Un cerbère électronique dans chaque bâtiment professionnel et dans chaque maison, c’est ce que préfigure la nouvelle génération de robots mobiles et autonomes conçue et développée par l’entreprise A.I.Mergence. Telle une pyramide de 35 centimètres de haut montée sur roues, ce tétraèdre, baptisé E4, embarque des algorithmes de reconnaissance d’images associées à de l’intelligence artificielle. A savoir du Machine Learning et du Deep Learning.
Distinguer les occupants des cambrioleurs
Grâce à ces algorithmes, le robot d’A.I.Mergence apprend de manière autonome à se repérer dans les lieux. Surtout, quelques secondes lui suffisent pour mémoriser des visages de sorte à reconnaître rapidement les occupants ainsi que le personnel extérieur. Point intéressant, leur présence peut être programmée. Résultat, s’ils arrivent de manière inopinée ou en cas d’intrusion d’un cambrioleur, le robot les invitera à quitter les lieux en leur notifiant qu’ils sont filmés et que les images sont enregistrées. Dans le même temps, il enverra grâce à sa carte SIM ou via wifi le flux vidéo au gestionnaire des lieux. Au vue des images reçues en temps réel, ce dernier autorisera ou non la présence du visiteur. « Dans le cas contraire, le robot gardien émettra une sirène de 95 décibels ainsi que des flashs tromboscopiques et aveuglants », décrit Théophile Gonos, le président fondateur d’A.I.Mergence qu’il a créée à Paris en 2015.
Un robot à 1.000 euros en Crowdfunding
Lauréat 2016 du concours Talents de la création d’entreprise région Île-de-France dans la catégorie Innovation, ce docteur en robotique biomimétique s’est entouré d’une équipe de 5 personnes constituée, entre autres, de docteurs et ingénieurs spécialisés en intelligence artificielle et robotique autonome. Soutenu par le pôle de compétitivité Cap Digital, il développe actuellement des prototypes pré-industriels. « En juin, sera lancée la vente de la pré-série sur un site de crowdfunding pour une livraison des robots en fin d’année », annonce le dirigeant qui prévoit de les vendre pour un millier d’euros l’unité. A partir de 2018, ses robots produits en France seront vendus en direct ou via des entreprises de sécurité et des assureurs. Pour l’heure, le chef d’entreprise s’affaire à sa première levée de fonds afin de financer ses développements.
Pas de stockage dans le Cloud
Au plan technique, ce robot dispose d’une autonomie de 8 heures et gère lui-même sa batterie. En cas de besoin, il sait se rendre à sa station de charge. Lors de ses patrouilles, il se déplace à une vitesse de 10 km/h sur des roues qui lui permettent de franchir des obstacles de 3 cm de haut tels que des pas de porte, câbles électriques, tapis épais, etc. protégé par une coque bimatériaux (plastique et métal), il embarque plusieurs caméras dont une qui lui offre une vision à 360 degrés et deux autres qui identifient les personnes de jour comme de nuit. Par l’analyse d’images, il peut reconnaître une dizaine de personnes, voire plus selon la taille de sa mémoire. Il dispose également d’une caméra pour mesurer la profondeur de l’environnement et le cartographier. « Toutes les informations sont stockées en local, rien n’est dans le Cloud », tient à préciser Théophie Gonos en signalant que le robot ne fait pas uniquement de la sécurité. Il sait aussi détecter une inondation ou avertir le gestionnaire en cas d’incendie à condition de le coupler à un détecteur de fumée. A l’avenir, le robot communiquera avec d’autres périphériques. Pour autant, nul besoin de le relier à des détecteurs d’ouverture car il déduira logiquement si une fenêtre est ouverte et fermée et s’il doit en avertir les occupants durant leur absence. En outre, passé une certaine heure, si la maison ou le bâtiment baignent dans la tranquillité, il saura automatiquement prendre ses tours de garde.
Eliane Kan
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