Contrôleurs de train face à un passager menaçant, transporteurs de fonds, forces spéciales, urgentistes, personnel en hôpital psychiatrique, secouristes, agents de sécurité dans l’événementiel, ou encore grutiers… Nombreux sont aujourd’hui les salariés qui doivent faire face à des menaces au quotidien et gérer des situations de crise avec sang-froid. Dans ces moments, il s’agit d’alerter les autorités sans éveiller les soupçons de l’agresseur. Ce qui risquerait d’envenimer encore plus la situation. C’est pourquoi deux étudiants de l’Université de Technologie de Compiègne, dans l’Oise, Thibaud Severini et Vanessa Caignault, ont mis au point un bracelet électronique sensoriel, le Feeltact, qui offre la possibilité d’alerter et de communiquer silencieusement la situation de détresse à l’aide de touches à appuyer et de vibrations en retour.
Après deux années de développement, le duo cofonde une start-up qu’ils baptisent Novitact et décroche non seulement un brevet pour leur technologie Feeltact mais aussi des homologations garantissant le respect des normes CE et CEM. Avec pour défi de faire du sens du toucher – trop souvent négligé – une alternative à l’ouïe et à la vue pour transmettre de l’information. Il s’agit d’émettre des messages simples par pression de boutons et, en échange, de recevoir des réponses sous forme de vibrations autour du poignet, dont le contenu du message dépend de son intensité, sa durée, et son rythme. Ce principe est fondé sur un panel de codes qui dépendent de chaque métier, selon les situations différentes qui risquent d’être générées. Discret, le bracelet peut se dissimuler sous une chemise ou une veste. De plus, il est compatible avec tous les smartphones via la technologie Bluetooth Low Energy.
Cette idée novatrice ne laisse pas les investisseurs indifférents. Pour preuve, cette levée de fond d’un montant de 550.000 euros réalisée auprès de la plateforme de financement participatif des start-up et PME Anaxago mais aussi du capital-risqueur Fa Dièse qui rassemble une quarantaine de Business Angels et pèse aujourd’hui 25 millions d’euros. « Le marché des objets connectés est en forte croissance dans beaucoup de domaines et la technologie innovante du bracelet sensoriel proposée par Novitact va dans le sens de la protection des individus dans le monde du travail, où la violence et les risques d’atteinte à la personne sont de plus en plus présents. Nous investissons dans Novitact car nous croyons au succès de cette jeune équipe et voulons partager leur challenge, développe le représentant de Fa Dièse au Comité stratégique de la société, Claude Pacheco. Novitact a la capacité à devenir un nouveau standard pour la gestion des situations d’urgence, à l’image du talkie walkie – inventé en 1937 par l’ingénieur Canadien Donald Hingd – à son époque » ajoute Joachim Dupont, président d’Anaxago.
Ces fonds vont permettre à la start-up de développer considérablement son essor commercial et marketing sur le marché de la sécurité. Mais aussi de créer des partenariats technologiques et d’effectuer de nouveaux recrutements. En quelques mois, les jeunes associés ont réussi à convaincre une dizaine d’entreprises, dont quelques grands comptes. «Tous voient ce bracelet sensoriel comme une solution d’alerte volontaire efficace en cas d’agression, de situation à risque ou de besoin de communication discrète », estime Vanessa Caignault.
Ségolène Kahn
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