Quelles actions FO-Com va-t-elle entreprendre pour améliorer la santé au travail des employés de la Poste ?
A l’occasion de la Journée de la santé au travail, le 28 avril, FO-Com va distribuer des pamphlets de quatre pages, afin de sensibiliser les employés de la Poste aux préoccupations et aux revendications que FO veut faire passer. Nous allons aussi distribuer à travers toute la France 60.000 bracelets portant le message La santé au travail, une priorité. Finalement, à Issy-les-Moulineaux (92), nous comptons distribuer aux employés de Coliposte des plantes vertes par solidarité. C’est un geste original et symbolique. Après, nous continuerons nos efforts. Les problèmes de santé au travail ne disparaîtront pas après le 28 avril.
En 2012, suite à une vague de suicides, la Poste annonçait un plan d’action pour combattre les risques psychosociaux. Deux ans plus tard, où en sommes nous ?
Après le rapport Kaspar qui fait suite à ces suicides, FO-Com et d’autres organisations syndicales ont signé un accord avec la Poste en janvier 2013. Celui-ci prévoit des mesures immédiates ainsi que plusieurs chantiers sur des aspect précis du problème. Le résultat- est mitigé. Et les mesures ne sont pas vraiment ressenties par les postiers. Par exemple, la Poste a imposé des visites médicales tous les deux ans – ce qui est très bien. Mais ce n’est que l’application du Code du travail. Une de ces mesures est importante mais elle aussi a connu des résultats mitigés : la Poste a créé des représentants en ressources humaines de proximité. En soi, l’idée est noble. Dans les faits, on est loin du compte.
Pour quelle raison ?
Parce que ces représentants en ressources humaines de proximité n’exercent pas par vocation mais par défaut. En fait, la prévention des risques de santé au travail n’est pas encore entrée dans la culture de l’entreprise. La colonne vertébrale de notre action pour lutter contre les risques de santé passe par la filière prévention. La Poste l’a mise en place. En revanche, cette filière reste menacée. Le danger vient à la fois des suppressions de postes et de l’organisation. En effet, les efforts restent sous la coupe de la direction des ressources humaines (DRH) qui est à la base du problème car la DRH devient à la fois juge et partie. Si la filière pointe des problèmes à tel ou tel endroit, c’est à la DRH de décider des actions à prendre. C’est ce qui est à l’origine de nos revendications pour une filière indépendante.
Quelles sont les origines des troubles psychosociaux pour la santé au travail ?
Les risques psychosociaux viennent d’une part des pratiques de management. Sur ce terrain, il y a ce qui est visible et ce qui ne l’est pas. Ce qui est visible ce sont les suicides, les arrêts de travail. Au quotidien, il y a des souffrances qu’on ne voit pas. Et la direction n’a pas les moyens de les repérer. Au niveau de notre organisation syndicale, nous en sommes souvent alertés. Il y aussi un manque de reconnaissance qui est à la base de nombreux problèmes. Je vais prendre un exemple : lorsque les gens partent a la retraite après avoir travaillé 40 ans pour la Poste, il ne se passe rien. Vraiment rien. Pourtant, il y a quelques années, il y avait au moins un pot de départ ou événement cordial pour marquer le coup. Aujourd’hui, ils partent dans l’anonymat le plus complet. C’est très déshumanisé. Autant pour les gens qui partent que pour ceux qui vont partir. Ces derniers se demandent à leur tour si la même chose va leur arriver quand leur moment sera venu. Voilà le lien et le liant qui ont été perdus à la Poste.
Propos recueillis Benjamin Alcaïde
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