Pompier dans l’âme depuis l’enfance, cet ancien entrepreneur industriel s’est mis au service de la communauté depuis sa première paire de bottes enfilée en 1991. Simple soldat du feu, il aura gravi les échelons de la profession, par des formations diverses et l’apprentissage du métier sur le terrain, afin de devenir officier départemental. Promu au grade de lieutenant, il a pris en main il y a trois ans les destinées du CS dans lequel il servait, avant de se tourner vers la politique dans son sens le plus noble, celui de la vie de sa cité. Elu sans étiquette, il assure désormais ses doubles responsabilités, partageant son temps entre la gestion communale et les impératifs du service incendie.
« C’est un cumul de fonctions, reconnaît-il, mais ce n’est pas pour les salaires ou par soif de pouvoir que je l’exerce. Rappelons que le maire d’une ville comme la mienne gagne à peine 1 300 euros mensuels et que les primes d’un chef de centre atteignent les 135 euros… Le tout restant hors de proportion avec les engagements pris, les risques assumés, les tâches diverses et les exigences de ces deux métiers, à la fois différents et complémentaires. »
Un CS de campagne
Chateauponsac, petite ville de 2 250 habitants, possède un Centre dans lequel sont occupées 17 personnes, toutes bénévoles. A raison de 220 interventions annuelles en moyenne, ils interviennent pour près de 80 % des appels dans le cadre d’assistance aux personnes, notamment en milieu routier. L’environnement est effectivement accidentogène, la commune bordant l’autoroute A20 et la RN145, ce qui implique un personnel compétent et un matériel adapté.
« Nous avons la chance d’avoir un médecin commandant sur place, précise l’officier, ce qui renforce notre efficacité et nous fait gagner parfois un temps précieux dans les secours. Nos pompiers reçoivent d’autre part la formation commune à tous les membres du SDIS, qui leur permet de se servir correctement des équipements mis à notre disposition.. »
Camion feu de forêt, fourgon pompe tonne, VSAV, véhicule de désincarcération, VL de commandement, les engins sont fournis par le Service Départemental, chargé également, depuis la réforme de 1996, de la maintenance des locaux qui avaient été en leur temps cédés par la commune.
Tombé dans le monde des SP par passion et par attrait pour la discipline et l’uniforme (il a été Maréchal des Logis Chef lors de son service militaire), l’élu-officier professe une certaine idée de ses deux métiers, dans lesquels il voit des occasions de se dévouer au service des autres. Il aura mis neuf ans à accéder à son poste en suivant les cours obligatoires, les cessions dispensées par le SDIS, passant concours et examens.
Un sacerdoce
« Etre à la fois maire et patron du service incendie local est une bonne chose, souligne Gérard Rumeau, car cela permet de prendre seul des décisions qu’il faut normalement parfois prendre à deux. Avec les fonctions d’Officier de Police Judiciaire dédiées aux élus, et les responsabilités normales d’un Officier de Pompiers, je rassemble en quelque sorte les moyens et les pouvoirs. Mais la médaille a son revers, le tout demandant une grande disponibilité à tous les niveaux, avec de multiples participations à des réunions en tous genres, sur place et ailleurs, à la Mairie ou aux instances dirigeantes du 87. De plus, certains de nos pompiers sont aussi cantonniers ou employés municipaux, ce qui peut poser problèmes, en matière de commandement. »
Bien défendu, Châteauponsac est l’exemple type du maillage de secours français en milieu rural. Seules ombres au tableau, le recrutement et la succession, avec un manque de candidats dans le milieu des jeunes, dont très peu restent vivre au pays. Si le Centre a subi ces dernières années quelques améliorations, en travaux comme en matériel (passant du VSAB au VSAV, se dotant d’un séchoir à tuyau dernier cri), il dépend pour son fonctionnement des hommes qui l’occupent.
« L’inconvénient du pur bénévolat, c’est qu’il faut trouver les gens motivés, rappelle le maire. J’ai évoqué les défraiements modestes et peu attirants, qui s’ajoutent aux décalages à toute heure, nuit comprise, sans compter les dangers courus, la bonne santé indispensable, les formations régulières et soutenues. Tout ceci met les pompiers au même niveau et même pire que les curés de village, qui eux touchent au moins le smic. On peut donc parler ici de sacerdoce, et c’est un mot qui a de moins en moins cours de nos jours. »
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