Chaque jour, des millions d’opérateurs dans l’industrie, le BTP, ou encore la logistique doivent porter des charges lourdes ou effectuer des tâches pénibles. « Ces efforts se traduisent par l’apparition de troubles musculosquelettiques qui génèrent des millions d’heures de travail perdues », souligne Pierre Davezac, directeur général de L’Aigle, premier fabricant français d’exosquelettes. Basée à Lyon et dans la région parisienne, l’entreprise propose depuis septembre dernier une gamme de plusieurs modèles. Connus sous le nom d’Exhauss, ils sont personnalisables en fonction des tâches à effectuer. Des test ont démarré sur plusieurs sites de BTP où ils contribuent à augmenter la force des opérateurs pour soulever des charges allant jusqu’à 25 kilos (limite théorique imposée par la réglementation) et à les soulager dans leurs efforts intensifs. A l’instar de ce plâtrier qui doit poncer 1.000 m2 de plafonds. Grâce à son exosquelette, il lui faudra deux fois moins de temps et d’effort pour accomplir sa tâche. Les exosquelettes Exhauss sont constitués d’un harnais gonflable qui sont équipés soit d’un ou deux exobras que l’on enfile comme un vêtement, soit d’une potence sur laquelle se fixe des outils que l’on manipule alors sans effort. « Cette version baptisée »Transporter » va d’ailleurs être utilisée sur un site de désamiantage à la fin du mois », indique le directeur général de L’Aigle.
A l’origine, cette entreprise est surtout connue pour ses stabilisateurs de caméras qui soulagent depuis 10 ans les cadreurs professionnels du poids de leurs matériels. « Fort de ce savoir-faire, nous avons décidé il y a un an et demi de décliner notre offre de bras et harnais mécaniques sur d’autres secteurs », explique Pierre Davezac. Non content d’avoir pris une longueur d’avance sur ses nombreux concurrents américains, français ou israéliens, le dirigeant de cette PME va présenter ces prochains jours un nouveau modèle baptisé »Stronger ». La nouveauté réside dans la capacité des exobras à adapter automatiquement la force qu’ils doivent déployer en fonction de la charge à manutentionner. « Notre dernier né intéresse potentiellement le secteur de la logistique où le poids à transporter varie d’un colis à l’autre », fait valoir le dirigeant qui vise d’autres secteurs comme la métallurgie, l’automobile ou l’aéronautique. Voire même des métiers de précision comme la chirurgie.
Constituée d’une dizaine de salariés, L’Aigle finance sur fonds propres tous ses développements. Plusieurs brevets ont été déposés par l’entreprise. L’un concerne la motorisation des bras du Stronger, un autre porte sur la conception d’un treuil électronique et enfin le troisième concerne l’isoélasticité des exobras apportée par des tendeurs haute performance issus d’un procédé de vulcanisation. «Ce brevet permet de développer le même effort tout au long de la course tout en allégeant le poids de nos exosquelettes », précise le dirigeant qui proposera cette année des exosquelettes pesant moins de 6 kilos à des prix qui, selon les modèles oscilleront entre 3.000 euros et moins de 9.000 euros.
Eliane Kan
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