A Las Vegas (Nevada, États-Unis), le plus grand salon du monde dédié à l'électronique grand public a constitué une formidable vitrine pour les entreprises du Digital Health (santé numérique). Un secteur en pleine croissance qui représentait pas moins de 25% des exposants.
Scanner corporel à ultra sons, dispositifs de mesure du stress ou de détection des troubles musculosquelettiques (TMS), applications thérapeutiques…les solutions capables de détecter les pathologies, les surveiller, voire les traiter, ont contribué à faire de la santé numérique une des grandes vedettes du dernier Consumer Electronic Show (CES) qui s’est tenu du 6 au 11 janvier à Las Vegas (Nevada, États-Unis). Cette nouvelle édition du plus grand salon de l’électronique grand public au monde a attiré quelque 180 000 visiteurs, qui ont pu arpenter les 250 000 m² de cette manifestation. Les 4 500 exposants réunis provenaient de plus de 155 pays. La France y a fait belle figure. Selon le consultant français Olivier Ezratti, qui suit depuis plusieurs années ce salon, on y a dénombré plus de 400 entreprises hexagonales – dont 380 startups, positionnées majoritairement en santé et bien-être. Ce secteur a d’ailleurs mobilisé 25% des exposants du salon, dont 524 inscrits dans la catégorie « santé numérique » (Digital Health). Parmi lesquels des grands noms du secteur comme Fitbit, Philips, Samsung, ou encore Omron qui présentait un dispositif pour mesurer la tension artérielle et en partager les données sur le Cloud avec les professionnels de santé.
Scanner corporel à ultra-son
Parmi les solutions innovantes présentées, le gilet connecté du français Chronolife est capable de détecter les crises des insuffisants cardiaques. L’américian Butterfly Network, quant à lui, démocratise l’imagerie ultrasonore avec un scanner portable »de poche » dont les images sont téléchargeables dans le Cloud, prêtes à être analysées. Livré avec 18 applications cliniques, son appareil baptisé Butterfly iQ détecte des anomalies au niveau des poumons, du cœur, de l’abdomen, des tissus ou encore des TMS. Une aubaine pour les professionnels de la santé du travail.
Une solution connectée pour mesurer le stress
De nombreuses start-ups françaises ont présenté des solutions pour mesurer le stress. A commencer par l’entreprise niçoise Codesna, avec son outil de mesure du stress chronique. Lequel se matérialise sous la forme de deux pinces connectées dans lesquelles on glisse ses poignets. Embarquant des capteurs électro-cardiogrammes, ces « bracelets » se branchent sur une tablette dédiée fournie par Codesna. Deux minutes suffisent à l’appareil pour mesurer la variabilité de la fréquence cardiaque via un protocole de mesure formalisé. Grâce à cet examen rapide, on visualise sous forme graphique les marqueurs physiologiques liés au stress et à l’équilibre du système nerveux autonome (SNA). Intégré au système nerveux, celui-ci régule certaines fonctions automatiques de l’organisme comme la circulation sanguine, la digestion, la respiration, les muscles cardiaques ou certaines glandes. « A la différence de nos concurrents, notre solution « Physioner », repose sur une méthode scientifique qui a fait l’objet de deux études cliniques menées dans les CHU de Besançon et de Nice », indique Marc Latouche, directeur général et marketing de la start-up.
Une version dédiée aux entreprises
Codesna a développé ses propres algorithmes. La première génération de sa solution, disponible depuis la fin 2016, a été vendue à une centaine d’exemplaires auprès de professionnels de santé à des fins de diagnostic et de suivi de santé. La nouvelle version présentée au CES s’adresse, cette fois-ci, aux entreprises pouvant la mettre à disposition de leurs salariés, en libre-service. Elle vient d’ailleurs d’être adoptée par Intériale Mutuelle. Les employés peuvent ainsi mesurer leur stress de manière anonyme et confidentielle sans craindre de se faire pirater leurs données, car le traitement se fait localement, dans la tablette. « De leur côté, les employeurs peuvent réaliser des études statistiques anonymisées pour mesurer le stress de leurs salariés ou d’un service », suggère le directeur général de Codesna.
Détection des TMS en temps réel
La start-up faisait d’ailleurs partie des 15 lauréates du concours La Poste French IoT 2018 présentes sur le stand du groupe français qui en a profité pour annoncer le lancement de La Poste eSanté, une application gratuite de monitoring santé. De quoi nous aider à suivre les données physiologiques telles que le poids, la fréquence cardiaque ou encore la glycémie, via une saisie manuelle ou des objets connectés.
Quantifier les TMS à partir d’une seule caméra
Egalement présente sur le site de La Poste, la start-up Moovency a attiré l’attention des industriels. Créée en 2018, cette entreprise y présentait sa solution logicielle baptisée Kimea, véritable outil de détection et de prévention des TMS en milieu industriel. Travaillant de concert avec une caméra 3D, elle est conçue pour évaluer l’ergonomie des postes de travail dans l’industrie. « Nous quantifions le risque de TMS à partir d’une seule caméra », résume François Morin, le CEO et fondateur de cette start-up de cinq personnes qu’il a cofondée à Bédée (Ille-et-Vilaine) avec Pierre Plantard, le CTO. Ce dernier, docteur en biomécanique du corps humain, est parti du constat que l’évaluation des TMS en milieu de travail est complexe à analyser, en raison de l’absence d’outils rapidement utilisables. Il a ainsi mené durant quatre ans une thèse au sein d’un des laboratoires de l’Université de Rennes-2 avec le soutien de l’équipementier automobile Faurecia, qui a testé sa solution.
Mitaines connectées
Ces travaux ont abouti à la solution Kimea, qui repose sur un logiciel et une caméra 3D effectuant 30 mesures par seconde. Les images sont traitées par des algorithmes »maison » de sorte à déterminer en temps réel les mauvaises postures du salarié susceptibles d’entraîner des TMS. Avec cette solution, le responsable Sécurité et Santé au Travail (SST) dispose de graphiques lui indiquant les éventuels points de faiblesse et les risques potentiels. Utilisé par l’abattoir SVA Jean Rosé, ce dispositif comprend également des mitaines connectées. « Ces objets affinent l’analyse du mouvement du poignet de manière à aider le logiciel à corriger encore les imperfections de la captation du mouvement », explique le CEO de l’entreprise, qui se positionne sur le marché de l’analyse des problématiques SST. Un marché estimé par le cabinent de conseil français In Extenso à 300 millions d’euros en Europe.
Eliane Kan
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