculaire des travailleurs grâce à de mini capteurs sans fil collés sur la peau. Point fort, le traitement des données et l’affichage des résultats se font en temps réel sur une appli mobile. Cette solution polyvalente intéresse la prévention des risques de santé en entreprise mais aussi les cabinets de kinésithérapeutes et le secteur sportif.
Avec vos capteurs sans fil collés sur la peau, en quoi innovez-vous pour la santé au travail ?
D’abord, notre solution d’électromyographie (étude de la fonction des nerfs et des muscles, NDLR) se veut polyvalente, facile d’utilisation et ludique. Elle intéresse aussi bien le monde de l’entreprise que le milieu médical ou sportif. Il suffit de coller sur la peau nos capteurs sans fil pour mesurer en temps réel l’activité musculaire. Les résultats s’affichent aussitôt sur notre appli mobile. Ce qui permet au préventeur ou au professionnel de santé d’identifier les contraintes musculaires et de donner des pistes d’amélioration. L’outil est très facile à maîtriser. Une journée de formation suffit pour se familiariser avec l’appli qui est intuitive. Nous avons d’ailleurs prévu d’intégrer dans les versions suivantes de l’IA afin de prédire les risques et de délivrer des préconisations.
Comment avez-vous développé cette solution ?
Je me suis entourée d’experts spécialisés en développement informatique pour l’application mobile et d’autres en mécanique et électronique pour les mini-capteurs qui sont produits à Annecy, en Haute-Savoie. E.M.I.L, du nom de ma solution a remporté différents concours dont en 2021, le Prix des Neiges en Savoie dans la catégorie Recherche et Innovation. J’ai financé les développements en levant 200 000 euros auprès de bpifrance et d’organismes de financements. Aujourd’hui nous sommes quatre dans l’entreprise avec un ergonome, un développeur, une chargée de communication et un ingénieur en biomécanique.
A quel stade en êtes-vous ?
Nous sommes en phase de lancement commercial. Notre solution est disponible en vente directe, en mode locatif sur abonnement ou en leasing. Nous visons notamment les cabinets d’ergonomie et les services de santé au travail ainsi que les entreprises qui disposent en interne d’un service HSE (Hygiène, sécurité, environnement, NDLR). Nous proposons aussi d’intervenir pour délivrer notre expertise.
Avez-vous des exemples d’application en entreprise ?
Oui. Notre solution est utilisée notamment pour prévenir les troubles musculosquelettiques (TMS) dans les bureaux en adaptant les postes de travail. Elle intéresse aussi le transport routier. A titre d’exemple, une compagnie de bus nous a sollicités pour prévenir les risques de TMS chez ses conducteurs. Nous avons placé des capteurs sur les membres supérieurs des chauffeurs afin de déterminer quels étaient les parcours et les véhicules les plus pathogènes en matière de TMS. L’enjeu étant d’organiser de nouvelles rotations et de mettre en place de nouveaux plannings. L’étude a montré que les trajets n’avaient pas d’influence pathogène contrairement à certains véhicules dont l’ergonomie est à optimiser.
Propos recueillis par Eliane Kan
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