Quelle est la genèse du projet ?
Ce sont les quatre fédérations du BTP : la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), la Fédération française du bâtiment (FFB), la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) et la Fédération nationale des scop du BTP (FNSCOP BTP) qui nous ont missionnés. La réglementation au sujet de l’amiante s’est considérablement renforcée depuis 2012. Elle oblige les entreprises qui interviennent sur tous matériaux amiantés à évaluer leur processus à partir d’un taux d’empoussièrement attendu : matériaux amiantés, techniques d’intervention, moyens de protection adaptés. Mais il existe très peu d’information à ce sujet. Y compris chez les maîtres d’ouvrage. Les entreprises de travaux se trouvent alors démunis. Notre objectif est d’aider les entreprises à mettre en œuvre cette réglementation en facilitant la réalisation de leur évaluation du risque amiante par la publication de façon très large de données de référence. Pour que notre travail soit reconnu par l’administration, la Direction générale du travail (DGT) et l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) participent à la gouvernance du projet.
Comment le projet a-t-il vu le jour ?
Carto Amiante a nécessité un travail de préparation de plus de deux ans. Il a fallu rassembler tous les partenaires, concevoir un protocole de mesurage adapté au contexte et aux possibilités des laboratoires. Car sur les chantiers, les opérations impliquant des matériaux amiantés sont courtes et montrent un empoussièrement tantôt fort, tantôt minime. Nous avons dû aussi imaginer une organisation et des outils permettant de recruter les laboratoires qui mesureront ces taux et les quelques 800 chantiers sur lesquels nous allons intervenir à travers toute la France.
Comment va se dérouler la campagne de mesurage ?
Elle commence en septembre. Un coordonnateur, à savoir le Syndicat national des entreprises de démolition (Sned), a créé un outil informatique (application web et base de données associée) qui permet de faire le lien entre les différents acteurs du projet. Comme la réglementation l’impose, ce sont les quatre laboratoires retenus qui sont responsables de la stratégie de mesurage. Ils déterminent ainsi le nombre et l’endroit des points de mesure. Un superviseur sera chargé de vérifier le bon déroulé des opérations sur chantiers et de documenter le projet (photos, traçabilité, etc.). Il s’agira soit d’un conseiller ou d’un ingénieur de prévention de l’OPPBTP soit d’un ingénieur ou contrôleur de Carsat.
Sur quoi la campagne débouchera-t-elle ?
Parallèlement aux opérations habituelles, un rapport sera remis à l’entreprise et les résultats transmis dans la base de données Scola de l’INRS. De même, les laboratoires verseront leurs données enrichies par des informations nécessaires à leur traitement anonymisé dans la base propre au projet Carto. En fin de campagne (juin 2015), l’INRS aura pour mission d’effectuer un traitement statistique de ces informations et de les restituer sous une forme très pratique : une cartographie des taux d’empoussièrement d’une sélection de plusieurs dizaines de situations, parmi les plus courantes dans le secteur du BTP. Elle affichera d’un côté le matériau amianté (revêtement, canalisation, isolant, etc.), d’un autre la technique d’intervention (grattage, perçage, burinage, etc.) et au milieu la valeur d’empoussièrement. Cet outil sera mis à disposition d’un large public sur un site internet dès septembre 2015, accompagné de nombreux conseils opérationnels rédigés par l’OPPBTP.
Caroline Albenois
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