En octobre dernier, la maison d’arrêt de Colmar, située dans le Haut-Rhin se voit dans l’obligation de transférer une soixantaine de détenus vers les établissements pénitentiaires voisins. En novembre dernier, le cinéma MK2 quai de Loire à Paris cadenasse soudainement une de ses salles. En décembre, c’est au tour d’une dizaine d’écoles marseillaises d’être mises en quarantaine par la ville. La raison ? Des infestations de punaises de lit dont on n’arrive pas à venir à bout. D’ailleurs, il semblerait que l’Hexagone soit en proie à une véritable recrudescence de ce fléau. Traitements chimiques, naturels, technologiques… de nombreuses solutions existent. Cependant, sans une détection précise de ces insectes au préalable, on peut douter de l’efficacité de ces dispositifs…
Une prolifération difficile à endiguer
Des démangeaisons la nuit au niveau des bras et des jambes ? Des piqûres rouges, des traînées de sang sur le corps ou encore des traces noires dans les draps ? Pas de doute, c’est l’œuvre des punaises de lit. Ces minuscules insectes rampant à la couleur brune sont de véritables petits vampires : ils se délectent du sang de leurs victimes et fuient la lumière au profit de l’obscurité. Leur piqûre cause des démangeaisons dues à l’allergie provoquée par la salive que produit la punaise. Profitant des plis des vêtements, des objets ou des bagages, pour se déplacer, ces bêtes longues de quelques millimètres se sédentarisent dans nos lits, canapés et fauteuils. Avec une capacité de reproduction démesurée – une femelle pond en moyenne quinze œufs par jour- les punaises de lit sont particulièrement difficiles à éradiquer. Un véritable calvaire pour les occupants !
180 000 sites infestés en 2017
Le phénomène prend, d’ailleurs, une dimension nationale : d’après la Chambre syndicale des industries de désinfection, désinsectisation et dératisation (CS3D), près de 180 000 sites français ont été envahis en 2017. Et c’est sans compter le nombre de logements par site, qui devrait faire grimper ce chiffre à 400 000… « La situation devient alarmante. Il faudrait faire plus de prévention pour réduire leur présence », confie à Checknews Stéphane Bras, le porte-parole de la Chambre qui réunit les acteurs majeurs de l’hygiène antiparasitaire. « Aujourd’hui, les professionnels de la désinsectisation indiquent recevoir quatre appels par jour pour chasser ces nuisibles, contre un par semaine il y a cinq ans », indique le représentant. Et les chiffres de pleuvoir : la CS3D a vu ses interventions croître de 165% entre 2014 et 2016. Quant à la période située entre l’été 2016 et l’été 2017, elle marque une hausse de 45% des interventions.
Une grande variété de traitements
Face à cette épidémie, il existe tout un panel de traitements variant selon leur degré d’efficacité mais aussi de toxicité. Fumigènes, désinsectisants, pulvérisateurs à basse pression, régulateurs de croissance…les produits dits chimiques ne manquent pas. Si cela ne suffit pas, a priori, il reste le traitement thermique. Les entreprises de traitement soumettent les insectes à une température de 55°C et 60°C, au-delà de laquelle punaises, oeufs et larves ne sont pas censées survivre. Pour des traitements plus naturels, il existe l’alternative de la congélation d’objets pendant un mois, ou bien de la terre de diatomée, un insecticide naturel composé d’algues microscopiques. Or, ces traitements ne peuvent être réalisés à l’aveuglette ! Plis, lames de plancher, ourlet de rideau, plinthe, franges de tapis… Il faut savoir que les punaises de lit peuvent se cacher dans la moindre fissure d’une pièce ou d’un objet, pourvu qu’il soit sombre ! Il est donc très difficile de les débusquer lorsqu’elles ont établi leur quartiers.
La méthode américaine : l’odorat surpuissant
S’il est impossible de les détecter à l’oeil nu, une méthode ingénieuse venue des États-Unis, la détection canine, s’apprête à gagner nos rivages. Il s’agit de faire venir un chien inspecter et renifler chaque recoin de la zone infestée pour y détecter les foyers. Il paraîtrait que cette technique soit efficace à 95%. En effet, nos amis canins sont dotés d’un odorat particulièrement développé, bien utile dans les situations où l’homme est démuni, par exemple dans le sauvetage en montagne, la traque de trafiquants de drogue ou la détection d’explosifs. « Les cavités nasales du chien sont beaucoup plus grandes que celles de l’Homme et possèdent un nombre largement plus élevé de cellules olfactives », précise Olivier Gremaud, cofondateur de l’entreprise Cynoscan, spécialisée dans la détection canine des punaises de lit.
Grâce à cette méthode de détection ciblée, une seule inspection suffit pour un diagnostic précis. « L’éradication peut donc être réalisée sans aucun produit chimique », indique le maître chien qui a ouvert son propre centre de formation canine en France. Ce qui ne l’empêche par d’envoyer tous les ans ses collaborateurs canins à l’Association des chiens détecteurs de punaises de lit pour certifier leurs compétences.
Ségolène Kahn
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