Au lendemain de l’attentat terroriste de Saint-Quentin-Fallavier, vous avez suggéré dans une lettre ouverte au premier ministre que les sites Seveso ou, a minima, ceux classés »seuil haut » soient classés en zone d’accès restreint soumis à habilitation préfectorale. Quel est l’intérêt d’un tel dispositif ?
Aujourd’hui tous les experts s’accordent à dire que la mise en alerte maximum de Vigipirate n’est pas appropriée au nouveau mode opératoire des terroristes. En effet, on ne peut indéfiniment confier à des militaires la surveillance de ces établissements. En revanche, on peut s’inspirer du dispositif qui est déployé pour assurer la sûreté des sites sensibles spécialisés dans la logistique portuaire et aéroportuaire et sécuriser ainsi la chaîne logistique internationale.
De quoi s’agit-il ?
Ce dispositif concerne les entreprises certifiées Opérateurs économiques agréés (OEA), Agents habilités aériens (AHA) et « Chargeurs connus ». L’accès à leurs sites est soumis à un système de badge de contrôle d’accès soumis à autorisation préfectorale. L’ensemble des entreprises intervenant sur ces sites, y compris les entreprises de livraison, sont soumises à cette procédure. Ce dispositif est extrêmement sécurisant dans la mesure où la législation française ne permet pas aux entreprises privées d’exercer seules des contrôles réellement efficaces lors de leurs recrutements.
Pour les entreprises soumises à de telles mesures, quelles sont les contraintes et quel en est le coût ?
Le coût est partagé entre les services préfectoraux et les entreprises qui sont en charge de faire un suivi administratif des badges. Ce n’est pas insurmontable car tous les acteurs de la logistique portuaire et aéroportuaire ont parfaitement intégré ces contraintes. Surtout, ce système peut contribuer à renforcer durablement la sécurité des installations Seveso. Dans le cas de Monsieur Salhi, sa demande d’habilitation préfectorale aurait pu constituer un signal d’alerte pour nos services de renseignements.
Propos recueillis par Eliane Kan
Commentez